Svartidauði › The synthesis of whore and beast

Après le bombe que fut leur premier album, "Flesh cathedral", et qui les a révélé, les Islandais de Svartidaudi reviennent avec un EP assez curieux, sorti à l'origine sur une simple cassette, avant d'être réédité sur CD et vinyles dans diverses versions, omettant toute la deuxième face de la cassette ! Au programme ici, sur la cassette originale, 3 titres dans un univers noir et impénétrable ! Sur la première face, intitulée du nom de la démo, "The synthesis of whore and beast", le groupe nous propose deux morceaux (l'un représentant la 'whore", "Venus illegitima", et l'autre la 'beast', "Impotent solar phallus") dans la droite lignée de "Flesh cathedral", un black metal oppressant, fuyant, avec une guitare en mode post black metal et une rythmique en mode véritable rouleau compresseur et toujours ce chant, impressionnant, noir, cathartique, qui remplit le spectre sonore, immense, lourd, rocailleux et puissant. Les morceaux constituent de véritables tourbillons qui prennent tout sur leur passage, on est soufflé, puis aspiré par une telle déferlante noire. Les compositions sont cependant difficilement cernables avec de nombreux changements de directions et des cassures abruptes, mais gardant toujours cette impression de suffocation qui ne laisse jamais de répit à l'auditeur, autant sur les parties les plus brutales que sur d'autres plus lourdes et lentes (surtout la deuxième partie de "Impotent solar phallus"). L'atmosphère claustrophobique est irrespirable avec ces guitares caractéristiques toujours dissonantes. Les parties s'enchaînent à la vitesse de la lumière et on nage à vue, balancé dans tous les sens, et sans trop comprendre ce qu'il se passe. Ces deux morceaux sont quasi-expérimentaux par rapport à ce que le groupe nous avait proposé jusqu'à présent. On ne peut pas dire qu'il joue la facilité ici avec des structures et surtout des enchaînements particulièrement complexes. L'ensemble est vraiment très difficile à suivre. La deuxième face, intitulée "The deconstruction of whore and beast", est encore plus étonnante et va en laisser plus d'un perplexe. Il s'agit d'un long morceau de près de 13 minutes, commençant par un riff de guitare se répétant à l'infini avec une ambiance crasseuse et de plus en plus agressive, avec un chant à la Burzum, se mettant en place un peu trop lentement à mon goût. Cette intro s'arrête brutalement puis fait place à une deuxième partie dans un tout autre genre, de la noise tout en progression et particulièrement difficile d'accès pour qui n'est pas adepte de ce genre. On s'éloigne complètement du style d'origine du groupe, tout en gardant la même noirceur et cette même ambiance crasseuse et étouffante. Il subsiste un fond sonore avec un riff de guitare lointain avec au premier plan, toute une série de bidouillage électronique divers. Au final, cet EP est assez déconcertant, montrant un groupe toujours aussi aventureux et n'hésitant pas à brouiller les pistes. Svartidaudi sera toujours resté un groupe électron libre dans cette scène black metal trop conformiste. Ils montrent qu'ils gardent cette noirceur intacte, quel que soit le style joué, quitte à être difficile à suivre. ce "Synthesis of whore and beast" reste un EP compliqué avec de bonnes idées mais allant parfois un peu trop loin dans l'expérimentation !