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Laurent Garnier › Shot In The Dark

cd • 11 titres • 75:45 min

  • 1Shapes Under Water7:19
  • 2Astral Dreams (Speakers Mix)6:12
  • 3Bouncing Metal7:30
  • 4Rising Spirit5:37
  • 5Harmonic Groove6:14
  • 6The Force6:46
  • 7Geometric World6:57
  • 80228:04
  • 9Rex Attitude6:57
  • 10Raw Cut7:42
  • 11Track for Mike6:20

informations

Mixé au Wake Up Lab.

chronique

Cette pochette - digne d'un paquet de disquettes 3"1/2 (version produit d'appel) – crie certes son époque ! La fraîcheur de la chose aussi, autrement, clame « 1994, tout reste à faire » – et c'est bien ce qui compte...

Shot In The Dark vibre d'une énergie éternellement vive, neuve. Une musique qui coule, gronde, rayonne, avale et recrache tout. Laurent Garnier – DJ alors déjà en place et pionnier de la house, de la techno en France depuis une grosse dizaine d'années, pour le moins – s'abreuve encore, en direct, aux scènes de Detroit et Chicago, sans doute aussi de Berlin, d'ailleurs (de Tokyo ?). Cette techno là n'est pas une histoire de nombrilisme parisien, encore, une french touch rivée sur un seul style. C'est un flux qui s'écoule, traverse et galvanise à l'internationale, mondialement. Un remous qui se déporte à la vitesse même du son – recouvre, passe, emporte.

Il est vif, oui, ce disque. Électrique, électrisant, électrifiant. Il file et il respire – brasse à grandes goulées un air libre, à ciel ouvert autant qu'à travers caves (de clubs, de maisons où l'on concocte des « tracks » avec les moyen du bord et l'énergie d'une foi inentamée, entière). C'est une musique toute physique – qui considère cortex, cervelet et autres parties comme autant d'organes et tissus irrigués, au même titres que n'importe quel membre, muscle, glande hormonale. C'est une musique de plaisir, d'éclate. C'est du son pour le corps – en englobant, on le répète, la tête tout et partie. Par moments, tout se pose et tout plane – on passe par la chill out room – le temps que les impulsions se remettent en place.

Techno de boucles simples qui tournent et changent d'angles – séquences, mélodies arpégées ; timbres cristallins ; timbres acides (aciiiiiid !!) ; torsions vrille-synapses (Astral Dreams... Dediou !) ; sample délibérément neuneu, obtus, qui rappellent que cette musique, cette culture, était au départ, aussi, une histoire de gens jeunes et nourris, gavés d'images, de lectures, de bobines pop (May the Force...) ; beauté d'autres plages qui s'étirent comme du bon Kenny Larkin ou du bon Carl Craig (Detroit encore) de la même période, comme du Derrick May ou du Jeff Mills (etc.) pas figés dans un statut de légendes, encore vivants et se nourrissant de ce qui, se nourrissant de leurs trucs à eux, avait continué.

Souvent, les titres sont descriptifs, au vrai, ici, imagier direct. À l'occasion (Harmonic Groove, Geometric World) ils tiennent de la pure indication technique. Technologique – eh... « Techno », on disait. Ça s'avale pour agir là où c'est indiqué, comme c'est écrit dessus – l'effet produit n'a rien d'un placebo.

Ce disque a trente ans, dites voir. Je ne le trouve pas, du tout, périmé, délavé. Il passe toujours directement, à chaque écoute, dans mon métabolisme – shoot moléculaire (dans le noir ou pas) qui n'a rien d'une abêtissante injection, d'un abrutissant sniff de kéta. C'est un autre genre de chimie – amusante, mobile, hédoniste. On tripe légèrement transe, trance – légèrement comme dans « sur la longueur, comme en lévitation » plutôt que comme « juste un peu, tout est sous contrôle, n'ayez crainte ; le flash vous sera facturé lors de votre sortie de l'établissement ». Quand ça tape, ça tape – ferme, droit, mais pas bêtement hardcore, sans surenchère. Sur Geometric World, j'ai toujours la sensation que le type a samplé une imprimante, une photocopieuse d'époque, pour en faire sa cavalcade emballée – du genre sur quoi va se caler le rythme cardiaque le temps que les iris, les pupilles se dilatent au maximum. On voit dans la nuit. On y est . On est bien. On est loin. On est là complètement – les pieds en plein sur terre et tout l'organisme en mouvement. La vague, l'onde, nous reposera... Plus tard. On touchera encore sol au point de la prochaine fête.

