Cannibal Corpse › The wretched spawn

2004, Cannibal Corpse fêtait ses 15 ans d’existence. Pour un tel tenancier de l’ancienne garde, mine de rien, cela commençait à faire, et même si la scène se portait plutôt extrêmement bien à l’époque, du tri avait déjà été fait chez certains (Avant les 200 milliards de come-backs désastreux qu’on a pu se payer dix ans plus tard).

Histoire de célébrer tout ça, quoi de neuf avec « The wretched spawn » ? Bah rien, comme d’hab’. Même producteur, qui a intelligemment décidé de mettre un peu de brillance sur son mastering. Toutes les petites erreurs de prods qui ont coûté un peu trop cher à « Gore obsessed » sont clairement gommées, et vingt ans plus tard cela donne une prod’, somme toute identique aux standards imposés depuis « Gallery », mais qui passe bien l’épreuve du temps. Daté, sans l’être, c’est au moins ça pour un groupe de ce niveau.

D’ailleurs, il devait y avoir un type au marketing chez Metal Blade qui a dû se dire que c’était pas bête de rajouter un DVD « making of » de l’album. Et franchement, si plus personne ne regarde un DVD aujourd’hui, dieu merci il y a Youtube, et cela nous permet de retrouver une des premières vidéos virales du death metal : ce moment où Pat O brien et Alex Webster enregistrent « Frantic Disembowelment ». Un monument d’hilarité et de technicité absurde, on dirait un sketch de Jared Dines. Complètement n'importe quoi. Watch it et pensez à activer la cloche.

… Sauf que le titre est carrément bon putain ! Cannibal a toujours été une référence dans le riffing, à trouver cette balance entre groove direct (« Decency defied », composé par Owen qui s’est un peu sorti les doigts du uc’ pour son dernier album, étonnant) et technicité – globalement – à propos, vous savez ces morceaux « poings dans la gueule » où vous n’êtes pas vraiment sûrs d’avoir bien compris ce qu’il s’est passé. Ici contrairement au précédent, on est vraiment sur le bon côté de la corniche, un exercice d’équilibriste qu’ils réussiront jusqu’à aujourd’hui.

Cela se voit d’ailleurs sur un truc très clair : les tempos varient enfin ! Alleluia. Paul quitte littéralement les bombs blasts à outrance qui n’impressionnaient plus personne. À côté on avait Cryptopsy, Nile et Hate Eternal hein... Et cela marche ! On navigue en plein old school avec de vrais passages thrashy (« The wretched spawn ») et une dynamique vraiment réussie. Le trio « Decency defied », « Frantic disembowelment » et « The wretched spawn » (avec son mythique “It was made to KIIIILLLL”) résument parfaitement l’album en 10 petites minutes.

On rajoutera « Festering in the crypt” qui pose un peu d’ambiance tordue à la Morbid Angel, un peu téléphoné, mais les leads réveillent un peu, et l’ensemble se montre super efficace, bien porté par un Corpsegrinder qui reste fidèle à lui-même : puissant, rapide et vindicatif. Il n’hésite plus à varier son timbre selon les riffs.

Un très bon Cannibal Corpse, c’est clair, dans une période difficile pour le groupe, on ne peut pas dire que le groupe n’a pas bien fait les choses. Le temps lui rend clairement justice, mais à l’époque, il me semble que personne n’en eut rien à foutre. Ils ont choisi la persistance, et bien leur en a pris, le début d’une petite dynastie de disque sans fautes. 4.5/6