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Clipping. › Visions of Bodies Being Burned

lp/cd • 16 titres • 52:39 min

  • 1Intro2:20
  • 2Say the Name4:59
  • 3Wytchboard (Interlude)0:30
  • 4'96 Neve Campbell3:21
  • 5Something Underneath2:35
  • 6Make Them Dead4:06
  • 7She Bad3:26
  • 8Invocation (Interlude)1:12
  • 9Pain Everyday3:39
  • 10Check the Lock3:37
  • 11Looking Like Meat3:29
  • 12Drove (Interlude)0:51
  • 13Eaten Alive5:41
  • 14Body for the Pile4:24
  • 15Enlacing4:43
  • 16Secret Piece3:41 [composition de Yoko Ono]

informations

Enregistré et mixé par Steven Kaplan et Clipping.

Les versions LP, CD et cassette portent le même numéro d'édition.

line up

Daveed Diggs, William Hutson, Jonathan Snipes

Musiciens additionnels : Jon Borges (électronique sur Secret Piece), Christopher Fleeger (field recording sur Intro et Secret Piece), Chris Goudreau (électronique sur Body for the Pile), Chukwudi Hodge (batterie sur Say the Name et Secret Piece), Shannon A. Kennedy (violoncelle et psaltérion sur Secret Piece), Yoko Ono (compositions sur Secret Piece), Jeff Parker (guitare sur Eaten Alive), John W. Snyder (composition additionnelle sur Eaten Alive, piano sur Secret Piece), Greg Stuart (glockenspiel Sur Invocation (Interlude), marimba sur Secret Piece), Greh (électronique sur Intro), Cam & China (feat. sur '96 Neve Campbell), Caleigh Drane (violoncelle sur Pain Everyday et Secret Piece), Michael Esposito (field recordings sur Pain Everyday), Joe Lester (basse sur Check the Lock, contrebasse sur Secret Piece), HO99O9 (feat. Sur Looking Like Meat), Eaddy the OGM (voix sur Looking Like Meat), Ted Byrnes (batterie sur Eaten Alive et Secret Piece), Casey Anderson (saxophone alto sur Secret Piece), David Rothbaum (violoncelle sur Secret Piece), Mary Clare Brzytwa (flûte sur Secret Piece), Kirsten Carey (guitare sur Secret Piece), Hal Rosenfeld (vibraphone sur Secret Piece)

chronique

Finie l'épouvante psychologique, les ambiances cernées mais immobiles de There Existed an Addiction to Blood. Visions of Bodies Being Burned plonge dans l'horreur physique – Body Horror, c'est le nom d'un genre à part entière, tiens. Visions of Bodies évoque l'horrorcore – sans en être vraiment, sans se cantonner à ça. Say the Name, passée l'intro (débitée speed), sample les Geto Boys – la phrase qui donne le titre au présent disque, prélevée sur Mind Playing Tricks On Me, ralentie et triturée façon Chopped & Screwed. Les corps brûlés – vus d'une perspective historique africaine-américaine, ça évoque d'autres épisodes, aussi, moins fictifs. Encore ailleurs que le Piano Burning qui concluait le disque précédent – quoique la composition en question, si j'ai bien compris (écrite, créée par la Néo-Zélandaise Annea Lockwood en 1968), ait été conçue comme un échos aux incendies de la deuxième guerre mondiale, quand les instruments brûlaient dans les maisons bombardées, parmi les débris et les morts. (La deuxième guerre... Là aussi, il y aurait sans doute à en dire, du « point de vue afro »).

Les interludes, intros de morceaux, « skits », reprennent des figues de cinéma B. ou pire, les passages obligés – séances de planche ouija qui tournent mal et autres joyeusetés. '96 Neve Campbell convie la Final Girl – cette survivante des fins de films, celle qui échappe au tueur, qui parfois le bute. Le morceau retourne l'ironie de la citation – Neve Campbell, on se rappellera, c'est Sidney Prescott, la lycéenne (puis étudiante) poursuivie, persécutée dans la série des Scream, méta s'il en est. Mais ici tout est concret – et Neve, en effet, bute le méchant, cette fois sans faux-sang (le vrai fera l'affaire). Diggs s'efface, se contente des refrains et des « backs », laisse la substance aux jumelles gangsta Cam & China. Elles sont Neve, et personne ne ricane plus. (This Bitch BOSS... And you're going to DIE 'bout it...). Les refrains, d'ailleurs, leurs mots, leur syntaxe, sont hachés, découpés – les morceaux du Méchant volent dans la pièce et retombent mollement. (Il a trouvé pire, plus badass).

