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DG 307 › Dar Stínům

cd • 15 titres • 68:24 min

  • 1Lidi Krve2:30
  • 2Konzervovaná Masa1:40
  • 3Ani5:53
  • 4Řeka Citu3:58
  • 5Tvůj Kraj4:10
  • 6Cesta Českem5:35
  • 7D#14:27
  • 8Opustil Mě Adněl5:34
  • 9Zvěstovatel Smrti5:07
  • 10Mlčení4:31
  • 11Mozaika1:33
  • 12Kostěný Ráje14:37
  • 13Tělo1:29
  • 14Lepení Okamžiků2:11
  • 15Slepý Ptáci4:35

informations

Enregistré au printemps 1979 dans l'appartement de Jana et Zbyňek Jonák, à Prague, Havlíčková ul., par Luboš Nováček. Edité en 1993 au studio Újezd.

line up

Josef Janíček, Pavel Zajíček, David Němec, Ivan Bierhanzl, Jan Brabec, Jan Kindl, Jana Jonáková, Jaroslav Kukal, Ladislav Leština

chronique

Nom de groupe pas sexy. Pochette rudimentaire comme photocopiée voire ronéotypée voire polycopiée (pour connaître les modalités techniques et l'histoire de ces deux... ou trois ? antiques manières de reproduire un document, prière de vous adresser à votre IA de proximité). Les notes clament cet avertissement : « à n'utiliser exclusivement qu'à des fins promotionnelles ». Tu parles d'une carte de visite !

Enregistré en 1979, du temps de la Tchécoslovaquie soviétique, mais édité, paru seulement en 1993, après la Révolution de Velours, en (désormais) République Tchèque, Dar stínům – Un Cadeau Pour les Ombres, me dit google – est bel et bien, quelque soit l'usage qu'on lui choisisse, un drôle d'objet, de toute façon. De la musique pas jolie, contrainte par la censure et trouvant là-dedans l'occasion de faire tout ce qui lui, leur passerait par la tête – puisque de toute façon tout est interdit, autant risquer n'importe quoi. Le choix de ce nom de groupe, déjà – la mention DG 307 désignait dans le livret militaire des citoyens de cette époque les individus « inaptes au service au motif de troubles mentaux », soit l'équivalent à peu près, donc, du fameux « P4 » en France. (Pour la signification du terme Service Militaire Obligatoire en France, veuillez consulter les entrées de fichiers recensées en ces termes, dans le dossier « époque antérieure au Premier Règne de Jacques Chirac »). On se doutera donc : rien là-dedans qui se laisse saisir facilement. Le truc, plutôt, qui donne le change à l'envers. Des chansons de simulations, alors – feindre le dérangement pour échapper à l'uniforme, à la Procédure ? Encore faudrait-il pouvoir être sûr qu'il s'agisse de chansons. C'en sont parfois, ça y ressemble. Encore faudrait-il être sur de savoir s'ils sont toujours sûrs de faire semblant, aussi, si ça n'a pas fini, à force, par leur taper vraiment eux-mêmes sur le système. (À défaut de pouvoir dézinguer encore l'autre – le grand, l'étatique tentaculaire à cheval sur les continents...).

DG 307, ça sonne toujours un poil ou plus (ou beaucoup plus) freak. Jamais tranquille. Même quand c'est proche de l'immobile ça glougloute en-dessous, à grosses bulles qui crèvent avec un plop collant, comme à la surface d'une nappe de pétrole brut, habitée peut-être dans ses profondeurs. On ne sait pas. Ça non-plus, on ne sait pas. Parfois ça tourne au chant d'énumération, et pas besoin de parler la langue pour comprendre ça – Ani, par exemple, qui me fait toujours fort penser au Nothing des Fugs, quatorze ans plus tôt et complètement ailleurs. (De fait, les deux machins ont bien l'air de fonctionner pareil – pour décliner en leurs langues respectives, les diverses et invariables figure de tout ce qui est RIEN). D'autres fois ça s'appelle Ré Dièse, ça court sur presque quinze minutes et ça devient superbe, étal, étalement superbe et inquiétant, avec un chant et des nappes de cordes tendus sur une fréquence unique et micro-tons attenants, à la Scelsi ou à la Sub-Nigurath. Ça tire. Ça vit. Ça fait mal (et ça fait rien... Decidement). Ça fait du bien – ça ne passe pas de sitôt, donc, ça s'attarde.

