‘On se voit à mon enterrement’, ben oui, pourquoi pas ? Toute opportunité de faire la fête est bonne à prendre, celle-ci comme une autre… Pour leur troisième opus voilé de rouge et de noir, The Black Veils optent pour des titres claquant. Musicalement aussi. Le précédent, sans être foiré, sonnait plus terne, celui-ci remonte les curseurs, le groupe semble gonflé à bloc avec son post punk dans la lignée de Soviet Soviet. Tout ici est au service d’une énergie noire: moments de dépouillement voix/batterie, réverbération triste, guitares hivernales toujours sur le point d’éclater en tempêtes, une rythmique sans cesse sur le qui-vive prête à foncer au galop ou piler net. Inutile de lanterner, voilà la meilleure galette des Italiens, condensant en ses lignes l’énergie, la noirceur mais aussi un sens mélodique affuté, le tout avec une production claire mais jamais complètement froide (je songe notamment au jeu sur les réverbérations pour l’ampleur). La voix travaille de manière intéressante aussi, Gergor Samsa parait parfois crier certaines phrases comme une forme de prêche avant de repartir sur du mélodique comme s’il exemplifiait ou méditait sur ce qui venait d’être lâché. Je craignais sincèrement que ce combo n’ait été qu’un feu de paille mais sur ‘Carnage’, on retrouve une forme de fougue digne des Chameleons mais en version moins épique, plus sèche, donnant l’impression d’être semi-truffée dans une obscurité dense dans laquelle elle tente pourtant de bouger, casser ses carcans. Les codes sont archi-connus mais bien maîtrisés, truffés de petits détails malins conférant une identité intéressante et non linéaire au disque. Curseurs dans le rouge niveau énergie, dans le noir pour le feeling, The Black Veils ont tout donné et le résultat est plus qu’à la hauteur. Si c’est pareil sur scène, ça doit être de la tuerie !