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Lunar Aurora › Seelenfeuer
- 1998 • Voices Productions VP 003 • 1 CD
- 2006 • Cold Dimensions dimension 004 • 1 CD
cd • 6 titres • 48:49 min
- 1Seelenfeuer0:58
- 2Mein Shattenbruder8:51
- 3Augne Aus Nichts7:51
- 4Schwarzer Seelenspiegel8:16
- 5Kerker Aux Zeit15:23
- 6Der Geist Des Grausamen7:37
informations
Enregistré et mixé au Paradox Tonstudio par Michael Stammberger. Produit par Lunar Aurora.
Artwork : Aran.
chronique
Seelenfeuer est brutal. Et symphonique. Et folk. Précisons : tout ça, pris à l'arrachée – mais foisonnant de détails. Tout est contrefait, tarabiscoté. J'ai toujours l'impression – paradoxale ou non – que c'est un moyen qu'ils ont trouvé, le meilleur (le seul ?) pour que rien ne sonne faux, à côté, velléitaire. « L'orchestre » sonne toc, sonne laid – des timbres de synthés non-magnifiés, pas déguisés, pas faits pour rendre « réaliste ». Pas fait pour rendre « riche ». Avec ces matériaux – rugueux, le grain délibérément grossier – Lunar Aurora construit ses mélodies, ses voûtes harmoniques, creuse des niches où cacher ses feux, perce des passages pour qu'y circulent les courants et créatures, souffles et coulées (de boue, de pierres, d'eau claire et glaciale). La forêt n'est peut-être qu'une friche – mais ainsi conformée, transformée, on peut s'y perdre et s'y trouver.
Ce disque est déstabilisant. Parce que oui : les compositions, ici, ont quelque chose d'intimidant, les tournures mélodiques, la maîtrise des tons, des envolés, saisissent, surprennent. Parce que oui, aussi : on se rend vite compte que sous les enchevêtrements – de guitares qui crachent, de claviers aux sons cheaps, donc, de batterie « maximaliste » – ce sont en effet des formes simples, essentielles, même, d'abruptes géométries, qu'ils déploient. Des silhouettes austères, massives – brouillées par la brume, dressées sous les halos. Et mobiles – en mouvements, en distances qu'on voit changer mais que les nuées dissimulent, rendent menaçants, leur perception incertaine. Avant que les sens s'ajustent – et qu'on cesse à nos tours de bouger. (Pourquoi fuir ? La bête est une bête – on est ici chez elle, assez insignifiant pour n'y être pas menacés...).
Seelenfauer est folk, je le répète – et je le redis : parce qu'il invente son histoire vraie sans avoir à mentir, embellir. Folk parce qu'il raconte son fait dans l'espace où ça se passe. Ces fameux synthés moches n'y sont pas plus artifices que ne le seraient, ailleurs, disons : une guitare folk en picking, une cornemuse où une vielle, un violon accordé en micro-tons. Rien n'y est « rapporté ». C'est une musique qui ne « recrée » rien – n'en appelle pas à un quelconque âge d'or, serait-ce pour le prendre à revers. C'est une musique qui joue, certes, des débris, des restes, sur les bases d'autres, d'avant. Mais sans en faire des métaphores. Les mélodies sonnent « classiques » ? Oui – mais simplement parce qu'ici, c'est sur ces fondements là que s'est jouée toute musique ou presque, des siècles durant, et que modestement ou pas, il faut faire avec (alors autant le faire complètement). Au fond de la tempête, entre ses épisodes, surgit un air au contours de pastorale, de pastourelle ? Soit – mais celle-là ne clame aucune glorieuse légende, ne semble citer aucun fragment d'ancienne saga, repeinte en couleur neuve, moderne, mise à jour. C'est à dire, pour être clair : qu'on n'est pas chez Eluveitie (le film est trop piqueté pour ça, la pellicule saute, les frusques des acteurs sont plus frustes – parce qu'il faut qu'ils tiennent chaud et qu'on s'en fout, qu'ils soient ou non validés par l'un ou l'autre historien du costume) ; mais pas non-plus chez Negură Bunget (la lumière est moins belle, plus franche dans ses contrastes criards, moins enveloppante) ; même pas, il me semble, dans les parages des vieux Ulver (Nattens etc. … On n'y rigole pas plus mais la pose est moins solennelle – pas le temps, pas la place, la question se pose à peine de savoir si oui ou non c'est une histoire, aussi, de « pas les moyens » ou de « pas envie »).
Seelenfeuer est un à-pic – en dimensions tordues, en directions déboussolées. Le temps s'y brise, les axes y ploient, les densités s'y délitent et résistent. L'emphase – qui pourrait y pointer – s'y brise, aussi, s'abîme, ne trouve pas à s'y accrocher (du fait, en grande partie, de ce côté direct, frontal, autant que ses insaisissables mouvements, revirements, développements et arrêts nets). Les volumes s'y déploient et s'y serrent en facettes, en à-plats, anfractuosités – les textures en sont sensibles à l’œil, à l'oreille, à la paume nue. Rien n'y ment – ne s'y prétend réel. C'est ce qui m'y piège. C'est ce qui fait que je crois à ses bizarres récits.
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