Thelema (du grec ancien θέλημα : « volonté », dérivé du verbe θέλω : « vouloir, désirer ») est une doctrine ésotérique occidentale souvent considérée comme une religion ou une philosophie. Son nom est dérivé de l’abbaye de Thélème, lieu imaginaire inventé par Rabelais dans ’Gargantua’, dans laquelle une communauté vertueuse suit une maxime en apparence licencieuse : « Fais ce que tu voudras », nous apprend Wikipédia mais vous, fidèles lecteurs/trices, n’êtes point dupes car votre âme sombre en quête de mystère flaire qu’il y a du Crowley là-dessous et vous n’aurez pas tort. Les Italiens de Thelema sont effectivement de grands admirateurs de l’occultiste et leurs albums explorent nombre d’aspects de sa philosophie. Ce premier essai s’inscrit pleinement dans le goth rock de son époque, tribal, avec rythmique marquée, martelante, et guitares sales, obscures; le combo cependant ajoute volontiers sa petit touche personnelle en usant parfois de flûte. On songe volontiers à Theatre of Hate, UK Decay (le mimétisme est presque total par instant), musicalement mais aussi pour la conviction fougueuse du chant, complètement possédé et habité par le message qu’il délivre (‘Samekh’, ‘The book of the law’). La flamboyance obscure contagieuse, la force des mélodies font de ce disque un must absolu, sans oublier la volonté de tisser une ambiance occulte notamment en usant de récitations du secrétaire personnel de Crowley, sans oublier la diabolique flûte ajoutant une touche Jethro Tull macabre du plus bel effet. Voilà qui n’empêche pas les Transalpins de se montrer tout aussi percutants et efficaces dans des atmosphères plus nocturnes et moins violentes (l’excellent ‘The face of the angel’ préfigurant inconsciemment la fluidité de leurs compositions dark folk par la suite). À noter que cette réédition regorge de trésors en proposant pas moins de sept bonus extraits de compilations, d’un single ou carrément des inédits (les deux dernières pistes), magnifiques témoignages d'un temps où des artistes produisaient une musique noire et sans concession qui n’avait nul besoin d’artifices pour dégager des ambiances glauques. À l’écoute de tels disques, on peut en tout cas louer sans retenue Crowley d’avoir inspiré ainsi tant de combos de qualité, qu’on adhère à ses idées ou non.