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The Fugs › First Album
- 1965 • Broadside Records BR 304 • 1 LP 33 tours
- 1966 • ESP 1018 • 1 LP 33 tours
- 1994 • Fantasy FCD-96-68-2 • 1 CD
- 1994 • Fugs Records FCD-96-68-2 • 1 CD
cd • 21 titres • 63:22 min
- The Fugs First Album
- 1Slum Goddess1:58
- 2Ah, Sunflower Weary of Time2:15
- 3Supergirl2:18
- 4Swinburne Stomp2:50
- 5I Couldn't Get High2:06
- 6How Sweet I Roamed from Field to Field2:11
- 7Carpe Diem5:07
- 8My Baby Done Left Me2:18
- 9Boobs a Lot2:12
- 10Nothing4:15
- Additional Studio Material
- 11We're The Fugs1:25
- 12Defeated3:25
- 13The Ten Commandments2:58
- 14CIA Man2:52
- 15In the Middle of Their First Recording Session The Fugs Sign the Worst Contrat Since Leadbelly's2:49
- 16I Saw the Best Minds of My Generation Rock (from Rehersal at the Pece Eye Bokkstore, February 1965)4:51
- 17Spontaneous Salute to Andy Warhol1:23
- Songs from the « Night of Napalm » - Live at the Bridge Theater, St. Mark's Place (1965)
- 18War Kill Babies1:41
- 19The Fugs National Anthem1:16
- 20The Fugs Spaghetti Death (No Redemption No Redemption) – A Glop of Spaghetti for Andy Warhol3:54
- From the Tuli Tapes
- 21Rhapsody of Tuli8:36
informations
Enregistré en avril et juillet 1965 à New York City.
L'album est d'abord sorti en 1965, sur le label Broadside Records, sous le titre The Village Fugs Sing Ballads Of Contemporary Protest, Point Of Views, And General Dissatisfaction. Il a été réédité l'année d'après par ESP, après que le groupe eût signé un contrat avec le label, sous le titre The Fugs First Album. Il est généralement connu depuis sous cette version courte du titre. Les titres 11 à 21 sont des bonus de la réédition CD.
line up
John Anderson (basse), Tuli Kupferberg (tambourin, maracas), Vinny Leary (guitare), Ed Sanders (tambourin, maracas), Peter Stampfel (guitare, fiddle, harmonica), Ken Weaver (batterie), Steve Weber (guitare)
chronique
The Fugs étaient – à ce moment là, du moins, à ces débuts – un groupe délibérément pas pro. Engagé, activiste, mais désireux de saboter tout Grand Sérieux, toute prétentions de métier, de compétence. Une bande de déconneurs – capable cependant de vous décocher, au bout d'une guirlande dégoulinante de blagues potaches et autres fragments rudimentaires – une pure tranche d'un nihilisme non-dilué, brutalement banal. De purs ressortissants, version crasse New-York aise, de la contre-culture US d'alors. Versant littéraire, toutefois, lettré – Beat (comme la Génération), Freak plutôt que complètement hippie, déjà (de toute façon en 1965, le mot en H n'était à priori pas encore tombé dans le domaine public...).
