Blue Öyster Cult › Some Enchanted Evening

La Mort, hilare, traverse les U.S.A. à bride abattue. Dans cette dernière, ou plutôt dans les œillères, est incrusté le symbole saturnien d'un drôle de groupe : La Secte de l'Huître Bleue, atteignant son apogée populaire après le mégatube indépassable "The Reaper", dont la morbide douceur hante le spleen de tous les adolescents américains. Some Enchanted Evening, outre son classieux titre rétro typique de l'humour à froid du groupe (assez "à la FNM avant l'heure" au passage), est comme On Your Feet or On Your Knees un patchwork de lives d'époque épars, dans différentes villes majeures des USA, compilés afin de former une sorte de nouvel album - vite fait ! Et malgré le côté "objet promo" indéniable, c'est un très bon exemple de live qui a sa petite valeur ajoutée à la discographie studio, même si moins que le précédent et le suivant, principalement pour des raisons de track-list. Même avec un choix d'entame aussi discutable que la très triviale "RU Ready to Rock" ! Le collègue Rastignac en poursuivant l'affaire "BÖC live", aurait eu de belles choses à dire sur la collection succincte mais rabelaisienne qu'on a ici, témoignage de la vivacité et de l'inspiration du groupe en cette seconde moitié des années 70, malgré des albums studio en dent de sci-fi. Hélas j'ai lu que passé '75, Rasti dit bye bye au Blou... Alors disons qu'en gros : au pire c'est cool (la reprise du MC5), au mieux ça en jette (la reprise des Animals en guise de cerise !) Et le précédent live trouve ici un peu plus qu'un simple complément : sur On your feet on on your knees que je sache, il n'y avait point d'"Astronomy", excusez du peu ! Et quand on entend la version Faucheuse, malgré le côté poussiéreux, on dit wÖw ! Le solo très gourmand de Dharma emporte, le piano est bööö, les chœurs en falsetti diaphanes mais vaillants me font penser au Crazy Horse de tonton Neil (pour reprendre une pertinente comparaison faite par un collègue). C'est ça mon BÖC des seventies : un groupe de hard rock pas vraiment comme les autres... qui est en fait pas du tout comme les autres - mais chüüüt ! Qui a des riffs a plus savoir quoi en faire, des poils et de l'intellect, du Q.I. et de la crasse sous les ongles, du sérieux dans l'exécution mais une propension non négligeable à l'humour débile. Car BÖC est ce groupe sulfureux aux inspirations cosmicos-comiques, moitié cryptique un tiers émouvant un quart blaireau, et un peu comme pour Tool plus tard (autre gros nom de groupe rock "occulte" ayant atteint les masses) s'étendre à admirer leur magnétisme n'empêche pas de reconnaître leur part bouffonne - Julian Cope en parle très bien, de cette connotation "comédie" bigger than life bien ricaine, et finalement pas si éloignée d'Alice Cooper... et donc de Frank Zappa. Mentionnons au rang des touches de grand standing, le passage en japonais bourré sur la génialement conne-municative "Godzilla" (pardon : Gojira !!) "Plaisir d'offrir". Les couleurs de cette pochette-dessin ne m'inspirent pas d'autre conclusion.