Cannibal Corpse › Bloodthirst

Un an putain. Ils te laissent pas respirer les ricains. Les mecs pratiquaient déjà le game Spotify à l’époque de Napster. Des visionnaires. Bref, même pas le temps de comprendre les riffs de « Gallery » que vient débarquer « Bloodthirst ».

Je sais que beaucoup l’affectionnent celui-là, effet nostalgie oblige, on l’a beaucoup vu dans les samplers. Pourtant, personnellement, je ressentais déjà à l’époque un certain désintérêt pour le groupe, trop classique, trop répétitif, la scène dite brutale explosait à ce moment, et Cannibal Corpse avait vraiment perdu son Mojo de la brutalité.

Faut dire, à l’époque, t’as genre Hate Eternal et consorts qui débarquent, la concurrence est rude. Et le mot est bien choisi, le nombre de groupes allait en s’amplifiant et il fallait bien choisir. Et entre ta vieillerie qui continue à brailler toujours pareil, et des petits jeunots qui vont plus vite plus frais etc, les kids de l’époque ils avaient vite choisi. (Cryptopsy ? qui a dit ça ?)

Hasard ou pas, Cannibal déboule du coup avec son disque le plus brutal je crois à ce moment. 35 minutes, straight to your face, adieu les ambiances et tout ce qui rendait « Gallery » si spécial. Là ça bourre, et 25 ans plus tard, et bien... Mmmmhh, je trouve que ça marche vraiment bien. La recette est trouvée, ils vont la resservir jusqu’à maintenant.

De toute façon il n’y a pas vraiment de mauvais disque chez Cannibal (le premier qui dit « Canniboule » se mange un disque de Thalarion dans la gueule), et « Bloodthirst » en est vraiment l’exemple absolu. Les mecs savent vraiment riffer, leur death metal est tellement ultra maîtrisé, avec ses morceaux fillers, et ses grands moments «(l’enchaînement « Ecstasy in decay », « Raped by the beast », j’entends presque du Morbid Angel par moment). Bon, je ne reviens pas sur les patterns de batterie, y en a 3 hein. Cette limitation technique deviendra carrément une marque de fabrique, et je crois le pari plutôt réussi, le bomb blast débile (et il y en a vraiment beaucoup sur cet album) tranche bien avec la complexité des riffs, je ne dirais pas que ça groove, mais ça fait du bien finalement de pouvoir dodeliner de la tête bêtement, tout en étant pas certain de ce qu’on entend.

On notera également qu’Owen est complètement démissionnaire sur cet album, ne signant qu’un morceau (« The spine splitter ») et que c’est peut être le plus mauvais du disque. Probablement le début de la fin de son investissement dans le groupe.

Bloodthirst, dans la discographie de Cannibal, je le vois plutôt comme un appendice brutal de « Gallery », la version un peu plus vénère, qui a pris sa douche et qui vient te boxer la gueule. À cela près que le disque fut désormais produit par Colin Richardson, et que cela n’a changé strictement... rien. Bref, toujours pas mémorable, évidemment, horriblement répétitif mais je pense que le trip est désormais ultra assumé : y a pas besoin de constamment se révolutionner pour péter des nuques et bouffer de la tripe (un peu sous cello quand même), et ils vont le faire, longtemps.