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John Zorn › The classic guide to strategy - Volume 4
informations
Enregistré le 3 avril 2012 au Studio 2 de l'EMPAC (The Curtis R. Priem Experimental Media and Performing Arts Center)
line up
John Zorn (alto saxophone)
chronique
Vous le savez, John Zorn est un artiste difficile à appréhender et quand il s'agit de parler de son projet solo, The Classic Guide To Strategy, l'exercice est encore plus compliqué. Si vous avez suivi mes chroniques des 3 précédents volumes de ce projet, vous savez qu'il s'agit d'un laboratoire sonore où John est en complet free style, tout seul, au début avec divers instruments (saxos, clarinettes, appeaux), puis juste avec un simple saxo. Forcément, le résultat de ces expérimentations est pour le moins hermétique et difficilement appréhendable. Originellement prévu pour 5 volumes, John prend son temps pour créer chacun d'entre eux, les deux premiers datant de la première partie des années 80, le troisième étant l'enregistrement d'une de ses représentations scéniques à l'occasion de ses 50 ans en 2003, il propose ici en 2016 l'enregistrement studio du 4ème volume. L'album reprend plus ou moins la même formule que pour le Volume 3, en condition live (pour chacun des morceaux), mais en studio, avec juste John Zorn, seul, et son saxo. Finies les expérimentations des années 80, là, John joue d'une traite. Et un peu comme pour le volume 3, l'intensité est au rendez-vous. The Classic Guide To Strategy fait partie de ses projets les plus fous, les plus jusqu'au-boutistes, difficile d'accès, obtus, John s'amuse à créer des sons, des structures, rien qu'à l'aide de son saxo, sans overdubs, en une prise. Neuf années séparent l'enregistrement du Volume 3 et celui du Volume 4 et je trouve que l'évolution est flagrante. On ressent à son écoute une plus grande maturité au niveau du contrôle et de la maîtrise du saxophone (qui est pourtant son instrument de prédilection depuis plusieurs décennies). La diversité des sonorités proposées et des atmosphères est bien plus grande. John joue toujours autant avec l'auditeur, avec des structures à géométrie variable, des sonorités souvent stridentes et un résultat vraiment difficile à digérer. Et pourtant, la magie opère. Chaque morceau possède sa propre personnalité, ils nous font nous questionner sur notre rapport à la musique. Même si le résultat est dans sa globalité peu mélodieux, l'album est bien plus facile à suivre qu'auparavant, les morceaux possèdent des structures marquées avec de nombreuses parties et sous-parties distinctes, des séries de notes jouées à répétition qui s'enchaînent à d'autres séries mais qui restent dans le même cadre sonore. C'est là, la grande réussite de ce disque. Chaque piste possède une couleur différente, des sonorités qui leur sont personnelles. A l'intérieur de ces morceaux, les structures sont aventureuses, elles agressent l'auditeur autant qu'elles le gardent sur le qui-vive, le laissant dans l'expectative de la prochaine déflagration, en pleine tension, avec toute une palette de triturations diverses et variées. A ce titre, la pochette de l'album est particulièrement parlante où on a l'impression qu'à la fin de la session, John s'est tellement donné dans son combat avec l'instrument pour en sortir des sons ahurissants qu'il a fini par le tuer en laissant une scène de crime avec les différents becs utilisés mélangés à son sang au terme d'une bataille âpre et sans merci. Elle représente tellement bien la musique proposée. Chose nouvelle dans la série du Classic Guide to Strategy, le disque propose des parties (sur la piste 2 et l'intégralité de la piste 4 - vraiment sublime) beaucoup plus calmes, j'oserais même dire mélodieuses, et feutrées, finalement très soul/jazz, au milieu d'envolées free jazz dont seul John en a le secret ! Voilà, je trouve que l'Américain ne fait que se bonifier avec l'âge. Son travail créatif est d'un tel niveau de complexité qu'il lui faut des décennies pour arriver à ce niveau de richesse et de maîtrise. Le temps entre chaque album de ce projet est si important qu'il nous permet de voir l'évolution technique et créatrice de John entre chaque et il est indéniable que ce quatrième volume nous montre un artiste qui a réussi à développer son art avec une palette de couleurs, de techniques et de sonorités hallucinantes. Même s'il s'agit d'un de ses projets les plus difficiles d'accès, ce disque est d'une incroyable richesse et d'une intensité rarement atteinte, le summum étant ce final ahurissant achevant la mise à mort de son instrument. Une très grande réussite ! Vivement le volume 5 !
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