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Buck Dharma › Flat Out
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Donald "Buck Dharma" Roeser (chant, guitare, synthétiseurs, production)
Musiciens additionnels : Sandy Roeser (chant, chœurs, personnel hospitalier), Giis de Lang (guitare), Will Lee (basse), Craig MacGregor (basse), Teruo Nakamura (basse), Rick Downey (batterie), Neal Smith (batterie), Richard Crooks (batterie), Steve Jordan (batterie), Billy Alessi (synthétiseur), Spyke Grubb (chœurs), Richie Cannata (saxophone, clarinette, arrangements), Sue Evans (percussions), Jan Allen, Terry Bretone, Richard Bifulco (personnel hospitalier)
chronique
Cette modeste pochette pleine d'auto-dérision questionne, par-delà les histoires de dépannage : et si à cet instant du cliché, plutôt qu'à un bon samaritain passant par là, Buck pensait au groupe auquel il a consacré sa jeunesse, et aux collègues n'ayant pas voulu de quelques-unes de ses compositions, compilées ici ? Appel des grands espaces. Humilité. Faire un solo, tracer, sur la route encore. Mais pas d'emballage trop öystensible, ce n'est pas le style du Dharma. Sous sa dégaine de Michel Blanc du Blue Öyster Cult (ce qu'il est aussi - donc le plus talentueux de la bande), se cache en vrai l'un des guitaristes les plus passionnés qui soient, l'opposé de tous ces "vainqueurs" qui sont surtout de vains astiqueurs, et qu'on nomme abusivement guitar heroes : avec Buck tout est dans l'émotion pure, dans l'aura, n'ayons pas peur des mots. Dans la fiabilité de ses intuitions mélodiques... il a plutôt bien choisi son pseudo le loustic ! Pour moi, Buck Dharma est de la trempe d'un Hendrix, rien de moins. L'Inspiration et la magie émanent de ce petit mec, même dans les moments critiques. Ici donc songeur sous le ciel le voici, émancipé le temps d'une récréation dans le sillage du retour en grâce Fire of Unknow Origin, dont la lueur turquoise irradie une partie de cet album. Mais l'attachant Flat Out n'est pas qu'un bonus pour le fan de BÖC.
Car Donald Roeser incarne le côté fleur bleue de l'huître, sa part tendre et rêveuse, et que celle-ci sera toujours plus intemporelle et universelle que les histoires crypto-occultes de guerre et d'aliens. Si les loubarderies militarophiles et ufologiques des autres ont leur importance, les bluettes du Öyster Cult font beaucoup pour cet aspect profondément double, voire hermaphrodite dans leur hard rock ambivalent, et cette indispensable saveur vient quand même d'abord de Buck Dharma. Mister (Don't Fear) The Reaper, c'est le petit gars hypersensible, l'éternel romantique ami des femmes, contrebalançant la charge burnée et bikeuse du beau barbu à bouclettes Bloom, qui lui se contente de les prendre. Mais des deux, ce bougre de puceau mystique de Buck est bien celui qui tire les plus belles chansons out of the Blue. Un lover / loveur de mélodies qui lient Limbes et Paradis. Le gars n'est pas là pour se la raconter... et pourtant, vu la classe de son unique album solo, il pourrait. Un petit kit de nostalgie et de créativité tranquille, dans un ton à la fois ringard même pour l'époque... et totalement de son époque. Car s'il y a du synthétiseur "new wave" et de la batterie de cyborg, Buck a aussi gardé des p'tits bouts musicaux de son enfance dans le retro-viseur (le jazz pop fifties de "Wind Weather and Storm" ou le final repris aux Fleetwoods et chanté avec sa femme chérie), parce qu'il se fait plaisir aussi, et que dans le BÖC il y a toujours eu cette touche candide grâce à lui.
La petite histoire de Buckie Seul-tout commence donc de façon légère et simple sur "Born to Rock", dans l'esprit du retour aux sources au rock'n'roll primitif, à sa fraîcheur bubblegum, avec une saveur entre Cars et Thin Lizzy. C'est sur la suivante que Dharma envoûte, avec son feeling rien qu'à lui : la sublime "That Summer Night", sucrée et hantée, qui n'est pourtant qu'une simple chanson de rock nourrie aux échos. C'est là encore que je vais radoter, et rappeler la parenté entre le Blue Öyster Cult romantique et notre regretté Christophe : cette sensation de rocks surannés mais profondément émouvants, comme venus d'une autre dimension, au-delà du passé présent futur, car parmi les esprits... Cette ringardise céleste d'orfèvre, peu d'artistes à ma connaissance l'ont exprimée, et Donald Roeser est un génie en la matière. C'est Buck qui fait toute la différence, le chant soyeux dans cette réverb onirique, la teinte unique de sa guitare, sorte d'esprit, quand tant de guitares sonnent juste comme des instruments ; avec Dharma : la guitare est possédée. On se sent en sa présence et on voudrait la toucher, et converser avec elle, autour d'un guéridon ou d'une planche Ouija.
Buck sait faire dans l'onirisme, tranquille. La faussement anodine "Cold Water" a par exemple quelque chose d'à la fois floydien (gilmourien pour être exact) et proto-lynchien (il y a du Twin Peaks avant l'heure là-dedans - comme le rappelle à juste titre le livret de la réédition CD Rock Candy). Tandis que le hard rock opératique de l'étonnante "Your Loving Heart", la pièce de résistance de l'album, évoque un Peter Gabriel d'époque nourri à la dramaturgie d'un Alice Cooper ou de Starmania. Mais avec une bizarrerie toute roeserienne, des samples, des effets louches qui éloignent nettement la chose du tout-venant AOR. Comme une excroissance plus personnelle de son immense tube à cowbell, encore une histoire de mort et d'amour, où le côté à la fois morbide et lumineux de Dharma s'exprime à plein, avec en son cœur tragique l'histoire d'un palpitant passant d'un amoureux à un autre, par un hasard du destin... À coup sûr le gros morceau du disque, mais il ne faut pas négliger les titres d'apparence plus modeste, comme ce superbe instrumental "Anwar's Theme", concentré de classe guitaristique eighties avec quelque chose de l'ingénuité d'un Marty McFly chez John Carpenter.
Encore une fois on peut entendre ici toute la gentille sauce rock FM qu'on veut, voire même la variété, puisque la touche Dharma fait tout le charme de la chose, quelque part entre tongue-in-cheek et sentimentalisme, et ce qui n'est sur papier qu'une anodine collection de morceaux recalés au casting vaut largement les meilleurs albums entre Secret Treaties et Fire of Unknown Origin. Alors ne passez pas à côté du petit père Buck et de son charmant one shot, qui est aussi à prendre comme une déclaration d'amour à l'immortelle facette sucre candi du rock, imprégnée d'ondes fantômes. Comme si ces petites chansons émanaient de la radio d'une Plymouth Fury hantée nommée Christine, dont la Starfire bleu pâle ornant cette pochette est peut-être une cousine.
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- Raven › Envoyez un message privé àRaven
Oui hein ? Elle est trop bien, j'ai oublié de mentionner dans la chro, cette typo soupauchoupesque, et ces teintes bronze qui le font vraiment sur bleu ciel. Jamais croisé en vinyle, à mon grand dam (mais la rééd' Rock Candy est très bien ; il y en a une antérieure qui contient un titre bonus de 1989, sinon... Et sinon : https://youtu.be/M12rDgHrM1o?si=w4X0iFoTmS4T0PLg ;).
- Note donnée au disque :
- torquemada › Envoyez un message privé àtorquemada
J’avais jamais entendu parler de ce disque… quelle pochette !