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Androids of Mu › Blood Robots

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Membre Note Date
Dioneo      lundi 30 septembre 2024 - 15:51

lp • 10 titres • 33:27 min

  • A
  • 1Atomic X3:26
  • 2Who Cares2:20
  • 3Fast Car3:12
  • 4She Is a Boy2:35
  • 5Pretty Nun5:05
  • B
  • 6Confusion2:14
  • 7Bored Housewives2:25
  • 8Lost In Space4:15
  • 9Subtitles2:40
  • 10Jeen Dreems5:11

informations

Enregistré aux Street Level Studios. Produit par The Androids, Grano (Grant Showbiz) et Kif Kif le Batteur.

Artwork : Meen/Jean Parker.

line up

Suze Da Blooze (Suzy) (voix, synthétiseur), Birsen (Bess) (basse), Cozmic (batterie, voix), Corrina (voix, guitare)

chronique

De la S.F. anarcho-punk de squatteuses, 100% DIY, façonnée à la serpe ionique (le modèle fait pour défricher les lunes d'Alpha du Centaure) et montée à la boulonneuse rouillée (trouvée dans l'épave à la dérive de la Station Internationale), ça vous tente ? Alors bienvenu.e.s, entrez – ne vous essuyez pas les pieds sur la chose étalée en bas du porche – ce n'est pas un paillasson, au vrai, c'est l'ambassadeur des SchpektioLures du Troisième Satellite... Des gens/entités assez susceptibles – et maîtrisant à fond le protocole Sonic Attack (© et ™... c'est qu'on voudrait éviter le recours en justice, en plus du conflit armé...).

Androids of Mu, donc, donnaient dans un registre assez spécial, assez unique. Punk, post-punk, anarcho disions-nous – dans la lignée Crass mais avec, donc, ce thème robots, radiations, cette imagerie post-apo, dystopique. Avec des thèmes concrets, aussi, bien-sûr, derrière les décors en taules soudées à l'arc – l'ennui des Femmes au Foyer (ce sont elles, les Paumées dans l'Espace, plutôt que la poignée de crusty-trippy-dreadeuses autonomistes qui se démènent là derrière micros et instruments ?) ; les re-assignation de genre en dépit des injonctions et des attributs apparents (She Is a Boy), autant que la menace nucléaire au-dessus de nos têtes, dans celles des mecs qui ont le code du Bouton Rouge. Entre autres réjouissances.

C'est absolument cru, comme musique. Mis en place en deux-deux, chanté sans se soucier du tout de la note juste, même bordélique à souhait, délibérément. Avec pourtant, qui se dégage de tout ça, des paquets d'idées brillantes, réalisées comme ça dans l'instant, libérées du souci de polir, de chiader les finitions – Bored Housewives, encore, c'est une sorte de miracle pop et bizarre, avec ses chœurs en sucre candy – agrémentés au passage d'une bonne pincée de sel façon Rocky Horror... Ce n'est pas la seule. Les chansons – courtes – mêlent punk sorti tout cru du moule, donc (encore chaud), bruitages de vieilles bobines spatiales (ces synthés qui jouent au thérémine...), reggae joué de guingois, grosses bouffées acides/psychédéliques, harmonisations expé case-gueule, bribes de phrases en une espèce de français impossible à déchiffrer (Subtitles)... Quelque part entre la gravitation modifiée de Gong, le space-rock intoxiqué au monoxyde du groupe Hear and Now (dont venait d'ailleurs la chanteuse/claviériste, Suze da Blooze), les aînés Hawkwind ou les contemporain.e.s, décidément, de Crass (le disque rappelle en particulier le très étrange Acts of Love – qui sortira quatre ans plus tard sous les seuls nom de Penny Rimbaud et Eve Libertine, issus desdits Crass). D'autres références, plus ou moins ou pas si incongrues dans le contexte, peuvent venir, aussi – au hasard ou presque, l'unique album Freak-folk-free-jazz de la Canadienne Erica Pomerance sorti en 1968 sur ESP (You Used to Think), les chansons les plus frontalement et tranquillement antagonistes des Au Pairs, l'univers décalqué des Brésiliens Os Mutantes... On se retrouve partout, dans tout ça à la fois – mais c'est quelque part, résolument, en un lieu qu'elles se sont choisi, construit. On s'y trouvera bien, pour peu qu'on ait décidé de s'installer et de laisser défiler l'image – et les perturbations, les orages solaires, les turbulences (les sièges sont montés sur vérins – boulot artisanale mais solide ouvrage, là encore). On cessera peut-être de trouver ça surtout rigolo, pour peu qu'on prête un peu l'oreille aux propos.

Mu, c'est loin – c'est inaccessible, continent perdu, paraît-il. Ce disque, pourtant, propose une ligne directe, trajet mouvementé mais régulier, autant de fois qu'on voudra y revenir. C'est peut-être le nom d'un territoire qu'elles se sont trouvé, tiens, sur quelque autre planète. Où le femmes (du punk, des squats, d'une Angleterre au début du premier règne d'une certaine Thatcher...) pouvaient être autre chose que ces Robots de Sang du titre – unité de production, de reproduction, de séduction, corps et âme consommables. Le genre d'endroit, enfin, où personne ne viendrait traiter ces quatre là – ni aucune autre – moins bien ou tout pareil que sa caisse adorée, sa gratte de collec adulée, sa chère tenue fetish sortie tout droit de la boutique Sex. On peut rire et rager avec elles de tout ça, ici – si on veut, si on peut. Si on se sent offusqué, on n'a qu'à passer son chemin – ou alors commencer à se poser des (bonnes) questions. Quant à ceux qui se piqueront de se gausser d'elles, de cette musique de/En travers... La réponse est toute trouvée – toute entière – dans le nom même du label qui avait sorti ça : Fuck Off... C'est bref, c'est direct. C'est un peu juste et gnagnagna et la maturité ? C'est que ça ne mérite pas mieux – ils ne l'auront pas volé.

Bon
      
Publiée le lundi 30 septembre 2024

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