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Macintosh Plus › Floral Shoppe

téléchargement internet • 11 titres • 47:42 min

  • 1ブート3:24
  • 2リサフランク420 / 現代のコンピュー7:20
  • 3花の専門店3:55
  • 4ライブラリ2:43
  • 5地理4:46
  • 6ECCOと悪寒ダイビング6:42
  • 7数学6:54
  • 8待機1:10
  • 92:16
  • 10[untitled bonus track]/月6:14
  • 11[untitled bonus track]2:18

informations

Les deux derniers morceaux sont des bonus de l'édition 2012.

line up

Vektroid (production)

chronique

  • vaporwave

La vaporwave, c’est comme son nom l’indique, une vague. Une vague de productions qui déferlent sur Internet dans le sillon des eccojams de Daniel Lopatin et des soundscapes de James Ferraro au début des années deux-mille dix, sur les sites Bandcamp et Soundcloud en particulier. Une production spontanée, désordonnée, qui s’assemble petit à petit en communauté, petit à petit se diversifie et se classe en une multiplicité de sous-genres. Pas d’attache dans le "réel". Premier genre de musique post-internet sans doute. Trop facilement pris de haut et mis de côté comme un simple phénomène viral de meme musical, identifié par une série de codes et de stéréotypes popularisés par le fameux Floral Shoppe de Macintosh Plus (aka Ramona Xavier Langley aka Vektroid aka des tonnes d’autres avatars). Car dans la vaporwave, il est beaucoup question d’esthétique, y compris dans les titrages (phénomène peut-être hérité de la fantomatique witch-house, qu’on peut rattacher aux musiques proto-post-internet, si vous voyez ce que je veux dire). Usage de majuscules, d’espace entre les lettres, des syllabaires japonais. Artwork avec statuaire antique, écran de veille circa Windows 95, 3D façon Playstation première du nom. Un imaginaire recréé de toute pièce à postériori, une mélancolie d’un monde qu’on n’a pas connu et pour toujours inaccessible (l’hiraeth, qui donnera son nom à un autre album marqueur du genre et dans la foulée au label de Cat System Corp.). D’autant plus inaccessible que la vaporwave se replonge dans un âge d’or où le rêve vendu par l’ultra-capitalisme est lui-même un mirage, mais un mirage qui a concrètement produit beaucoup. Des architectures (les Twin Towers, qu’on aperçoit sur l’artwork, emblématiques du monde perdu), des modes de vie (le mall comme point névralgique de la ville), des fantasmes (la spiritualité new-age). Et de la musique.

Tout comme les eccojams, dont il reprend grossièrement la pratique (le chopped & screwed de musiques populaires mais relativement déclassées culturellement), Floral Shoppe est une plongée façon "uncanney valley" dans d’alors lointaines années quatre-vingt. Ou plutôt, dans un sentiment, un sentiment complètement décalé par l’impossibilité totale de saisir ce qu’aura été l’utopie capitaliste de ce temps là. Du coup, rupture de ton provoquée par les changements de pitch, qui commencent par casser le rapport aux genres des voix. Dès le premier titre, il est bien difficile d’y reconnaitre la suavité toute soft-soul de Sade dans ce mix flinguée aux arrières goûts de trip-hop. Allant puiser aux sources de synth-funk et de smooth jazz, Vektroid produit ici une série de morceaux aux sensations diverses : « 花の専門店 » passerait facile comme un héritier instrumental de MF DOOM, l’ambient métallique et oppressante de « 地理 », le new-age reconstitué en labo de « 数学 ». Mais si Floral Shoppe est sans doute l’album emblématique de la vaporwave, c’est pour « リサフランク420 / 現代のコンピュー », LE morceau qui fait exploser le phénomène. Sur plus de sept minutes, Vektroid passe « It’s Your Move », une cover par Diana Ross d’un morceau de soft-rock de America, à la moulinette chopped & screwed (ralentissement du pitch, effets de délai, coupures et boucles). Le résultat, totalement hypnotique et particulièrement "uncanney" devient viral. De la love-song initiale, il reste surtout un énoncé bouclé deux fois "I’m giving up on trying to sell you things that you ain’t buying" et le leitmotiv "Do you understand it’s all in your head ?" répété ad nauseam alors que le morceau ralenti jusqu’au malaise. Et si Vektroid essayait de nous dire quelque chose ?

L’album n’est pas limité à ce coup de génie, deux autres eccojams marquants viennent imprimer une forte empreinte dans l’esthétique vaporwave. La piste ambient aquatique « ECCOと悪寒ダイビング » qui rappellera à tout un chacun la bande-originale composée par Joe Hisaishi (lui-même marqué par la musique new-age et l’ambient de Haruomi Hosono dans les années quatre-vingt) pour « A Scene at the Sea » de Takeshi Kitano. C’est la dernière pièce du puzzle : au delà du titrage, le Japon et son miracle économique, source dans laquelle la multitude des productions vaporwave viendront se nourrir, faisant ré-émerger par la bande une City Pop jusque-là totalement occultée par une histoire de la musique pop occidentalo-centrée. Et en titre bonus qui apparait très vite sur les versions ultérieures, le lancinant « 月 », rien de moins qu’un morceau du Gap Band délesté de toute trace de funk, transmuté en sorte de créature sonore un peu effrayante, ressassant sans cesse la même phrase, voix dé-humanisées par le pitch, au rythme pataud de percussions claquantes dans le grave.

Interrogé sur ses eccojams, Daniel Lopatin en parlera comme d'une pratique avant tout, une nouvelle forme de folk-musique. C’est très précisément ce qui va faire de la vaporwave un mouvement vivace. Une pure pratique DIY, une réappropriation de la pop culture du passé aux filtres nouveaux de la culture internet, une méditation mélancolique, non sans ironie (ce qui n’a jamais empêché les sentiments), non sans inquiétude. Floral Shoppe, la porte ouverte sur cette nouvelle vallée de l’étrange musicale.

Très bon
      
Publiée le mardi 10 septembre 2024

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nicola Envoyez un message privé ànicola

Qu’est-ce que c’est que ce nom de groupe ? Bien ringard comme il faut, avec vingt ans de retard et c’est ça qui attire l’œil.