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Inferous › Somos la Noche

k7 • 11 titres • 61:49 min

  • A
  • 14202:48
  • 2No Estoy4:15
  • 3No Recordarás4:49
  • 4Fastidio5:46
  • 5Somos la Noche5:50
  • 6Interludio4:01
  • B
  • 7Cero en Conducta5:51
  • 8Infierno Verde7:54
  • 9El Final7:54
  • 10El Sendero7:50
  • 11Cornucopia*6:50 [reprise de Black Sabbath]

informations

Enregistré entre mars et avril 2020. Mixé par Belsitaro G. et Cristian Dalessandro.

*Cornucopia, la reprise de Black Sabbath, est absente de la version digitale (bandcamp), mais disponible à part sur la même plateforme.

line up

Seba Castro (batterie, synthétiseurs), Delisario Gronda (guitare), Matias Voda (basse, voix)

chronique

L'Enfer Vert, dans l'imaginaire collectif – dans toute une collection de fictions – c'est la jungle où s'égarent missionnaires ou G.I., chercheurs d'or et conquistadors que tous, aux recoins, attendent pièges, fièvres, embuscades, shrapnels et démons. Certes. Il ne fait guère doute, cependant, que L'Enfer Vert dont parlent Inferous – sur le titre ainsi nommé autant que partout autour – soit d'une nature botanique tout autant mais autrement identifiée... Satan est dans les détails, les dentelles Mandelbrot – des fleurettes, des têtes odorantes, exhalant les pollens qui abêtissent et rendent serein (qui rendent docile ?). La jungle, ici, c'est la beuh, oui – et Belzébuth et les autres cohortes d'incubes, succubes, intermédiaires, grossistes et détaillants de la Damnation brassent indica et sativa, skunk et fil rouge des plantations aux hangars, des caches aux rues de partout – et les artères et halls d'entrée et autres points de vente de Rosario, Argentine, doivent figurer en rouge, si on en croit la musique ici jouée, sur les cartes, les organigrammes des distributeurs.

Inferous jouent une variété bien épaisse de stoner, visqueuse, glutineuse, les riffs tout bourdonnants, les drones pesants, en déplacements lents. Du doom qui rampe, qui plane au ralenti, quelques centimètres à peine au-dessus de la canopée, toussant les vapeurs qui émanent de là, l'oreille toujours squattée par les bruissements des insectes et autres bestioles, jouant fort, très fort, pour tenter de couvrir les inquiétants cliquetis. C'est produit pour prendre de la place, s'étaler comme une pâte, une fois les gros bouts de matière balancés sur la surface, dans les volumes – une fois que le truc nous a frappé avec un PLOF mi-mou mi-écrasant. Par moments, c'est même traité avec des techniques proches du vieux dub seventies – échos qui font sonner les harmoniques comme des nuages de parasites électromagnétiques et de réminiscences mentales mêlées (du bruit blanc/marron/vert qui grignote l'esprit), EQ qui font enfler la batterie comme un monstre qui grossit vers vous, ne se déplace qu'en grandissant, sans bouger par ailleurs sur ses bases... Par-dessus tout ça, ou calée, claire mais pas proéminente, la voix (du bassiste) raconte – en espagnol – les étapes du trip. Du bad trip ? Pas forcément – la Nuit qu'il, qu'ils chantent se trouverait plutôt à la limite, sur le point exact (et flou pour qui vit ça) où ça risque de déraper, virer au cauchemar, où ça devient trop fort pour rester seulement fun, divertissement. Le moment, en somme, où il faut choisir, faire l'effort, trier – entre la possibilité tout juste à portée de main mais prête à disparaître, à se volatiliser dans le trou noir, de retourner à la surface ; et celle de se laisser, tant qu'à faire, complètement aller, et advienne que pourra.

Ce n'est pas vraiment méchant, Inferous, non – c'est cependant traîtreusement chargé. On se croit parti pour un petit tour au coffee-shop, on se retrouve paumé dans une ville qui s'étend à mesure qu'on marche, invente des avenues et des impasses, des ronds-points et des arrière-cours. Et des jardins, passés les porches. Qui se révèlent, ceux-là, être finalement des forêts, et hop, à perte de vue, maintenant, devenues ainsi alors qu'on avait seulement un instant détourné les yeux. Et lesdits portails, lesdites entrées d'allées devenant par là-même autant de tunnels vers cet égarement, cette perdition touffue et parfumée, volutes et résonances.

Nous Sommes la Nuit, répète le titre qui donne son titre au disque. Il reste plus d'une face complète, de vinyle, avant que ne pointe le jour. Qu'on décompte ça en minutes, secondes, nombre de tafs inhalées, ça n'a plus guère d'importance – ça file et ça semble immobile, et on en sortira quand le Sentier, de lui-même, daignera se présenter pour nous dire que ça y est, il est temps, pensez bien à vous hydrater, à bientôt, au plaisir, on se reverra, vos bronches et nous, vos circuits cérébraux et vos envies de songes aux vols pesants, contemplés d'un œil mi-clos ou trop ouvert.

Bon
      
Publiée le mercredi 3 avril 2024

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