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Tim Soulman › Black Tupi
- 2022 • Autoproduction 1 Téléchargement Web
cd 1 • 13 titres • 48:56 min
- 1Pega o lagarto
- 2São Jorge no pescoço
- 3Menino noite
- 4Baobá, Arteatividade
- 5Pode ser assim
- 6Não quero nem saber
- 7Ah Tim
- 8Não é difícil, baby
- 9E lá vamos nós
- 10Qué sientes
- 11Eu ainda te amo
- 12Folhas de outono
- 13O show não pode para
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Tim Soulman
chronique
- samba-soul › smoke week everyday
Sorti du chaudron magique home-studio/bandcamp/rym, Tim Soulman est, selon toute vraisemblance, un ado d'un bled paumé de l'état de São Paulo qui suit son inspiration sans aucune retenue et enregistre seul... Et il n'est a priori toujours pas signé sur un label.
Tim Soulman, 17 berges au moment de balancer ce 2ème album studio, est, sans effort, et avec une prod hi-fi 100% normcore (c'est aussi peu indie que du Geto Boys, point), un adepte forcené du Less Is More. Moins c'est plus. La quasi-intégralité de sa musique est d'une simplicité bluffante, tout étant dans le mojo et l'accord des ingrédients, ce fameux art de "l'arrangement" brésilien. Passé la blague de la pochette, on réalise surtout que pas un seul son ne peut être enlevé ici, tout est d'un seul tenant.
Avant de décrire ce qui est avant tout à ressentir, un conseil : écoutez Black Tupi au réveil, ou en tout cas à jeun, pas trop loin du vent et des arbres, et ne zappez rien, pas même le 1er titre, le seul urbain et braillard. Black Tupi c'est le feeling du matin. Si Tim Maia viendra inévitablement à l'esprit, on est sur un terrain beaucoup plus brut, joueur, et en un mot : punk. Comme dans les moments les plus conquérants du maître ("Bom Senso" ou "Ela Partiu") mais en permanence, l'excès de foi étant devenu une seconde nature.
Qu'est ce que la nature inspire à Tim Soulman ? Avant tout une basse kinésithérapeute, qui appuie là où il faut, des claviers qui musardent avec aisance, des saxophones (au synthé?) qui se bornent à apporter le petit picotement festif sur la langue, et parfois une guitare aigrelette... Et ce chant ! Ce chant soul version "shouter" à l'ancienne, Rugueux tout en étant d'une proximité typique d'une prod "à la maison" des années 2010... Ce chant reconnaissable entre mille, bonnard, décomplexé par la fumette, mais toujours d'une articulation de pur MC, ivre de sa propre présence, d'une joie musicale immémoriale, et dont la justesse (de ressenti) n'a d'égale que la fausseté - sur le plan "solfège" des choses. Mais toute bonne oreille - a fortiori au Brésil - sait que les règles de la justesse du solfège et de la musique tonale ont été précisément inventées, écrites, conceptualisées et enseignées pour la bonne et simple raison qu'on peut les dépasser si l'inspiration est assez puissante. Et sur Black Tupi, en tout cas sur une solide moitié de l'album, elle l'est.
La merveille absolue "Menino Noite", clopinant sur un tapis de noix de coco équestres, d'orgue hammond et de basse dignes d'une petite messe improvisée devant un oratoire imaginaire : "Tout est pareil sur terre / Comme avant que je n'existe / Des gouttes d'eau et de sel tombent sur mon front (...) Je sens le vent de Guinée Bissau / Le minot de la nuit va me protéger / Si la clarté attaque". À partir de là, on ne sent plus aucun poids (des ans, de la lassitude, du sommeil), et on entre dans la procession menée par le Pape d'Un Matin, Mgr. Soulman. Aussi haut qu'il montera, on monte avec lui. Et le ciel est la limite : "Baobá", piste suivante, sur un improbable beat dembow, hérite sans concurrence du morceau brésilien le plus classe de ce début de siècle, s'achevant dans une esquisse d'arrangement dada à la Hermeto Pascoal en deux coups de craies rouge et blanche. Vous voyez la fléchette dans le mille du premier coup, depuis l'extérieur du bar, de "Bouga - Belsunce Breakdown" ? La même. En plus dansante, et plus africaine.
Et ça continue comme ça sur plusieurs titres, entre minimalisme bossa-funk à la Joao Donato (voire Marcos Valle), et cabotinage vocal procurant frissons de spontanéités et vives œillades au Nate Dogg de Next Episode ("Pode Ser Assim"), sans oublier les petits miracles de fraîcheur d'un chanté-parlé assez hip-hop dans l'esprit, mais on sent plus la diction Funk Carioca que Rap ou dancehall. Le dernier tiers de l'album prend une tournure beaucoup plus familière disco-funk, toujours cheap mais de façon moins unique, irriguée par le riche courant brega du funk brésilien des 80's, souvent lent et légèrement caribéen (le City-Popesque "Não É Difícil, Baby" et son échappée instrumentale d'une classe folle, "Folhas de Outuno"). Attention, quelles que soient les influences ou virages pris par cet album à l'inconfort confortable, ça reste minimaliste et chanté "faux"' (faute d'un meilleur terme). Pas la peine de venir vous plaindre, il y a pour plusieurs existences de chanteurs justes et virtuoses à écouter ailleurs, et puis maintenant il y a même l'autotune, la machine à brosser l'oreille dans le sens du poil, enfin dans le sens du poil de la plupart des caniches. Pour les quelques autres qui aiment sortir tête nue sous la pluie, parce que pluie et tête sont faites pour ça, il y a Tim Soulman.
Dans le même esprit, dariev stands vous recommande...
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- Tallis › Envoyez un message privé àTallis
Un culot et une énergie assez irrésistibles, effectivement.