Très bon
      
Publiée le vendredi 21 juin 2024

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ashara Envoyez un message privé àashara

Première incursion dans l'univers de Laurent Garnier avec la version vinyle de "33 Tours Et Puis S'en Vont". Petite précision : chaque format (3LP, CD, CS et WEB) a une liste de titres unique et, dans certains cas, des éditions ou des chansons uniques.

J'aime beaucoup, même si je trouve la pochette horrible. Il va falloir que je me penche sur les albums ici chroniqués.

Message édité le 24-05-2025 à 17:32 par ashara

Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
avatar

@Nowyouknow : quand je dis "définition américaine", c'est qu'il me semble que sur "leur marché" (étasunien) le terme - EDM - a pris un sens un poil plus étroit que celui que tu donnes (et que je partagerais assez, hein, en passant). Il me semble que "chez eux", c'est parfois synonyme d'une sorte de grosse tech festive et "facile", un peu beauf/tuning, bourinne mais gentillette, le truc assez "dance pas subtile pour samedis soirs kéké", en gros... Y'a un personnage dans la série The Good Place, par exemple - semblant de SPOILER ALERT, en passant, si jamais - qui est défini comme "an aspiring EDM DJ from Florida" ou un truc approchant, et que cette définition destine directement à filer en enfer après sa mort, sans autre forme de procès ou chance de se rattraper, et que tout le monde considère avec un air un gêné, un peu contri et désolé à la fois... Après, peut-être que cette définition elle-même date déjà (la série à été diffusée entre 2016 et 2020 pour sa part...) et que le terme a changé de sens, depuis !

Message édité le 10-10-2024 à 13:32 par dioneo

Note donnée au disque :       
born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

Je me rappelle encore la claque que ça avait été, à l'époque, dans mon entourage du fumeurs de pécos. On a plus écouté que ça pendant quinze jours.

Code-12 Envoyez un message privé àCode-12

@ Born to gulo

Heureux de voir que tu connais '8 steps', cette compilation fondatrice (la première de Noom Records et une des premières de Hard-trance).

Mais effectivement, cela ne nous rajeunit pas. Cela nous met même 30 ans dans la vue !

Note donnée au disque :       
Code-12 Envoyez un message privé àCode-12

Mais j'adore lire vos chroniques, même sur des albums que je n'ai jamais écouté et que je n'écouterai jamais.

Pour rebondir sur des remarques, il y a quelques compilations assez sombres :

  • Dark side of the noom, de Noom Records (hard-trance)
  • Important Compilation #1, de Important Records (acid trance)
  • The secret life of trance V, de Rising High Records (le label de Caspar Pound)

Et des albums qui fonctionnent comme un tout cohérent (sans être une banque de données pour set de mix) :

  • There will be no armageddon, de Union Jack (trance unique et originale et trance-ambient)
  • Rendez-vous in outerspace, de Lsg (trance atmosphérique)
  • Sacrilège, de Nostrum (hard-trance)
  • Trilogique, de Airwave, pour ne pas être sectaire et taper dans la Trance post 2000 dont je ne suis pourtant pas un gros fan (mode "les flamands belges et néerlandais ont tué ma trance adoré après 1999' on) mais cet album est une vraie réussite de l'écurie Bonzai, je dois le reconnaître

Je fais ma liste au père Noël, là. Mais j'y crois encore...

Note donnée au disque :