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Cromagnon › Cromagnon
informations
Enregistré en 1969 par Onno Scholtze, A-1 Sound Studio, New York City.
Le disque, sorti en 1969 sous le titre Cromagnon, a été ensuite réédité, selon les versions sous le même titre, celui d'Orgasm ou celui de Cave Rock.
line up
Austin Grasmere (voix, musique), Brian Elliot (voix, musique), Peter Bennett (basse), Jimmy Bennett (guitare, cornemuse), Vinnie Howley (guitare), Sal Salgado (percussions), Nelle Tresselt (membre honoraire de la tribu), Mark Payuk (voix), Gary Leslie (voix, effets sonores multiples)
chronique
Album de légende ? Oui... Au sens aussi ou tout un tas de rumeurs, d'histoires de seconde, troisième, quatre-cent-vingtième main le précèdent, ont éclos depuis qu'il a vu le jour. Il paraîtrait, par exemple, que les mecs à l'origine du projet – Austin Grasmere et Brian Elliot – seraient allé chercher dans la rue où se trouvait le studio, au moment de l'enregistrement, des gens pris au hasard, pour leur faire jouer de n'importe quels instruments. Que les types avaient voulu recréer, imaginer à partir de rien « la musique des hommes des cavernes ». Eux tiennent, ont tenu des discours dont on ne sait pas toujours trop quoi penser, comment juger le sérieux – prétendant que ce disque serait l'expérience d'une projection dans le futur, c'est à dire dans la régression, partant du principe que d'Elvis bougeant son pelvis à Hendrix foutant le feu à sa guitare ou aux Who fracassant leurs instruments sur scène, le rock seraient toujours une fuite vers plus sauvagerie, un « état de nature » et que, partant, on pourrait très bien imaginer la musique populaire à venir, « disons, vers 1979 », comme sincarant en « un groupe de personnes sur une scène, dont certaines souffleraient à travers des brins d'herbe pendant que d'autres réciteraient de la poésie et que quelqu'un d'autre encore ferait gicler de l'eau sur un micro ». Aussi, il se dit souvent que ce disque serait la matrice de nombre de musiques frappées et bruyantes – contiendrait en germes toute l'indus, le noise-rock ou la no-wave.
C'est bien beau ! Mais sinon ?!
Eh bien sinon, il faut l'admettre : Cromagnon – ou Orgasm ; ou Cave Rock ; selon les versions, éditions, rééditions en noir et blanc ou en couleur – reste un truc sacrément secoué, concept ou pas. Un gros bout d'impro free – mais rien à voir avec le free-jazz, ou si peu – où la troupe se permet à peu près tout ce qui lui passe par la tête. Celles-ci – les têtes des types – essentiellement truffées d'idées salaces, obnubilées du fion, parfois un poil (ou plus... toute une toison) malsaines, de toute façon pas très nettes sur le plan général. Une vision de « la préhistoire » totalement fantasmée – comme une grande ère aux contours temporels mal définis, où les humains passeraient principalement leur temps à s'enfiler dans tous les sens, voueraient un culte à « la libido » (mais si on me demande, leur Ritual Feast of the Libido me donne toujours surtout l'impression d'entendre un mec souffrant de grave problèmes intestinaux, s'attarde en grande souffrance à pousser sur un trône scatolithique... Allons bon, voilà que je m'y mets aussi), passant le reste du jour à gesticuler en braillant pour s'attirer les faveurs ou les foudres de telle ou telle divinité plus ou moins appréhendée comme force, entité, puissance, si j'ai bien compris. Et sinon oui, non, d'accord, j'en conviens : il n'y a pas sur cet album, seulement « Caledonia, OK, mais bon, le reste... ». Je l'ai pensé, longtemps. Maintenant, plus tellement.
Cependant, tout de même : il y a Caledonia ! Et comme accueil, il faut dire que ça cueille ! Et oui : à lire, en écoutant ça pour la première fois, que la chose date de 1969, ça peut faire un drôle d'effet, on cligne. Le concept est flou, toujours – ça cause des Pictes et autres supposés Barbares de l'Antiquité, pas très paléolithique, ça – mais ce gros beat de tambours de guerre, ce chant saturé, ces cornemuses obsédantes qui tournent en fond... Ça calme. Ou plutôt pas du tout. Ça cogne. Voilà : Caledonia. Une tranche épaisse de vrai délectable délire – pas moins série Z (ou B-moins) que le reste côté concept mais une séquence d'anthologie, vraiment, dans le genre, un tour de force tout court. Mais alors, et pour le reste ?
