Coven › Coven

Comme vous l'indiquait Shelleyan dans sa chronique du premier album de Coven, "Witchcraft destroys minds & reaps souls", quelques semaines après sa sortie, il s'est passé un drame qui a eu un impact très important sur la carrière du groupe. En août 1969 s'est déroulé le meurtre de Sharon Tate par des membres de la secte de Charles Manson. Cette affaire a eu d'importants retentissements sur la contre-culture californienne et notamment Coven. S'en est suivie une véritable chasse aux sorcières qui a eu comme conséquence le retrait de l'album des bacs, à peine trois mois après sa sortie. Coven a fait profil bas à la suite de ces événements et a décidé de changer de style en mettant entièrement de côté l'aspect satanique de leur imagerie. Ce deuxième album marque une véritable rupture avec le rock occulte de "Witchcraft destroys minds & reaps souls". Sobrement intitulé "Coven", ce disque possède un son plus propre et surtout un style plus mainstream et plus glam. Le propos se fait donc bien moins sombre et maléfique. On oublie les messes noires et l'atmosphère démoniaque des débuts. Coven devient un groupe plus classique et c'est la raison pour laquelle il est tombé dans l'oubli et la suite de la carrière du groupe n'a pas eu l'impact et la réussite de son premier album. Il manque l'aura satanique qui ressortait de l'écoute de ce disque marquant. Pourtant, on retrouve le même groupe et surtout une Jinx absolument époustouflante. Quand j'ai écouté ce disque pour la première fois, je m'attendais à un disque de second plan, sans génie. Et même si Coven a perdu une partie de sa personnalité ici, son sens de la mélodie est toujours intact. J'avais adoré le premier album, vraiment impressionnant. Et là, je retrouve ce même talent. Et Jinx prouve vraiment ici qu'elle est une chanteuse incroyable, avec un chant plus maîtrisé et si juste et puissant. Sa performance est plus éclatante encore que sur "Witchcraft destroys minds & reaps souls". Elle chante de manière si convaincante, puissante et belle, elle illumine littéralement le disque de sa voix cristalline. Musicalement, le groupe est entré de plain-pied dans les années 70 avec un son plus moderne, parfois bluesy, "Nightingale" ou "What can I get ou of you" ont peut-être influencé Aerosmith à leurs débuts, "Shooting star" ou "Nobody's leavin' here tonight" sonnent comme du T-Rex. On reconnaît aussi l'aspect shock-rock et théâtral d'un Alice Cooper par exemple. Le groupe n'hésite pas non plus à se rapprocher du rock psychédélique et hippie via leur "I guess it's a beautiful day today", à des années-lumières du satanisme de leur précédent album. Malgré tous ces changements, l'album est super bon, les compositions sont entraînantes, l'album est homogène et tient la route jusqu'au single final, "One tin soldier" dans un registre plus chantant et totalement adapté à un plus large public, incluant des parties orchestrales. On peut aussi noter une reprise énergique et fun du fameux "Jailhouse rock" d'Elvis Presley. Certes, Coven a perdu une partie de sa personnalité avec ce changement de cap, mais ce n'est pas pour autant que la qualité a baissé. Je peux tout à fait comprendre la déception à la découverte de ce disque, mais j'aimerais le réhabiliter parce qu'au-delà du style moins sombre et occulte, il possède des qualités tout aussi importantes que dans leur registre précédent. Je ne peux que vous encourager à écouter la suite de leur carrière, surtout si vous êtes fan de rock 70's, en commençant par ce sublime "Coven".