Deep Purple › Rapture of the deep

Avec toutes ces chroniques à la suite d'albums soporifiques de Deep Purple, on pourrait penser que j'ai toujours un a priori avec leurs disques récents que je m'inflige et que je ne leur laisse pas de véritable chance en partant d'avance avec l'idée qu'on aura affaire à du rock de papys blasés, sans recherche ni changement, avec comme résultat du rock basique joué par d'excellents musiciens quinquagénaires dont le talent est gâché par une inspiration inexistante. On pourrait dire qu'il s'agit d'un bon résumé de la carrière du groupe depuis son retour au milieu des années 80. Parce qu'honnêtement, quand on fait le bilan de ces 20 années entre "Perfect strangers" et "Bananas", qu'est-ce qu'on peut en tirer ? Un bon album de retour plein de promesses, puis des albums interchangeables, ni bons, ni véritablement mauvais, mais pas au niveau de ce qu'on attend d'une telle légende du rock. On se retrouve ici en 2005, tout juste deux ans après la sortie de leur album "Bananas", et voilà déjà que déboule son successeur, "Rapture of the deep". C'est reparti pour un tour, leur 18ème album studio, et là, 'oh surprise', mais c'est bon ! Mais vraiment ! Oui ! 100 fois oui ! Ce "Rapture of the deep" est vraiment ce que le groupe a sorti de mieux depuis sa reformation ! Et je pèse mes mots ! Autant j'ai été circonspect quant au retour du groupe et à ses (nombreux) albums successifs suivant ce retour, autant je suis enthousiaste devant cette nouvelle offrande ! Ce "Rapture of the deep" représente un véritable changement chez le Deep Purple récent. Le groupe a su changer d'approche avec des morceaux différents des précédents (même si un "Back to back" reste dans le même moule que ce qu'ils ont réalisé sur leurs quelques albums précédents), se focalisant bien plus sur les ambiances que sur l'aspect purement rock. Aussi, l'inspiration est vraiment de retour. Est-ce lié à l'arrivée de Don Airey (qui n'avait pas encore eu le temps de s'intégrer pleinement dans le groupe sur l'album précédent) ? Peut-être car je trouve le claviers de Don bien mis en avant avec d'excellentes mélodies de sa part. Aussi, l'inspiration est présente, du début à la fin. Tous les morceaux sont bons, "Wrong man" est certainement mon préféré, entre AC/DC et les Queens Of The Stone Age, avec de superbes mélodies. L'album est varié, jouant beaucoup plus sur les atmosphères pesantes et moins sur du rock basique et téléphoné. Je vous le disais sur ma chronique de "Bananas", le meilleur morceau du disque était celui qui s'éloignait le plus de l'esprit originel de Deep Purple, qu'il fallait qu'ils se diversifient et qu'ils évoluent pour redevenir intéressant. Eh bien c'est ce qu'il se passe ici sur ce disque. Oui, il est différent, bien qu'on retrouve cette base rock à claviers et toujours cette guitare de Steve Morse au grain si particulier, proche de Slash (écoutez moi ce solo sur "Junkyard blues", en duo avec Don au piano ! Magnifique !). Mais le disque est plus varié, le morceau-titre a notamment un aspect majestueux arabisant. Même sur un brûlot rock comme "Kiss tomorrow goodbye", on sent une plus grande envie d'en découdre avec un côté Iron Maiden récent du meilleur effet, intense, épique et entraînant. On retrouve aussi de nombreux morceaux moins rentre-dedans, jouant beaucoup plus sur la mélancolie avec une ambiance sombre. Je retrouve pas mal d'ambiances qui me rappellent le Bowie d'"Heathen" comme avec "Clearly quite absurd" ou le final "Before time began". Oui, ce "Rapture of the deep" est étonnant. On n'aurait jamais pensé, moi le premier, que Deep Purple allait se renouveler de la sorte à ce moment-là de leur carrière et pourtant... Voilà en tout cas un album très bien ficelé, super inspiré et varié que je vous encourage à (re)découvrir. Jamais je n'aurais pensé dire ça d'un disque de Deep Purple datant de 2005 et pourtant, il faut se rendre à l'évidence, il est excellent.