Alors pour le reste, c'est vrai : Cave Rock – ou Orgasm, ou Cromagnon ; selon l'heure qu'il est, ramenée sur le méridien de Lascaux – est bourré d'idées en vrac. De sampling fait à la main (à la bande et aux ciseaux) bien avant qu'on parle de sampling. De jams déglinguées. De percussions traitées qui sonnent (en effet) comme ce qui se fera plus tard dans le secteur des musiques dites industrielles, de voix déformées, pitchées, grésillées. De délires qui peuvent monter à la tête si on s'y laisse verser – Thot, Scribe I, ça crame bien les neurones, pour peu, c'est vrai que ça sonne bien noise, bien apocalyptique (comme du très vieux Current 93 qui aurait gobé les premiers travaux de Pauline Oliveros et l'intégrale de LaMonte Young – mais fagoté plutôt en ANGUS Young, affublé de l'âge mental relatif au fameux costume de collégien... Bref). Pour le reste, pour l'ensemble, ouais, c'est assez fou, cette chose. Pas si unique que ça, cependant, relativement. Enfin... Si. Mais ni plus ni moins – et ça fait beaucoup, je précise – que ce qui se passait à peu près au même moment du côté du Nihilist Spasm Band, de Red Crayola/Krayola, des débuts de Destroy All Monsters quelques années après (avant que le truc ne tourne complètement rock). C'est vrai, ça fait peu de monde. C'est vrai, tout ça fait d'Orgasm – ou de Cromagnon, ou de Cave Rock ; selon le climat qui règne dans votre équilibre hormonal – un truc assez précurseur, singulier, visionnaire peut-être. MAIS !
Mais « matrice de toutes les musiques bizarres d'après », non. Correspondances ou pas – et pas toutes fortuites mais pas toutes avérées – ce n'est pas comme ça que se passent les choses. Si quelques uns ont entendu ça, ce disque, sur le coup ou bien après, et en ont à leur tour conçu leur propre forme de déviance, eh bien... Tant mieux. Je n'en doute pas. Ça n'en fait pas un alpha/omega. De même, que très peu de monde à l'époque aient sans doute entendu parler de la chose, n'en ait eu vent, ne fait pas de ce disque une simple note de bas de page, qui ne mériterait pas la moindre once d'attention. Je le répète : ce disque, ce n'est pas rien. J'insiste : ce n'est pas tout, pas LE GRAND TOUT. C'est aussi n'importe quoi – parmi toutes sortes de choses (traits, directions, perspectives, tentatives...). Et c'est très bien comme ça.
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- Coltranophile › Envoyez un message privé àColtranophile
Tout s'explique, voilà d'où vient l'utilisation de la cornemuse dans le NSBM.
- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Transcaledonian Hunger !
- Note donnée au disque :
- dariev stands › Envoyez un message privé àdariev stands
genre : black metal, là, pour "caldonia" (aucune contestation possible, à écouter le chant)
- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Ouep, je le mentionnais hier sur le topic des écoutes (d'ailleurs là j'écoute le suivant, Shiny Crystal Planet... Christine 23 Onna - soit MASONNA, oui + Fusao Toda de Angel'N Hevay Syrup...). Bien noisy et lo-fi, la version, c'est sûr ! Mais en même temps, vu le niveau de bordel à l'oeuvre "en général" chez Cromagnon, c'est pas incohérent de s'en emparer de cette manière, je trouve... Le groupe Ghost - les (également) Japonais (et différement) psyché, pas les Suédois grimés - l'avaient également reprise sur leur album In Stormy Nights de 2007 (leur dernier studio avant de se séparer). Sans doute pas les seuls, c'est un peu leur hit, (à Cromagnon), Caledonia !
Message édité le 07-09-2024 à 11:45 par dioneo
- Note donnée au disque :
- taliesin › Envoyez un message privé àtaliesin
Pour l'anecdote, 'Caledonia' a été "repris" (hum, lol) sous le titre 'New Caledonia' par le projet de Masonna 'Christine 23 Onna', sur l'album 'Space Age Batchelor Pad Psychedelic Music'. Voilà ;-)
- Note donnée au disque :