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Slint › Tweez

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Thirdeye      vendredi 4 octobre 2024 - 04:12
Klozer      vendredi 27 septembre 2024 - 12:10
Coltranophile      jeudi 26 septembre 2024 - 09:54
Fryer      jeudi 26 septembre 2024 - 08:28
Dioneo      mercredi 25 septembre 2024 - 17:38

lp/cd • 9 titres • 29:31 min

  • Bemis
  • 1Ron1:55
  • 2Nan Ding1:48
  • 3Carol3:40
  • 4Kent5:48
  • Gerger
  • 5Charlotte4:29
  • 6Darlene3:05
  • 7Warren2:32
  • 8Pat3:35
  • 9Rhoda2:36

informations

Enregistré et mixé par « Some Fuckin Derd Niffer » (Steve Albini) au Studio Media, Evanston, Illinois, à l'automne 1987.

Artwork : Lisa Owen. Photo par Joe Oldham.

line up

Brian McMahan (guitare, voix), David Pajo (guitare), Britt Walford (batterie), Ethan Buckler (basse)

chronique

Slint avant Spiderland. C'est déjà tordu. C'est déjà râpeux – autrement. La production brut-d'Albini – comme sur un tas de disques à l'époque, vous me direz, mais il faut admettre que ça lui va bien mieux qu'à un paquet d'autres, à celui-là, l'aridité radicale de Steve le Teigneux. C'est acide, ce son – comme de mâcher des craies légèrement arrosées de vinaigre ménager, comme de boire à la cuillère la bouillie que ça ferait.... Un peu comme du Big Black, ainsi que le faisait remarquer un collègue chroniqueur – un peu comme certains des plus vrillés Butthole Surfers, aussi, par exemple, dans les mêmes années. C'est foutraque – et ce son « neige sur l'écran cathodique », artificiel, parasité mais au grain net, fait qu'on s'y concentre, qu'on saisit bien tout ce qui se joue. Slint est un jeune groupe, encore, au moment de l'enregistrement – formé l'année d'avant, composé de mecs tout juste dans la vingtaine, qui tournent en rond comme d'autres dans leur Louisville (Kentucky), qui ont trouvé le moyen d'y faire quelque chose en ne cherchant pas plus loin que leurs caves (en fait celle des parents de l'un ou de l'autre, plutôt).

Tweez est assez surprenant, au vrai, quand on ne connaît que son – bien plus réputé – successeur (Spiderland, donc). La musique y part tous azimuts – tenue, jouée en place mais la course pas encore (du tout) disciplinée. Les vitesses changent, les trajectoires se brisent net, ça freine sec des quatre fers pour aussitôt repartir encore autrement, en oubliant où on en était un instant avant, en emportant un bout croqué dudit moment, un résidu. C'est trop imprévisible pour qu'on appelle ça des maths – du math-rock, etc. – même si d'accord, techniquement, « historiquement », on peut trouver qu'il y aurait de ça. Tout est percé, imbibé, innervé d'une fantaisie bizarre – aigre, aigrelette, aiguë et lancinante, en résurgences et en trucs figés sur la peau, dans les os, les structures et les enveloppes des compos, qui font tressauter les gestes, les corps, dérailler l'exécution. Rien n'est lâché, pourtant, comme si ça leur échappait vraiment, comme s'ils en étaient capables (de l'abandon véritable, libérateur).

Voilà donc une musique en paquets de fils, de nerfs, pelotes stressées, nouées, hirsutes, compactes – rien ici qui passe les six minutes, presque tout autour des deux ou trois, plutôt. Une musique de nerds – tendue (et « tendante »), d'une violence oblique, sournoise, dérives incluses d'un humour absurde au point d'en devenir sourdement menaçant, inquiétant. Neuf pistes dont les titres sont tous des prénoms – ça fait recensement de potes et potesses ou déclinaison de gens qu'on n'aime pas, ou tout simplement qu'on connaît, choisis plus ou moins au hasard. Ça fait tactique, procédé qui évite d'avoir à dire trop clairement où on veut en venir avec ces morceaux, cette musique, ces facétie.

