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Cult of Occult › Five Degrees of Insanity

cd/lps • 5 titres • 70:58 min

  • 1Alcoholic14:46
  • 2Nihilistic12:10
  • 3Misanthropic16:19
  • 4Psychotic10:32
  • 5Satanic17:11

informations

Artwork : Provoking Drama.

chronique

Vilain sludge aux entrailles fermentées, aux dents pleines de plaque et de morceaux dans les cavités. Pour les cheveux on ne voit pas – c'est planqué, pelade ou beurre rance, sous la capuche. Au fond, on aperçoit le blanc des yeux, injecté, capillaires éclatés... Pour être honnête, je n'ai jamais souscrit vraiment – en fait vraiment pas – à la fascination de certains milieux (metalleux, « alternatifs »...) pour la schlaguerie extrême, le pourrissement, la décrépitude comme seule posture morale valable, intègre. La vieille histoire du « long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens », le culte des poètes maudits et blablabla, ça ne m'a jamais paru par défaut moins suspect que d'autres prêches. Oh, d'accord, j'ai pu bloquer sur A.N.T.I. de Diapsiquir, à un moment, je ne nie pas – mais tout le bastringue La Lumière Est dans la Seringue (et la 8°6) de la chose m'a fatigué, à la longue. Et je n'ai jamais accroché, par exemple, aux Offrandes Gueulées pour Sade et Satan de Kickback, aux Hymnes à la Raclure de Peste Noire et consorts.

Bon, ceci dit, Cult of Occult, ça me semble encore autre chose. Non-communicatif, disais-je ailleurs, en butée sur soi-même dans la descente, la déchéance, pas vraiment militant, même à rebours, de la Chute. Plus opaque que ça – plus efficace pour ça, par ce parti pris de seulement montrer, « pratiquer » sans rien revendiquer. Dans cette optique-là, c'est vrai, ce Five Degrees affiche une bonne sale gueule d'aboutissement – comme ces visages déformés sur la pochette, complètement cramés par le mal, et qui n'en sont qu'un seul, au fait, décliné de bout en bout du processus. Le groupe revendique ce disque comme « son plus extrême » (ou du moins le présentait comme ça au moment de sa sortie) et oui, ça se tient. C'est encore, toujours plus lourd. C'est encore, toujours plus noir, sale, écrasant. C'est à peine plus long que le précédent mais chaque piste, cette fois, s'étend au-delà des dix minutes, certaines dépassent aigrement (plutôt qu'allègrement) le quart d'heure. Les cinq étapes de la dégradation, de l'accession au Grand Rien, du Dernier Stade de la Soif, comme dirait l'autre, à l'incarnation du Royaume d'En-Bas, en passant dans l'ordre par le nihilisme, la misanthropie, la psychose... Le programme est net. L'allure, beaucoup moins. Ça progresse en rotant, en rampant, en se contorsionnant pour passer par les boyaux (ceux forés dans le sol comme ceux qu'on marine aux douteux distillats). La mine est mauvaise – encore, car « mauvais », c'est chez eux, pour leur musique, une pure et simple définition. Ça se traîne et ça pique des poussées, des épisodes blastés qui dégagent le terrain pour la prochaine coulée de gras poisseux, la prochaine marche engluée, ensuquée. Ça laisse de moches traînées, traces, ornières dans l'épaisse poussière du terrain.

Difficile – c'est vrai – d'aller plus loin. Difficile aussi de ne pas remarquer, à force d'y revenir, que sous cet aspect plus massif, monobloc que jamais, le groupe, en vérité, déploie là les moyens plus divers et maîtrisés – pesanteurs post-core suffocantes, accélération black qui disperse la vermine alentour en secouant la dégueulasse matière porteuse, tout ça, j'insiste, sans qu'un seul instant ça cesse de sonner intrinsèquement... Eh bien : sludge, décidément. Difficile à dépasser, voilà, dans le registre. Après ça, d'ailleurs, ils partiront un peu ailleurs – d'aucun disent qu'ils allaient se répéter, pour ma part j'ai tendance à tout simplement oublier de les écouter, ces suites. J'y reviendrai sans doute un jour, une phase où l'autre où j'aurai envie de visiter encore de crasseux parages où pénètre mal, très mal, la lumière. Pour l'heure, je remonte un coup, je rend aux gardiens les clés de la cellule, de la cave, de l'oubliette. Je sors un moment hors des miasmes. J'ai bien noté l'adresse, je sais que la prochaine fois, rien n'y aura bougé.

Bon
      
Publiée le mercredi 10 avril 2024

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taliesin Envoyez un message privé àtaliesin

Je les ai vus une fois en live... P*tain la terre a tremblé et il y a une fille qui s'est payé une crise d'épilepsie dans le public...

Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Ah ah, les blagues sur Plèvre c'est bien "inside bouchon-Land", ouais ! (Très "bières à fort titrages" aussi, eux, tiens - très bien en concert mais à l'occase, pas si rare, un peu groupe à embrouilles une fois sonnée l'heure de l'after, de mémoire volontiers fatiguée, pour le coup...).

Message édité le 11-04-2024 à 22:15 par dioneo

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Rastignac Envoyez un message privé àRastignac
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Très bon en concert (Roadburn il y a quelques années). Bien haineux le rendu.

born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

Dangereux ils prétendent jamais l'être, en revanche ils s'amusent beaucoup de ne jamais démentir tous les fantasmes qui se brodent sur eux. C'est surtout des gros poivrots avec plein de potes et plein de private jokes qui vont avec (le running gag "à quel heure joue Plèvre svp ?", entre autres lyonnaiseries) - et des gens de leur temps, donc tout ceci se traduit en langage rézosocio ; mais c'est juste des punks punks, quoi. J'aime bien faire des parallèles avec Kickback, mais on n'est clairement pas au même niveau de sérieux et de prétention.

Et des gros nerds, oui ; de la bière forte.

Message édité le 10-04-2024 à 16:21 par born to gulo

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saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
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Ma fille a beaucoup aimé ce disque, que je ne ressors plus mais dont j'ai un super souvenir très catchy dans l'obscène guignol. Pour tendre une parallèle avec votre discussion sur le disque d'avant, on voyait à un moment les mecs répondre sur les story facebook ou une connerie dans le genre, genre "sympa" mais sans doute rattrapé par la nécessité de coller au propos, d'effacer promptement tout ce qui sort du. En tout cas, les likes sont fréquent, et leur amour du matos font d'eux clairement plus des nerds que des punks dangereux.

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