Dar stínům, si le traducteur automatique ne m'a pas embrouillé, donc, porte bien son titre. Une sorte de Part de l'Ombre, oui – des bouts, un quota qu'on lui refile pour ne pas se faire bouffer entier, entière. Un ouvrage qu'on monte, assemble, construit, met au monde pour le jeter en plein dans ses mandibules – administratives, quotidiennes, politiques, morales, amorale, médicales, normatives et renseignées par des critères et des jurisprudences biaisées (quand il ne s'agit pas bêtement de falsification... On y revient – mais on parle du véritable mensonge, là, celui qui fait tout pour qu'on ne puisse pas y échapper). Bien sûr, on ne peut se résoudre, sans doute, à sacrifier comme ça – en poids mort, destiné à le devenir pour qu'on puisse continuer d'exister, soi – ce qu'on a lâché dans la nature. (Dans la nature... C'est curieux, quand on y pense, cette expression. Pour le sens du mot « expression », prière de vous en remettre à vos propres tiraillements, désirs et interrogations).

De fait, c'était fatal : cette musique n'a rien du simple leurre. Elle dit – même pas toujours, je crois, au revers de ce qu'elle prétend, présente. Plus on avance, plus on la comprend, plus on est tenté de l'aimer, plus on cède. C'est à dire, au vrai, que très vite, elle devient prenante. On s'y loge, elle s'y loge. Au défaut – au surplus, au vide. Elle sonne juste – dans tous ses tons défoncés, faussés, contrefaits pour passer la ligne. On y entend le fameux Folklore de la Zone Mondiale – pris dans un autre sens, d'ailleurs, loin de là où l'étiquette a pu voir, verra le jour. Ce qu'il faut retenir, c'est surtout ce mot, là-dedans : Zone.

Ce n'est pourtant pas tant que ça le bordel, allez. Enfin... C'en est un bien moins absurde que certains de ces dehors qui se donnent crânement comme « le réel », ou je ne sais pas moi, « la dure vérité ». (Le Réalisme, quand on y songe... C'est si souvent une locution de bourreau, de flic ou de croque-mort. Plus vrai que nature – encore elle, décidément – l’embaumement, l'article qui condamne l'écart mineur comme signe majeur de vice). Mlčení sonne comme une sorte d'indus historique, tiens, versant Neubauten Test Departement, martelage de barils et psalmodies mi-étranglées. Le titre en signifie Silence. Si ça se trouve, ces gens ont de l'humour ! En avaient. NE SOURIEZ PAS ! Le bot vous observe ! Ou l'Agent du Parti – on est en 1979. Ou l'équivalent local de la SACEM – on est en 1993 et vous avez acheté ce disque dans un bac à soldes improbable, contre l'avertissement de gratuité légale. Ou alors c'est 2024, et vous l'avez pêché quelque part sur le web – et l'algorithme va essayer de vous fourguer du Rammstein ou du Xenakis ou du Chaka Ponk, parce que les tags disaient « indus » justement, ou « avant-garde », ou « punk ». Ne croyez pas tout ça. Tout ou partie.

Enfin, à votre guise. Oh et puis... Écoutez, et puis vous verrez bien. Ou bien n'écoutez pas, au risque de Schrödinguer. Pour l'étymologie de ce verbe imaginaire, merci de vous adressez aux places incertaines de la logique et de l'entendement, de l'empirique. Ou alors à votre chat. Mais il a déserté, il n'est plus dans la boîte – qu'il ne goûte pas tel boucan ou soit autrement parti vous en chercher, vous en dénicher davantage.

Très bon
      
Publiée le mardi 3 septembre 2024

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