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Mylène Farmer › Maman A Tort

  • 1984Rca PC 61299 • 1 EP 45 tours

45t • 2 titres • 09:42 min

  • 1Maman A Tort 6:12
  • 2Maman A Tort (Instrumental) 3:30

informations

Enregistré en 1983 au Studio Le Matin Calme, Aubervilliers

Le dos du single est dédié « à Louis II de Bavière » « à Frances... » (il s’agit de Frances Farmer, actrice américaine internée en HP sur insistance de sa mère dans les années 40 et 50) - La version 45t 7 pouces dure 3:30, et est mieux que la version Maxi, plus diluée dans les astuces de prod new wave...

line up

Mylène Farmer (chant), Laurent Boutonnat (musique), Jérôme Dahan (texte + musique)

chronique

  • jeanne mas-core... mais génial

Le premier avril c’est Carnaval, on peut tout faire... Vous avez remarqué, y’en a toujours pour choisir le côté « Halloween ». Là, on est dans le sombrex-sans-l’être, mais en-fait-si, avec ce tout premier single de Mylène Farmer, enregistré quelque part à Aubervilliers avec 2 synthés et une boite à rythme, et sorti des mois après la session studio, en dépit des maisons de disques qui voyaient venir la gênance anticommerciale... Car Maman a Tort est une histoire d’HP, sur la crête entre le mignon et le psychotique. Dans l’ambiance, le côté isolé et irrécupérable, ce titre me ferait presque penser à « Marylou Sous La Neige » de Gainsbourg, même si Mylène fait le mouvement inverse : elle a préservé toute son innocence mais c’est le monde qui l’a perdu. « Maman A Tort » conte l’histoire de ces gens, bien plus nombreux qu’on ne le croit, qui n’ont tué ni attaqué dégun, mais qu’on enferme ou blackliste par commodité et pour se rassurer.

Toutes les sonorités sont d’une justesse rare, tout en étant d’un primitivisme voire d’un amateurisme total, enfantin. C’est de la synthpop pure, d’après la pluie de presets des 80’s, déjà irradiées du désenchantement 90’s qui se préparait (dans les caves de Seattle... et partout). Un écran parfait pour la voix au fond très « fille d’à côté » de Mylène, déclamant en mode speakerine-minitel et inoculant dans votre cerveau pourtant réticent sa mélancolie de petite souris grise... Ce n’est pas une Xième mignonnette déguisée en Minnie comme la synthpop en recelait des caisses, plutôt une sorte d’extrémiste de l’enfance, qui vient poser ses larmes silencieuses et son cafard détruisant toute l’ambiance et tuant tout fun en plein dîner de famille, juste parce qu’elle a perdu son doudou... Mais chaque caprice-doudou-perdu de chaque enfant est un pressentiment, celui que toute enfance court vers sa fin bien trop vite.

Mylène Farmer, ici, n’avait pas encore calculé et échafaudé son misérabilisme très BD et très codifié, elle tenait un rôle assez ingrat, celle d’une Ophelia placardée avant le générique, incarnation anonyme d’une sorte de peur primale, telle une sorte de Little Nemo en jogging vert glauque perdu au fond de votre mémoire. Bon et puis bien sûr, il y a la possibilité saphique de ces paroles, Némo-girl reportant son affection sur l’infirmière, comme une dernière balise où s’accrocher avant de sombrer dans la noirceur. Une noirceur absolument abyssale qui guette durant tout le morceau, au bord de laquelle on danse... Mais une noirceur de nuit, évoquant profondeur et sentiments refoulés, plus qu’une « sombritude », car au fond, on sait bien qu’il y a 100% de pop et 0% d’esprit goth dans le « projet-Mylène Farmer »... L’occasion de rappeler que ledit projet a entièrement germé de cette seule chanson, écrite par 2 types, Jérome Dahan et Laurent Boutonnat, à la base pour Lio (d’où le 100% de pop), puis pour une gamine de 15 ans, avant que l’ambitieuse future-fausse-rousse ne débarque et n’incarne à la perfection cette histoire de gamine punie de façon extrême par sa mère pour des histoires de tabous, préjugés ou bienséance...

