Forever Grey › Sympathy garden

On ne pourra pas me reprocher de ne pas m’être accroché ; entre une compilation plutôt ennuyeuse et un album sympa, j’ai opéré un troisième test pour observer de quel côté penchait définitivement la balance. Je n’ai pas entièrement perdu mon temps car si je ne devais garder qu’un opus, celui-ci ferait l’affaire. Pas trop long et avec un minimum de corps cette fois-ci (il serait temps après presque dix ans de carrière). Certes, l’art du désenchantement dépouillé est un peu laborieux chez nos Américains, n’est pas Lebanon Hanover qui veut, mais on a cette fois l’impression qu’ils se sont investis un minimum. C’est toujours très épuré dans les lignes mais plus dynamique avec un boîte claquante, de vraies esquisses de mélodies, des voix toujours aussi peu charismatiques mais mieux gérées, elles se posent là et ne traînent pas la misère du monde dans un nuage de réverbération. D’ailleurs c’est presque exclusivement Kevin Czernik qui officie, ce qui n’est pas mal car Anna Schmidt n’était franchement pas très douée ; du coup cette fois-ci, ses rares interventions fantomatiques tombent plutôt à propos. L’usage accru du synthé pour infuser de la mélodie et pas juste de l’ambiance est fort bienvenu, accordant ainsi du corps et de l’identité aux morceaux. Voilà clairement l’opus le plus abouti du groupe. Il faut bien entendu goûter ce genre de cold wave caverneuse épurée mais force est d’admettre que le duo a progressé, gère enfin sa formule qui sonne nettement plus fluide et naturelle sans trahir l’idée de départ. Pas un chef-d’oeuvre mais on tient vraiment quelque chose. Ouf, j’étais à deux doigts de lâcher l’affaire…