Ulcerate › Cutting the Throat of God

Ulcerate est un groupe de Nouvelle-Zélande et joue du métal extrême : jusqu'ici, tout va bien, c'est normal. Ulcerate est un groupe de musique qui joue de belles chansons : jusque là, on peut être d'accord mais y en a qui froncent les sourcils au fond, je vous vois ! Ulcerate est un nuage de fumée qui arrive par dessous le pas de la porte : il avance jusqu'ici, devant mes pieds, et commence à sortir une harpe de sa poche, un peu comme dans un jeu de rôle dit "réaliste", et entonne encore une fois the song of la puisssance and ze chouette. Le groupe océanien nous sort de très beaux albums depuis une quinzaine d'années, des albums de death metal que certains appeleront "compliqués", que je trouverai plutôt "beaux", "épiques", "le vent dans les cheveux", "j'ai les yeux qui piquent avec tout cet air conditionné, c'est fou", "y a quand même un bon son dans cette salle, même si leur bière est pas bonne", "oh, j'irais bien prendre l'air moi", "il fait chaud aujourd'hui, non ?". Ulcerate pourrait jouer au Roadburn, avoir une carte blanche, pourrait jouer pendant trois jours, j'achèterais trois kilogrammes de pop corn et je dégusterais tout ce maïs en pensant à tous ces pauvres gens obligés d'écouter Gojira ou Papa Roach au lieu d'écouter Ulcerate, je ricanerais avec un rictus de snob en faisant "hin hin". Ulcerate peaufine son travail écoute après écoute, disque après disque, avec certes des messages aux masses qui me laissent un peu muet, non mais "trancher la gorge de Dieu", mouahaha, tout simplement, vas-y je te regarde ! Quoi ? Je vais pas poireauter cent six ans Lok'tar Hoggard ! Quatre ans après le début du coronavirus et de la sortie du dernier Ulcerate, il ne s'est peut-être pas passé grand chose, on reprend le même groupe, on écoute de la musique belle, peut-être qu'on s'ennuie parfois, peut-être est-ce du métal beau, peut-être qu'on va se dire "oui, ça, je commence à connaître ces plans faussement compliqués, ces dead congregationneries aus nord qui se veulent envoutées par le démon invoqué selon le manuel 100% devil at home". Sans doute que oui, les goûts changent, et compléter des discographies sur guts peut-il être parfois un peu compliqué, donc oui ce dernier Ulcerate est aussi beau que les autres, mais les emprunts à des genres plus établis qu'ils font dans leurs breaks, dans leurs couplets, les facilités qu'ils donnent à l'auditeur font en sorte de faire pencher ce groupe de plus en plus vers le rock un peu plus Chérie FM toutes proportions gardées, tout en satisfaisant l'amateur de paysages dentelés, volcaniques, métal de mort, mort de métal. Bon, je coupe tous ces cheveux en quinze ? Vingt ? Trente Millions ? Et j'en reviens à lui mettre un peu moins de boules que prévu, mais ne vous inquiétez pas, le top 2024 lui a quand même bien chauffé le siège dans de nombreuses rédactions et méta-machines de classement pour que vous puissiez détester cet album sans qu'il n'y ait aucun impact sur rien. (*vent qui souffle* *cri de corbeau* *fermeture du clapet de l'ordinateur portable* *soupir de Rastignac, le chroniqueur, pas l'autre là qui est méchant dans les livres de... de... merde, j'ai oublié".