Pour le coup, c’est dans leur très courte période sans-thune que le trio va vraiment faire de l’art total avec le côté « Ariane Carletti goes Banshee » du Clip de Maman à Tort (gutsien point à la ligne, tous les jours de l’année, mais en vrai, la chanson aussi). En revanche, soyez curieux si vous voulez, mais l’album Cendres de Lune (2 ans + tard), quoique vraiment sympathique, est aussi vulgaire et lourdingue que son titre promettait d’évanescence. Je me garderai bien de parler d’heureux hasard pour ce « Maman à Tort », tant sa profondeur et le trouble qu’il installe en moi, en général pour la journée, imposent le respect... Et je n’ai pas parlé des réactions de certains quand cette chanson est jouée en DJ set ou reprise sur scène. Parce que c’est aussi un morceau transcendant totalement les barrières mainstream et punk-cred, capable de déclencher des trucs chez les gens, et pas en mode kéké-mylène (une espèce qui aime se croire rare mais archi-envahissante), non... Quelque chose d’AUTRE est tapi là, dans cette pop-song indéfinissable, plus hantante que hantée, mais aussi entêtée que entêtante. Quelque chose qui m’échappe et devant quoi je m’incline, et contre quoi j’ai peut-être lutté pendant des années... Comme tous ceux qui n’aiment pas la pop, et la jettent avec l’eau de ce tiède bain variété dans lequel on a trop trempé.

N’allez pas chercher votre dose de New Wave mystico-dreampop chez les japonais, du moins pas tout de suite... Arrêtez-vous vraiment sur ces 3:35 de malaise imbibé de mercurochrome. Mais attention ! Un % de votre âme et de votre cœur sera à jamais irrémédiablement dédié à ressasser ces 7 petites notes chétives... Peut-être mieux vaut, pour votre tranquillité ne jamais RETROUVER votre innocence.

Chef-d'oeuvre
      
Publiée le lundi 1 avril 2024

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    commentaires

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    allobroge Envoyez un message privé àallobroge

    Ah Mimie, j’adore ses 2 1ers albums cold as fuck et mélodieux comme pas 2 mais y’a du goûtu après comme par exemple ”C’est une belle journée” ( pour se suicider), la version live issue de Timeless qui est un pur chef d’œuvre dance synthpop mortifere et festif délectable.

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    dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
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    ah oui : pour être honnête, au rayon péché-michon, j'avoue quand même que je ne dédaigne pas un petit "Libertine" et surtout "Sans Contrefaçon" (0% gutsien par contre, très peu new wave, mais bien variète là oui), et je parle de la musique seule hein... un côté Eurodance-aérobic, et le côté provoc joyeuse est cool. Et bien sûr, les clips (je les ai montrés à des anglais une fois, ils ont été catégorique que c'était le truc le plus français jamais fait).

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    Valsturm Envoyez un message privé àValsturm

    Mylene Farmer est le mal incarné. Beware.

    Cela dit elle avait la classe et ce côté visionnaire baroque et satanique qui mérite qu'on s'y attarde, juste pour la fouetter un peu mieux.

    nicola Envoyez un message privé ànicola
    avatar

    La musique de Mylène Farmer me plaît en général moyennement, en revanche, elle a le bon goût de ne pas se foutre de la gueule des gens qui viennent la voir en concert. Coucou les rocks stars californiennes qui viennent faire un tour sur scène pendant 27 minutes, dont 10 d’hommage foireux à Lemmy.

    born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

    Musicalement, les deux sont de la variète. Vocalement, il y a autant de comparaison à faire entre la Fermière et la Provençale, qu'entre le sang et l'eau déminéralisée.