Psychic TV › Live in Russia

Pourquoi il sourit de ses ratiches gerbantes, Gen’ ? Parce qu’il/elle songe à l’histoire du ‘Thee sensible squirrel’ qu’il/elle va conter au public russe ? J’avais un bon feeling avec ce live-là sorti sur un obscur label du pays et je ne me suis pas trompé, niveau ambiance, c’est plutôt dément. Les Moscovites sont en transe et comment leur en vouloir ? Pour Genesis, c’est gagné d’avance, l’artiste est une bête de scène, ça ne date pas d’hier et ce n’est pas cette soirée qui modifiera la donne. Glockenspiel occulte en intro, un beat pesant, la basse qui s’en mêle, la guitare, on est carrément dans du post punk très sombre et voilà Genesis entonnant ‘Jesus walked on the water’… On remarque que le son est bon, pas exceptionnel mais bon, avec le rendu live comme si on y était mais écoutable de manière confortable. Le ton est moins industriel ou plutôt moins tribale, encore que… Les parties de gratte slidant vers le noise rock font clairement mentir l’affirmation. C’est juste qu’il y a moins de percussions éparpillées partout, que le jeu de batterie est plus ‘classique’ mais il y a toujours la basse, la guitare et des samples, donc voilà qui nous permet d’écouter le combo avec d’autres morceaux, dans une atmosphère un peu différente des nombreux live des 80’s disponibles même sur des classiques tels que ‘Roman P.’ moins fou mais pas moins prenant car Genesis derrière son micro est plus allumé(e) que jamais. Cette coloration tranchante entre rock psychédélique et post punk glauque mâtiné d’un zeste d’indus varie un peu le propos. Quand je dis zeste… ‘Raft Of blood meets a riot in their eye’, c’est 15 minutes dont un break de près de six minutes à bases de bruits, d’effets, avant de conclure de plus belle avec un synthé endiablé et des vocaux possédés. A force d’auditionner ces enregistrements en concert, on demeure quand même étonné(e)s du talent de Genesis, ielle n’arrête jamais, chante des paquets de trucs, parle, hurle, comme s’il/elle ne s’essoufflait jamais, toujours au top. Mais ‘Thee sensible squirrel’ rappelle au delà des nombreuses attaques contre le personnage son sens de l’humour si british et dandy, un conte bien décalé raconté avec ce timbre inimitable… ‘Well surprise, surprise, we have another story to tell’, lance-t-il/elle goguenard(e) sur fond d’orgue et de guitare en guise d’introïtus pour ‘Suspicious’ qui après avoir retenu les rênes pendant un bon moment va s’emballer avec une batterie endiablée toute en grosse caisse, tandis que les effets semblent hors de tout contrôle, que les larsens couinent, que l’orgue devient épileptique… Avec les presque quinze minutes de ‘Terminus’ on retombe carrément dans les anciennes ambiances d’indus tribal et mystique, avec grincements, tintements de cloches, percussions roulantes, Genesis en prêche; si la folie cathartique a existé sur scène, c’est bien avec ce groupe. Le disque compile des extraits de deux concerts russes sans qu’il soit forcément très clair à quelle ville correspond quel titre. Spontanément, j’aurais tendance à voir dans le doublé final celui de St-Petersbourg, le départ de l’album provenant probablement de Moscou. Ces deux pièces en constituent une grande, folle, menée par une rythmique minimale et imperturbable, rapide, dansante, tandis que le reste des instruments et la voix mènent une transe de dingue sur près de dix minutes. Car c’est bien de ça dont il s’agit, le public devait être déchainé et je les envie.