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MC5 › Kick Out the Jams
informations
“MC5 was recorded « live » on stage at Russ Gibb’s GRANDE BALLROOM, Detroit, on the Zenta New Year, October 30-31, 1968” - Produit par Jac Holzman & Bruce Botnick - Ingé-son : Bruce Botnick
Design par Robert L. Heimall – Photos par Joel Brodsky et Madgalene Sinclair
line up
Michael Davis (Fender bass), Wayne Kramer (Fender guitar), Fred "Sonic" Smith (Mosrite guitar), Dennis Thompson (Dennis "Machine Gun" Thompson) ( drums), Rob Tyner (lead singer), John Sinclair (Guidance), Brother J.C. Crawford (Religious Leader and Spiritual Advisor)
chronique
L’antidote. À tous les faux énervés, les faux rebelles, les faux durs qui pullulent depuis le milieu des années 90. Voilà ce qu’a été pour moi ce disque. Une sorte de refuge, d’ovni total dans les bonnes vibes des années 60, de preuve que le punk existait bien avant d’être théorisé (même si on peut facilement remonter jusqu’aux Sonics, Hasil Adkins…), que Elektra aurait distribué dans un coup de folie totale, sous simple condition de remplacer ce « motherfucker » par « brothers & sisters » (c’est la version que j’ai sur mon lp… snif). Un beau dommage également que ce ne soit pas l’ouverture du disque… « Right Now… Right Now It’s time to… KICK OUT THE JAMS, MOTHERFUCKERS !!!! ». Y’en a-t-il après pour croire que le mot a été inventé par cette tanche de Johnny Rotten ? Que le punk a été fabriqué par des Anglais, sans groupe annonciateur dans les 60’s ? Que Malcolm McLaren a fait autre chose que repiquer les idées de Sinclair façon campagne de pub (Johansen et Johnny Thunders faisaient parti du « bromley contingent » des MC5, comme c’est curieux)? Qu’ils s’étouffent avec ce disque. Poussé à fond jusqu’à ce que le son sature (très facile, vu l’enregistrement 100% dans le rouge), cette galette est l’un des premiers annonciateurs de la noise à ma connaissance, et probablement l’un des meilleurs. Vous voulez savoir ce que les mots « sauvagerie », « sueur », « adrénaline », « violence » et « public chauffé à blanc » signifient ? Motor City 5, pour vous servir. Des brutes épaisses, des blancs aux coupes afro énormes que les blacks ne porteraient en masse que 1 ou 2 ans plus tard… Des cocos, avec ça. Le pire fléau après Satan himself, pour des américains. Ils prennent ta mère à 5, et ils la collectivisent, compris ? Rien à foutre du ridicule et de la naïveté du concept politique ou de la voix du prêcheur (« Brothers and sisters !!! – Ouuuuaaaaaiiiiiiss !!! – Attendez, j’ai rien dit, encore… »), rien à foutre du machisme qui suinte littéralement de chaque mot, ce disque c’est un parpaing de plomb en fusion made in Detroit qui te décape la face. Et malgré la reprise – ou devrais-je dire le JOUISSIF SABOTAGE – de Motor City Is Burning de John Lee Hooker, force est d’admettre qu’il n’y a plus grand-chose du blues dans cet album. À la limite, si le son était moins mauvais, s’ils n’avaient pas flanqué les deux grattes d’une distorsion que personne n’osait ne serait-ce qu’envisager à l’époque, peut-être qu’on verrait mieux les influences derrière ces compos finalement un peu faibles, imitant pas mal les shouters de la soul comme Wilson Pickett ou Otis Redding. Seulement voilà, ici, ce n’est ni le chanteur, ni la chanson qui compte. C’est la manière dont c’est balancé à la face du monde, plus que tout. Sans rémission, sans pare choc, rien que dans l’émeute et dans la violence. Les deux derniers morceaux sont composés avec Sun Ra, I Want You Right Now où tout le groupe semble en rut quand la musique s’arrête, et Starship, tentative de décollage free rock à la Hendrix… Mais le Five, on le sait, n’avait aucune inclinaison pour les aventures psychédéliques. Son truc, c’était de rocker, plus dur que n’importe qui à l’époque, sans se soucier une seule seconde du son pourrave et des amplis qui crament. Le groupe, dans sa cohorte de techniciens, roadies et autres fans, était le premier à incorporer un “Ministère de la Défense”, comme le fera Public Enemy bien plus tard, avec des idéaux tout aussi extrêmes. Extrême, c’est le mot idéal pour décrire ce disque. A sa sortie, c’est certain, les Psychedelic Stooges d’Iggy Pop ne pouvaient qu’être admiratifs devant tant de furie sonique. Même si Iggy dira avoir été d’emblée dégoûté par la propagande galopante de John Sinclair, le gourou d’extrême gauche du groupe, leader des White Panthers - mouvement ultra libertaire, pro-légalisation de toutes les drogues, pro-partouze et pro-dynamitage de maison blanche. Lennon lui dédiera deux chansons, avec et sans les Beatles. Le mot de la fin, histoire d’enfoncer le clou : Kick Out The Jams Motherfuckers (je suis sur qu’ils auraient voulu mettre ça comme titre d’album), rend caduque tous les albums live sortis après lui, et le solo qui achève la face A (le cd, c’est contre-révolutionnaire) fait passer tous les solistes heavy metal ou autres pour ce qu’ils sont : des petites bites (oui, Ted Nugent, surtout toi).
