Saut temporel de 1999 à 2023… Qui me replonge moi aussi en 2000 quand on tentait de nous enfiler The 69 Eyes comme LE groupe goth de chez goth… Mais ne brûlons pas les étapes. Scheitan, nom connoté et claquant semblait avoir démarré sous des auspices black metal pour revenir presque 25 ans plus tard épuré, lavé, réinventé car ce cru nouveau se présente davantage sous des oripeaux ‘gothiques’, la frange légère, goth’n’roll avec un zeste de mélancolie à la Diary of Dreams parce que les ‘gothic people’ d’aujourd'hui sont quand même timorés et il ne faudrait pas trop les effaroucher. Ils ne se lookent que pour aller en soirée (les sneakers, c’est tellement plus confortable le reste de la semaine) et pas trop, hein, avec des habits à chaînettes intégrées parce qu’il faut être sûr que c’est homologué, accrocher des trucs soi-même, ça pourrait trop choquer; un peu de gel ou une queue de cheval, surtout pas de crêpage, on se ferait trop remarquer. Pas grave, on danse l’air contrit au son de Clan of Xymox, She Past Away ou Diary of Dreams, parce que si c’est plus sombre, ça devient trop glauque… Ou Scheitan… Ça colle bien justement, Scheitan, avec son nom si malsain mais ses morceaux si inoffensifs. Oui, c’est un peu gris, pas trop rapide, parce qu’on est empli de spleen, à mi-chemin entre le Tiamat de ‘Skeleton Skeletron’, Diary of Dreams, avec un zeste de sensualité factice à la 69 Eyes, parfait pour la danse ‘trois pas en avant, trois pas en arrière’ (je critique pas, moi aussi, j’y ai passé et ça m’arrive encore, même si je préfère les mouvements plus débridés)… En soi-même, c’est bien écrit, clairement pas désagréable à l’écoute, de la bonne pop en somme, un peu nuageuse… Qui plus est, l’homme dispose d’un bon sens de la mélodie donc chaque chanson a une aura de tube… Exprimée avec une production bien lisse, sans beaucoup de relief (pas plate à 100% non plus, le mec a de la bouteille) bref garantie sans risque qui fera un carton en Allemagne et qui permettra à une génération de corbacs du dimanche d’aller frimer devant les citoyens lambda (qui s’effarouchent aujourd’hui d’un rien) parce qu’ils écoutent Scheitan et qu’eux ils peuvent pas comprendre la souffrance… Stop avec les persiflages, tout n’est pas à jeter mais autant écouter Lucyfire qui se prenaient moins la tête. Si ce sont là des ‘songs for the gothic people’, voilà qui en révèle beaucoup sur notre époque où le mot a perdu toute signification… De quoi y repenser avec un sourire amusé quelques années plus tard quand on a mûri, qu’on est rentré dans le rang et qu’on se souvient de ses années ‘rebelles’. Dommage, la pochette était cool; baille. 2,5/6