On se retrouve – tout de suite et tout le long – dans cette zone curieuse, entre-deux et entre-tout. La décennie qui s'achève cette année là (1989, donc) est encore bien audible, couleur et consistance dans la matière, la morphologie de la chose. Celle qui va s'ouvrir – les nineties indé, « indie », noisy, grungy, art-rock et art-punky, post-machin ou post-bidule-truc (rock, core, etc.) – pointe déjà ses drôles d'idées, ses prémisses/prémices. C'est encore (très) brut et déjà compliqué. Ce n'est pas tranquille et pas capable, pas vraiment désireux, il semble, de fuir ce qui le talonne, l'agite. Ça ne tient pas en place mais ça sillonne, ça ziguezague dans un espace exigu, délibérément contracté – la cave, on vous dit, et puis les boîtes crâniennes et les sacs de peaux de jeunes types qui ne savent pas encore quoi en faire (mais s'acharnent à le faire le plus complètement, le plus consciencieusement possible). C'est retors – et ça s'imprime très immédiatement dans la tronche, ça accroche tout de suite l'écoute. Normal : c'est bardé de pointes et déchirures, selon des angles qui font des retours afin que ça reste fiché, que ça arrache si on tire.

Tiens, il paraît que c'est Will Oldham (futur Bonnie Prince Billy), au volant de la caisse, sur la pochette. Le même qui aurait pris la photo de leur baignade, sur le fameux Spiderland. Un pote, un voisin. C'est important de le savoir, pour s'envoyer ça – ce disque en contrastes criards et vides qui boivent la lumière ? Non. Du tout. Ça rappelle tout au plus d'où vient « tout ce beau monde ». Vous tenez à vous y attarder ? Trop tard... Il s'est installé – alors il va encore falloir qu'il tourne de bout en bout son ellipse voilée, qui vous happe au passage et ne vous pose qu'à la fin.

Très bon
      
Publiée le mercredi 25 septembre 2024

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Oh, après je ne le trouve pas plus sage, il est au moins aussi retors, même, à mon sens, le Spiderland... Il prend plus son temps, il tire longuement sur les bouts qu'il attrape plutôt que les déchiqueter à petits coups secs. Mais sinon oui, "post rock", ça fait sans trop de doute partie des trucs qui ont posé ça - d'une façon, dans un registre très différent de "l'école Godspeed", moins "symphonique sur deux notes". Et encore une fois : je trouve que sur ce Tweez c'est vraiment plus difficile de rattacher le truc à ça (au "post rock"), le disque a probablement moins de "postérité" (sans que ça en diminue la dimension hein, c'est une autre question).

    Note donnée au disque :       
    Indusfreak Envoyez un message privé àIndusfreak

    Peut-être un assagissement (?) ou l'étiquette "post-rock" dont on avait affublé ce disque à l'époque... la perception attachée à une musique qui collent à des images que l'on a vues nous en rendent souvent le souvenir différent.

    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
    avatar

    Plus brut, plus "vert" aussi, encore une fois, c'est un disque de jeunesse, disons. Les deux sont sur des vitesses/des durées complétement différentes ! Des distances, aussi ?

    Note donnée au disque :       
    Indusfreak Envoyez un message privé àIndusfreak

    Pochette sobre, frontale, d'une objectivité absolue... Le disque attend sagement dans sa boite le moment propice pour être écouté. Souvenirs du film "Kids" de Larry Clark où on pouvait entendre des morceaux de leur deuxième album "Spiderland" qui est monumental, celui-ci est certainement plus brut de coffre (de Saab ?) I~F.

    Message édité le 26-09-2024 à 20:23 par Indusfreak

    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
    avatar

    Le disque l'est aussi...

    Et oui, Raven, Mort Ou Vif (The Quick and the Dead), j'avais beaucoup aimé. J'ai appris y'a peu que c'était la Sharon elle-même qui avait travaillé la prod pour que le projet soit confié à Raimi, d'ailleurs - vu qu'elle était fan et en position de négocier ce genre de deals. Bon choix, M'Dame Caillasse.

    Note donnée au disque :