« Ici est la Maison du Diable »... Soit. Et cette maison et toujours une taverne – mal famée, coupe-gorge, parage pousse-au-crime dans tous les sens que vous voudrez, imagés ou directs. « Dans le Vin la Vérité » – mais alors surtout parce qu'il déchaîne le pire, défait toute retenue à mesure qu'il vous enfonce, à flot, dans son cauchemar.

Cult of Occult alourdit encore sa mixture, l'épaissit. Le précédent – nommé simplement Cult of Occult – tapait déjà bien au crâne, au défaut de l'estomac, au foie, mais celui là vous tombe dessus au ralenti et vous le regardez faire, horrifié mais immobile, paralysé, constatant l'inéluctable, interminable impact. La voix est plus malade qu'avant – elle enfle en dedans avant de sortir, là ou sur le premier elle jaillissait drue mais tout de suite. Tout ici gonfle, d'ailleurs, déforme l'enveloppe, la surface – sans doute les gaz du pourrissement, sous les tissus, qui cherchent à s'épandre, qui se poussent vers la sortie. Les durées des plages s'étendent – s'étirent, font durer le déplaisir. Ça drone et ça larsène – parce que riffer rampant n'était pas assez. C'est toujours aussi peu amène – c'est encore plus capable de vous formuler que non, vous n'êtes pas les bienvenus, et que c'est pour ça que vous allez rester, que dans le même temps, ça verrouille les sorties afin que vous assistiez bien à tout, de bout en bout, une fois entrés. Tous les titres sont en latin – mais ni de messe, ou alors pour le vin d'office, ni vraiment de cuisine, ou alors (oui oui, j'insiste) parce que c'est là que se trouve le cabinet aux liqueurs. Du latin de Cave, alors – de sous-sol, de catacombes où l'on désacralise, où ce qu'on loue est en bas, plus bas, où l'on se met au plus bas. Musique enfouie dont le morne bruit du quotidien, de la ville ou des champs, à la surface, n'est que l'écho atténué, étouffé.

Ici est la Maison du Diable – et à l'allure où on y écluse, ça pourrait bien, rapidement, tourner au cabanon, à l'antre du délire. Le prochain parlerait, tiens, justement, des degrés de progression dans la folie, le dérèglement – d'alcoolique (je ne radote pas... c'est eux qui le diront, qui le disent) à satanique. Pour l'heure, vous reprendrez bien une lampée de ce non-cordial. Ce n'est pas une question. Il en reste, du raide. Il en ont distillé des litres et des hectos, des bombonnes d'hécatombes. Il y a de quoi mariner jusqu'à ce que se détachent les chairs.