The Danse Society › The loop

Evidemment, la mort récente de Paul Gilmartin remet en lumière l’idée que The Danse Society ressemble de plus en plus à une coquille vide n’ayant plus grand chose à voir avec ce que devait transmettre ce groupe qui eût largement mérité une renommée plus grande. Maethelyiah ne fait pas l’unanimité; en ce qui me concerne, c’est une très bonne chanteuse donc pas de problème de ce côté là, c’est même l’un des points les plus fiables mais niveau orchestrations, depuis que les membres originaux ont déserté la reformation, la qualité ne cesse de baisser. Sur cet opus, le combo se montre audacieux ou complètement à la ramasse selon les points de vue, à commencer par ‘Divided to the end’ avec son départ inspiré du progressif (sans que ça ne conduise véritablement quelque part), ses ajouts de cuivre complètement hors de propos, un son de synthé dégueulasse, un comble quand on se rappelle que le travail de Dave Whitaker avait justement affirmé la patte du groupe. Heureusement, ça remonte d’un cran avec ‘The lies’, bonne mélodie, bonne pêche, une basse affutée, des nappes copiées sur celle de Whitaker justement, si ce n’est que le groupe se croit à nouveau obligé de se faire une petite expérimentation progressive à deux minutes de la fin sans que personne ne comprenne vraiment le pourquoi avec des cuivres ridicules, des sons pourris de clavier. Rien à dire sur ‘The sound of the fury’, c’est un tube de haut vol, riffs de guitare en arpèges à la Nösferatü, refrain tueur, un clavier efficace et une Maethelyiah très à l’aise dans son rôle de Siouxsie locale. Évidemment plus d’un se surprend à rêver de la même chanson interprétée par Steve Rawlings mais la nostalgie n’est pas une bonne valeur… Le trop long ‘The Loop’ sonne par contre comme un beau foutoir: début calme au piano avec expérimentation de nappes, creux et sans consistance, enchaînement sur une partie rythmée durant laquelle Maethelyiah fait des vocalises ridicules pour monter à quel point elle est une bonne chanteuse (et à quel point elle manque de goût)… Les compositions d’après rehaussent le niveau, ‘If you were only listening’ renoue clairement avec le Danse Society d’antan sauf que le batteur n’est pas Paul Gilmartin et que nos lascars se croient obligés de balancer des cuivres pourris qui ruinent complètement l’effet du refrain. Rien à dire sur ‘Algorithm Control’, là aussi c’est plutôt bon, très copié sur Siouxsie and the Banshees mais efficace. Pas d’expérimentation stérile cette fois-ci (même si le son de clavier me fait légèrement grincer des dents) donc l’entité qui se nomme légalement The Danse Society se rattrape avec une intro western sur ‘Shake shake’ grillant d’emblée la crédibilité d’un titre somme toute plutôt bon. Sauf qu’un détail qui remuait dans le ventre depuis le début nous le tord douloureusement. Quelle frappe en carton ! Comme manque la cogne assurée et créative de Paul Gilmartin ! Et arrive la fin, la prestation de Maethelyiah est impeccable, poignante sur la première partie plutôt calme, complètement ruinée par les orchestrations sur un final pseudo-épique avec ces infernaux cuivres de pacotille, des sonorités de synthé pas pourries mais le stade avant… Sans faire de jeu de mot foireux en disant que cet album est loop-é, il se présente comme celui sur lequel l’absence des membres originaux (Paul Gilmartin, David Whitaker, Steve Rawlings même) résonne le plus douloureusement. Seul le bassiste assure impeccablement de A à Z mais pour le reste, clavier en bois, batterie en carton et un chant féminin de bonne facture mais que des expérimentations gratuites, maladroites et des orchestrations bancales empêchent de déployer son plein potentiel…