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Bélier Mérinos › Triste, mais en tout temps joyeux
- 2024 • Falls Avalanche FAR14 • 2 LP 33 tours
- 2024 • Last Disorder LD006 • 2 LP 33 tours
lps • 5 titres • 43:56 min
- 1Arar3:45
- 2Champ de Pain5:00
- 3Faux Jour, Saint-Georges6:07
- 4« Triste, mais en tout temps joyeux »15:39
- 5Lentresee13:23
extraits vidéo
informations
Enregistré, mixé et masterisé au Studio Triphon entre novembre et décembre 2022 par Robin Mory.
Photographies et conception graphique par Pauline de Paola. Captation vidéo et réalisation par Francesca Raimondo.
line up
Geoffroy Pacot (guitare, chant, autoharpe, ambiances), Kévin Valentin (orgue, synthétiseur), Francesca Raimondo (guitare électrique)
chronique
Les oiseaux surgissent, d'un coup mais sans fracas. Une légère brise passe entre nous, sur nous, on sent sa fraîcheur, sa douceur, comme à travers. Et des arpèges, des nappes d'orgue, des timbres clairs, luisants et translucides, certains autres (ou certains mêmes) dépolis, presque lisses au toucher mais pas complètement. Trois Moutons laineux se jouait dans une chambre, une pièce – partait, peut-être, pour trouver le Vaste, de l'intérieur, vers les profondeurs. Cette fois on est dehors – et bien peu de corps dans cet espace ouvert (pluriel ou singulier... vous avez remarqué, le mot dans les deux cas s'écrit pareil, en français, le corps/les corps).
Triste Mais en Tout Temps Joyeux, c'est une autre, ce sont d'autres formes. Moins drone, au début – des boucles qui s'enroulent et se déroulent, donc, sur Arar. Des prises de son concrètes qui sentent le jardin, le verger, disais-je, les passereaux et autres voltigeurs. Ces sons qui font des toiles où se détache et se lie, se tisse la musique. Des mélodies cette fois tout de suite appréhendées – répétitions au dessins nets et variations délicates, justement mesurées mais jamais tronquées, jamais retenues au point d'inhiber le détachement du mouvement, du geste, ni sa concentration, son idoine amplitude. Les souffles des claviers qui s'enflent et qui s'immobilisent, s'apaisent ou s'animent, entre ces guides, ces tracés, ces lignes droites et courbes. Une espèce de carillon, au début du morceau-titre. Tintant mais troublé. Un chœur synthétique – grave mais en tous points léger, aérien, gazeux mais palpable. Drôle de chanson, celle-ci – parce que justement, c'est une chanson, qu'on ne s'y attendait pas. Avec cette voix autour de quoi, soudain, tout paraît se resserrer. En français, la diction blanche – pas sèche mais neutre, les mots directs mais l'expression quasiment... Neutre ? Par pudeur ? Pour laisser du chant à l'entendement. Avant, le son, la bouffée, la musique, sont repartis vers ces grandeurs, ces limites au loin qu'on croyait connaître, qu'on avait rencontré sur le disque d'avant.
J'avoue, j'admets : elle m'a fait d'abord un étrange effet, cette voix – et cette tirade, ces phrases. (Un « prêche de Vincent Van Gogh un jour lu dans un recueil », disent les notes). Pratiquement une retombée – la sensation soudaine de me retrouver dans une enceinte vide, entre des murs nus et rapprochés. Avec un type qui me causait sans que rien n'ait précédé – plein-milieu d'une conversation où je me serai vu catapulté depuis nulle-part, depuis ces nuages cosmiques où l'instant d'avant je me trouvais si bien. Maintenant, j'aime qu'elle arrive – cette bribe de parler, avec sa guitare à nouveau « normale ». J'aime que ce chant n'embellisse rien. J'aime le léger malaise de sa poésie qui sonne comme traduite – comme écrite pour ne jamais être lue, ébruitée, laissée à sa simplicité même. Et puis tout de suite après, dans le flux, l'harmonie qui se tord... Se fausse ? Et puis tout qui se relâche, encore une fois – se repose.
On repart à pieds, un chemin s'étend. Vers Lentresee – entre la Saône et le Canal. Je n'y suis jamais allé. C'est peut-être joli. C'est peut-être banal. Ça semble rase-campagne. Si ça se trouve c'est de là que viennent les voix des piafs. C'est encore une piste lente. C'est encore une sente où l'on reste, où le pas s'attarde. Des tourterelles (ou des pigeons), des grillons, une vache dans le lointain, une cloche qui sonne sept fois. On entend presque l'odeur un peu fade de l'eau douce. Rien d'immense où se fondre. Mais sous le ciel, on se tient, tout de même, loin de la voûte, même des nuages bas – si c'est un jour comme ça. C'est un monde, allez. À chaque pause on entend qu'il n'avait pas cesser de respirer, son pouls de de pulser les fluides. La cloche sonne à nouveau – encore sept coups... Un coucou. On n'avait donc pas bougé ? On aurait tout perçu dans un instant de stase ? On se remet à se mouvoir. On a fait un écart. Sept coups, encore, une troisième fois les cloches. Très bientôt, une sorte de silence. La lumière a changé. Le monde n'a pas cessé.
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Je viens d'ajouter le film qui va avec le disque, dans les extraits vidéo... (Merci à Geoffroy, qui m'a fait suivre le lien).
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