Tout ici devient matière à un spectacle volontairement absurde, décentré – la musique fait partie de l'ensemble mais reste encore un moyen parmi les autres, de porter le verbe, les nouvelles, les propositions d'une révolte ou d'une révolution. Ou d'aller se défoncer ou tirer un coup vite fait dans un recoin, derrière une tenture. Les chansons restent simples, formes basiques qui portent l'idée première qu'avaient eu Ed Anders et Tuli Kupferberg : celle d'une gazette clamée en roue libre mais bien informée sur les malversations politiques de leur pays, dans leur pays et à l'extérieur, véhicule de manifestes débités sur fond de folk dézingué, électrifié pour que ça sonne plus rêche, de rock boulonné à la va-vite pour porter lesfites idées – et le plaisir de balancer la purée, la merde, les ordures du temps aux yeux et aux narines du bon-bourgeois sorti en excursion, touriste hors de son quartier, égaré dans Greenwich Village. Peter Stampfel – folkloriste un peu free, musicologue excentrique (membre par alors des Holy Modal Rounders) – assemble, arrange, orne, enrobe des tourneries parfois vaguement country, tout le monde fait tourner des structures fixes mais ouvertes, façon mantra sur papier pulp, arpèges aigrelets, mélopées, déclamations sur tessons d'impros. On est plus proche, en colorimétrie, dans le trait, dans l'approche des comics de Gilbert Sheldon (The Fabulous Furry Freak Brothers) voire de Robert Crumb (un morceau s'appelle tout de même Des Tas de Nichons, d'autres chantent les louanges – variablement féministes – d'une Supergirl ou d'une Déesse du Taudis) ; ou des clochards de Steinbeck dans Torilla Flat, ou du sens douloureux et rigolard, dépenaillé de la dérision de Richard Brautigan, sur l'autre côté, en Californie ; que de la poésie d'un Dylan en passe de tourner gourou (malgré soi ou pas, la question reste posée – la réponse à votre discrétion). The Fugs, pour autant, convient quand ça leur prend William Blake (Ah, Sunflower...) ou le Howl d'Allen Ginsberg – qui est sans doute un pote, pour en faire une sorte de boogie un peu faraud. Les types citent aussi les philosophes épicuriens, aussi (Carpe Diem... évidemment), et puis se targuent de leurs propres Décalogue et Hymne National. (Ça ne fera pas rire tout le monde... Au point que la bande se verra citée – au côté des Doors – dans un dossier du FBI exhumé plus tard, où le titre leur sera décerné, de « chose la plus vulgaire que l'esprit humain puisse concevoir »... Il en faut peu, tout de même). Les mecs, par ailleurs, semblent avoir une dent contre Andy Warhol, tiens.
D'accord, écouté d'ici, The Fugs, ça peut paraître trois fois rien – une survivance, un vieux film, une vieille bande retrouvée dans un grenier, relique d'une ère abolie. Oui. Et ? Quoi de plus ? Eh bien, aussi : ça reste fun, perçu ainsi, à travers les couches d'années mortes, oubliées, passées. La joie d'envoyer des coups de lattes nonchalants dans la machine – au juger ou en visant exceptionnellement juste mais toujours en sachant que ça ne va pas suffire pour l'abattre – est toujours sensible, comme celle de simplement se retrouver entre hurluberlus, ailleurs mal vus, mal reçus. On entend encore comme ça grince, aussi, la gêne au creux des estomacs mal remplis, des articulations grippées à force de dormir en boule sur des mauvais matelas. Une troupe, oui, plus qu'un groupe, une bande, on le redis, une poignée d'énergumène. Ça leur va parfaitement, sur ce premier disque. Ça durera comme ça quelques années encore – cet amateurisme fleuri coupé au massicot. Ça reste curieusement frais, par voie de ce sincère je-m’en-foutisme, cette volonté de ne rien peaufiner, de ne pas apprendre plus qu'il est nécessaire pour jeter brut ce qu'on a eu l'heur d'avoir envie de lâcher. C'est de l'artisanat à vocation non-lucrative. D'ailleurs les mecs ne toucheront à priori jamais un sou de droits d'auteurs, arnaqués comme d'autres par ESP – ils en feront un morceau, même (In the Middle of Their First Recording Session The Fugs Sign the Worst Contrat Since Leadbelly's... Trouvez moi plus explicite ?). À la fin de la réédition CD, une sorte de montage, aussi, tente modestement de résumer l'histoire – The Rhapsody of Tuli. C'est un chouette post-scriptum, pour ce premier volume. On y entend des bribes de choses entendues plus tôt, sur le disque d'origine – dont le fameux Nothing et son itération sans fin de toutes ces choses (c'est à dire toutes les choses) qui ne sont, qui sont le Rien. Ça enchaîne sur Let's Fug – ah oui, c'était donc ça. Et puis sur un poème d'une phrase, où ledit Tuli chante l'Hypothalamus. Tous les sujets sont bons, allez. Ça permet finalement que rien ne tourne à l'épitaphe.
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