Ólöf Arnalds › Innundir Skinni

Quand l'orage commence à passer, il faut savoir poser les yeux sur l'horizon et imaginer n'importe quel fantasme sur un pays lointain qui peut facilement fasciner faute de trouver quelque chose de plus intéressant dans un mètre carré autour de nous, faute d'avoir un tantinet de curiosité et de motivation. Donc on se rabat sur ce qui parait étrange. Aujourd'hui, l'étrange sera pour moi l'Islande, enfin, la musique islandaise et plus particulièrement la musique folklorique islandaise, modernisée ici par une chanteuse qui ressemble vocalement à une dentelle de cristal pur reflétant de bien belles choses en brillant, illuminant votre intérieur tout en le rendant plus bizarre, chatoyant mais pas comme avec la drogue, plutôt comme ce que votre nez a la flemme de sentir aux alentours, et ce que vos yeux sont blasés de constater : de l'eau, de l'air, du soleil, un vent frais, un arc-en-ciel. On se dit : j'aurais quand même pu y penser plus tôt au lieu de prendre ce billet d'avion à 5000 balles pour Reykjavík ! Donc ritournelles avec des petites guitares, voix cristallines, très chaude, tout en islandais sauf à quelques exceptions près à savoir un anglais un peu yahourt, donc si ça se trouve elle chante des ignominies avec le sourire, qui sait, moi je sais pas, j'ai pas fait cette langue au lycée, j'ai fait du latin. Accointances avec certains Joanna Newsom, et toute la scène folk bizarre héritière de l'acid / freak / psychédélique d'antan, tous ces artistes comme Akron/Family ou Devendra Banhart qui sont passés chez Michael Gira, et lui-même, dans les formes les plus folk qu'il a pu produire, avec ou sans le logo Swans ; Ólöf Arnalds elle, offre simplement quelque chose de simple et bizarre, et sans doute très profond dans ces ballades dont la tonalité est souvent indéchiffrable : est-elle heureuse ? Triste ? En deuil ? En attente de quelque chose ? En contemplation ? On s'en pose des questions !