‘Forwards’, s’il y en a bien un qui connait la valeur de ce mot, c’est Mike Peters qui se bat depuis près de vingts ans contre une leucémie chronique. Lui qui pourrait presque accrocher les clefs de chambre de certains hôpitaux tant il y passe du temps à son porte-clefs baisse-t-il les bras ? Que nenni, avec sa femme, ils ont élevé deux enfants, crée une fondation pour les malades, organisé des trekkings dans le monde entier pour lever des fonds et de l’espoir, il a écrit quelques-uns des meilleurs disques des Alarm tout en rédigeant sa bio, donnant des concerts sans discontinuer. J’insiste un peu lourdement mais j’admire sincèrement cet homme qui au travers de ces épreuves n’a fait que monter la sincérité de ses convictions. Le discours de The Alarm n’a pas changé d’un iota, la révolte demeure l’influence principale mais Mike Peters qui connait la valeur de la vie et de l’amour comme personne en truffe ses paroles. Pour lui, ce dernier demeure la solution ultime non pour changer le monde mais se changer soi-même. ‘Forwards’ dernier opus en date est un solide disque de rock alternatif, quelque part entre un New Model Army moins sombre et U2, un truc écrit à la guitare sèche, à l’ancienne, qu’on électrise en studio. De bonnes chansons interprétées avec une conviction sans faille, sans pathos, juste de la sincérité communicative. Travail électrique, rythmé, à l’exception d’une balade un peu mièvre à mon goût (‘Love and forgiveness’) mais largement équilibrée par des pièces de la trempe de ‘Love disappearing’ avec son départ acoustique un peu hispanique avant que la batterie ne se lance au turbo. Beat rapide, roulements, chant charismatique, accords sentis et même un harmonica discret. Classique, efficace, riche. Mine de rien, ils ne sont pas si nombreux à part New Model Army à réussir à marier des influences folk celtique avec du rock électrique sur fond de révolte punk jamais éteinte et un halo de noirceur. Aura-t-il un successeur ? C’est tout le mal que je souhaite à The Alarm mais s’il devait s’avérer que non, ‘Forwards’ porterait avec un certain panache le titre de chant de cygne. Les concerts, même acoustiques avec Peters seul à la guitare sont sold out la moitié du temps, c’est normal.