Slash › Orgy of the damned

Alors qu'il vient de sortir quatre albums avec son groupe créé de toute pièce à la suite de son premier album solo de 2010, Slash remet le couvert 14 ans plus tard. Le guitariste anglo-américain s'octroie une petite pause entre ses engagements avec Myles Kennedy et les Conspirators, et les tournées mondiales de la reformation de Guns N' Roses. Oui, Slash est un homme occupé. Alors qu'il vient à peine de terminer, à Paris, la tournée mondiale de leur album "4", Slash sort 3 semaines plus tard cet "Orgy of the damned", composé presque intégralement de reprises de blues, de rock et de soul. Et comme pour son premier album, Slash a proposé à plusieurs de ses amis de prendre le micro tout au long de ces douze morceaux. On retrouve donc le même type de patchwork que pour son premier disque solo éponyme. on a ici donc pêle-mêle au chant des artistes aussi divers que Brian Johnson d'AC/DC, Iggy Pop (seul artiste présents sur ses deux disques solos), Chris Robinson des Black Crowes, Paul Rodgers de Free, Beth Hart, Demi Lovato ou Billy Gibbons de ZZ Top parmi d'autres mais aussi étrangement Steven Tyler d'Aerosmith... à l'harmonica ! Au programme, on a une sélection de classiques des années 60 et 70 dans des styles chauds et groovy mélangeant allégrement la soul, le blues et le rock, avec notamment des reprises de Steppenwolf, Stevie Wonder, Willie Dixon ou The Undisputted Truth pour n'en citer que quelques-uns. Je dois avouer avoir été pas mal surpris par certains choix mais on sent que Slash a voulu rendre hommage à des scènes importantes pour lui, assez éloignées du hard rock brute de fonderie qu'il a l'habitude de jouer, lui permettant de sortir de sa zone de confort tout en se frottant à des morceaux qu'il aime beaucoup. Comme souvent dans ce genre d'exercices, il y a du bon et du moins bon mais dans l'ensemble, je trouve le résultat positif. Slash n'est pas un guitar-hero et il n'aime pas se mettre en avant, et comme avec son premier album solo, il reste en retrait même s'il nous régale avec quelques solos vraiment cool, mais il n'en fait pas des tonnes et préfère que la lumière soit projeté sur ses invités plutôt que sur lui. Là encore, on a l'impression que le guitariste s'adapte aux morceaux et à ses invités. Cela donne toute sa singularité à ses albums solo. Une autre particularité ici je trouve, c'est que les morceaux sont assez longs, seuls deux reprises durent moins de 5 minutes (Slash a ajouté en fin d'album un morceau original instrumental de 3 minutes), ils permettent de laisser le temps à chaque titre de poser sa pâte avec un énorme groove la plupart du temps. On sent vraiment cette base blues bien chaude qui permet à Slash de poser des solos plein de groove avec sa Gibson Les Paul si reconnaissable. Je ne suis pas un fan ultime de blues, même si à petite dose, c'est vraiment sympa, et je me suis surpris à reconnaître des morceaux sans connaître leurs titres ni même les interprètes originaux d'ailleurs. Le début de l'album est vraiment sympa, super chaud avec un pur feeling. On sent que les musiciens savent ce qu'est le blues. La suite, à partir d'"Oh well" est un bon ton en dessous, un peu lourd (même si Dorothy Martin s'en sort super bien sur "Key of the highway"), tournant un peu en rond selon moi. "Awful dream" avec Iggy Pop remporte la palme du morceau le plus ennuyeux de l'album et il casse complètement le rythme du disque. Le niveau remonte à partir de "Papa was a rolling stone", popularisée à l'époque par les Temptations, et ici Demi Lovato qui réalise une excellente performance. Le "Killing floor" avec Brian Johnson et Steven Tyler (là pour le coup, on a un line-up de légende particulièrement alléchant !) est un bon single en puissance, avant que ne déboule le titre le plus fort du disque, la reprise du "Living for the city" de Stevie Wonder, donnant une couleur plus moderne à l'originale (déjà super intense !), avec notamment au chant le guitariste rythmique qui accompagne Slash sur ce disque, Tash Neal, super impressionnant. Au final, le disque est intéressant et montre un Slash dans un registre différent de ce qu'il fait d'habitude. J'aurais par contre préféré un disque un peu plus court, il y a clairement des longueurs le long de ces 70 minutes ! Cela reste malgré tout un bon disque très sympa et frais.