Carbonized › For the security

Cette émission sur le Sunlight studios fut bénéfique pour beaucoup. Au-delà de l’enthousiasme suscité par l’idée de bouffer de la Hm-2 en continu sur deux heures, elle a surtout permis de se replonger dans cette époque bénie des dieux. Et forcément, de s’éprendre de nouveau pour des amours oubliés.

Carbonized, c’est clairement un groupe important du mouvement death metal suédois, et si le groupe n’a pas explosé comme il se devait, c’est très probablement dû à son line-up : Deux futurs Therion, et un futur Entombed. Pas mal. D’ailleurs, malgré trois albums, le groupe n’a pas survécu au succès grandissant des deux autres projets. On les comprend, surtout à l’écoute de l’évolution assez étonnante de Carbonized.

Quid d’ailleurs de « For the security » ?

Il s’agit ici de l’album le plus « conventionnel » sur le tryptique laissé en héritage. Après deux démos – et premières prods du Sunlight studios - complètement death suédois fin 80’s, les premières libertés et envie de faire quelque chose de différent commencent déjà à poindre.

Qu’on ne s’y trompe pas, on a ici du death/grind ultra direct, ça blaste, la mise en place est douteuse, mais l’intention est là, ça bastonne, c’est épais, on ne s’ennuie pas avec ce son à la premier Carcass qui aurait remixé son bazar. L’influence principale semble être clairement anglaise (Napalm Death, Sore throat…), en tout cas, très hardcore. Le format des morceaux en atteste, notamment sur la première face.

Et puis d’un coup, quelques wtf-eries apparaissent, la marque de fabrique qui commence à ‘installer, timidement encore : quelques guitares claires qui sortent de nulle part, une basse qui prend le pas, des patterns de batterie qui étonnent. Piotr Wawrzeniuk porte littéralement l’album d’ailleurs, avec son jeu brut, approximatif et en même temps super créatif lors des inter blasts (je copyrighte cette expression). Certains s’aventurent à dire « jazzy », perso je n’irais pas jusque là, mais le Piotr prend des cours de batterie et on voit qu’il applique bien ses rudiments et autres chabadas. Ce n’est pas notre usual death/grind album, pour l’image, on est plus proche de « Need to control” que de “Extreme conditions.. » M’voyez ?

Soyons clair cependant, quand les gens parlent de Carbonized (si cela existe encore), ils pensent surtout aux albums d’après. De fait, il est hors de question de parler d’expérimental ici, il est en revanche important de recontextualiser ce disque, dans sa trilogie, mais également dans la scène de l’époque : Carbonized était original, dès le début, malgré leur recette ici encore très classique. Doit on d’ailleurs rappeler l’absence de repères de l’époque ? Et avec l’évolution de Therion et l’entrée de Rosenberg dans Entombed, le sort a permis aux larrons de se lâcher complètement sur le suivant. Avec ses aficionados et ses haters.

En attendant, « For the security » vole pas ses 5 boules, en matière de grind/death weird mais pas trop , on a clairement un disque important dans l’histoire du genre en suède.