Visions of Bodies Being Burned, oui, est bien une suite de scènes d'horreur. Mais les victimes, les proies supposées s'y retournent, rétorquent, frappent l'agresseur. C'est un disque physique – même quand le rythme s'alentit, s'estompe, quand les signaux planent, flottent, la substance est épaisse – solide ou coulée ou gazeuse, elle pénètre et coule, s'anime et enserre. C'est la Douleur Chaque Jour. Mais c'est un rythme, ça aussi – on apprend à déjouer, à rendre des points à la hantise, à voler des morceaux d'armes aux forces qui se lient pour maintenir ça – le statu quo, l'inamovible. Il y a des percées d'harmonie – de beauté sonore, en montées aussi concrètes que le reste – sur ce disque, des cordes qui chantent dans des break-beats accidentés, des timbres, des gongs qui sonnent dans des espaces plus vaste, les ouvrent. On y constate des affleurements de couleur – pas seulement le rouge et le noir des relevés du légiste. On y entend toutes sortes de musiques malaxées, en résurgences et immersions – électro, techno, jazz... Mais rien n'est jamais simplement cité, imité. Aussi, bien sûr, encore : toujours cette science des enveloppes, des profondeurs de champs, venue de la noise, des musiques concrètes (décidément), de l'électro-acoustique – mais ces formes ci sont moins littéralement établies, reconnaissables, isolées. Parfois ça gueule comme dans de l'indus-rap, de la drill de série (Looking Like Meat) mais la mesure d'après ça tourne feutré, liquide. Toujours insidieux, toujours différemment frontal, brut dans le propos comme dans la manière.

(Interlude sinistre : des bêlements de bêtes parmi les machines qui cliquettent, sûrement un abattoir. S'en trouve-t-il, dans Clipping, qui ne mangeraient pas d'animaux morts ?).

Dévoration, mutilations, traques, panique dans les dédales et les friches, monologues hache ou ciseaux ou disqueuse à la main en attendant que le « Villain » se pointe, passe l'encadrement où il croit avoir acculé l'objet de son obsession. Acide – ça ronge et ça défonce. Jeff Parker et Ted Byrnes qui ferraillent free sur Eaten Alive. Maladies, réactions somatiques violentes. Poison ingérés, venins, toxines expulsées. La fin du disque – à partir d'où, on ne sait plus trop, on a perdu le sens du temps – est pleine de paysages troués, de décombres éparpillés sur des terrains pelés, dans des maisons dévastées. Foutu bon, terrible cauchemar. Étrangement complet, plein de réponses qui sont les entames de nouvelles questions, plutôt. Sirènes. Home invasion. « Siri, appelle la police ! D'accord... Jouer : NWA, Fuck the Police ». N'appelle pas la police – c'est elle qui détient les pires flingues et les équipements de protection qui te permettront le moins d'atteindre les corps, la chair, de résister. Des cadavres pour la pile. « Enlacement », se nomme le presque-dernier morceau.

Presque.

Ça finit cette fois par... Yoko Ono. Moi non-plus, tiens, je ne m'y attendais pas. C'est le Morceau Secret – le titre de la chose. Ou la pièce. On y perçoit, dehors, les cris, les chants d'oiseaux variés. On émerge de l'humus. Quelque chose d'autre vrombit encore.

Très bon
      
Publiée le vendredi 2 août 2024

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Ah oui, on est d'accord que souvent ça n'annonce rien d'intéressant, la "lyrics video" ! J'imagine que ça a dû les amuser de faire du collage sans effets numériques/montages chiadés/gros, pour une fois...

Message édité le 05-08-2024 à 18:40 par dioneo

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Damodafoca Envoyez un message privé àDamodafoca

Oui, je l'ai maté du coup, c'est plutôt fun. Mais les [LYRIC VIDEO] c'est souvent des objets promos ersatz de clip plus qu'autre chose globalement. Là c'est un poil plus taffé.

Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Bah c'est mélangé à un montage - certes plutôt arty-punk - de bouts de films (pas sûr que ce soit QUE Scream et Halloween... j'ai pas essayé de vérifier, en vrai). Mais oui, c'est sûr qu'ils ont fait bien plus élaboré ailleurs !

Message édité le 05-08-2024 à 18:34 par dioneo

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Damodafoca Envoyez un message privé àDamodafoca

Ah ok. Je m'attendais à un vrai clip, les [LYRIC VIDEO] c'est généralement pas vraiment ça. Mais soit.

Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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