Dans le même esprit, dariev stands vous recommande...
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- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Bad trip je ne sais pas mais trop de beuh mélangée à beaucoup trop d'alcools pas forcément subtils et à l'envie de faire en effet exploser des choses, j'y crois volontiers... Après comme dit la chro, la précision du discours, la crédibilité parfaite de la symbolique déployée dans l'imagerie etc., c'est pas forcément ce qui prime quand on cause de ce disque ! (Et sans doute ce groupe mais tout particulièrement ici).
Sinon tout ce que disent les détracteurs est assez vrai - les compos sont basiques, le son degueu, les prêches donc ridicules ; les instruments sont aussi accordés à l'arrache ou pas réaccordés quand "il faudrait", on dirait parfois un jam-band dont la particularité la plus frappante, dans cette époque où fleurissaient les jam-bands, est que les mecs ont un jeu très rudimentaire, incapable d'envolées cosmiques, les passages "freeform" tournant au pur boucan pas calé... Mais c'est ça - j'ai l'impression qu'on en arrive finalement à peu près à la même conclusion en termes différents, avec le Kamarad Dada Stands - qui fait que ce live envoie autant ! Ça part en effet dans tous les sens, c'est l'argot du bruit (comme dira plus tard un Catalan) qui vient encore salir celui du rock le plus graisseux, de garage, de salle des fêtes brûlée par les teenage-kickers de n'importe quel bled du fond des États comme des grandes cités broyeuses et enchanteresses (où elles prennent des dimensions d'immenses Grand Ballroom, lesdites places du divertissement). Je m'emporte... Il fait du bien, oui, ce disque, il n'est pas "tellement bon parce que tellement mauvais" dans un sens premier degrés trois quart à la con, mais "tellement bon parce que tellement rien à branler de passer pour des cons", c'est une partie du truc, oui.
Et le solo à la fin de Rocket Reducer, ouais, j'acquiesce... Après ça, pas envie de perdre du temps à vénèrer quelque shreddeur que ce soit.
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- adrenochrome › Envoyez un message privé àadrenochrome
J'ai pas compris le rapport existentiel entre la musique et le dessin de feuille de cannabis sur fond de drapeau US du livret. Ce disque explose volontiers ; ça part dans tous les sens, ça appuie où ça fait mal, ça vrille. Donc si cannabis, ok, pourquoi pas ; mais alors bad trip. En conclusion comm-vie : dernier disque qu'il m'arriverait d'écouter avec gentille ( ou méchante ) fumette.
- zugal21 › Envoyez un message privé àzugal21
Tumulte séminal rugueux pour lequel j'arrive beaucoup trop tard. Trop dissonant pour mézigue. De ce fait je peux pas pousser la notation, bien que fondamentalement conscient que c'est pas du tout du tout de la merde et que ça a fait école.
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- torquemada › Envoyez un message privé àtorquemada
Oui bien sûr, mais l’idée de départ était déjà absurde et il n’y a maintenant plus personne pour la défendre.
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- Nicko › Envoyez un message privé àNicko
En même temps, si l'album est complété et que Kramer et Thompson voulaient qu'il sorte, autant le faire, non ?
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