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Foresteppe › Mæta
- 2018 • Eilean Rec. 074 • Lim • 150 copies • 1 CD
- 2018 • Eilean Rec. 074 • 1 Téléchargement Web
cd 1 • 14 titres • 58:48 min
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- 13s02e0203:16
- 14s02e1906:05
informations
Enregistré en mai-juin 2017
"L'environnement normatif et ses fluctuations" "Démantèlement incomplet de la forêt-steppe. Episode III"
line up
Egor Klochikhin (instruments, samples, mixage, mastering)
chronique
Egor Klochikhin est un musicien ukraino-russe basé à Berdsk en Sibérie, qui se présente comme venant d’Eurasie du nord, pour moi une façon d’invoquer un très grand espace géographique sans frontières limitées plutôt qu’une appartenance locale. Il oscille entre folk spleenétique jouée à l’aide d’instruments mystérieux fabriqués par ses soins et tape music spectrale, samplée de diverses sources sonores mais avec une prédilection pour les instruments classiques, transformés sous son traitement en boucles obsédantes et mélancoliques. Une démarche qui le rapproche d’autres musiciens ambient de l’ère internet, de Oneohtrix Point Never à Yves Tumor ; mais il est surtout le chef de file d’un réseau d’artistes éparpillés en Russie voire au-delà, de la Sibérie à la Biélorussie en passant par la Carélie… Basés à chaque fois dans de grandes villes régionales dans lesquelles il n’a pas l’air de se passer grand chose, entourées d’une nature infinie.
S’il a commencé à publier de la musique en 2012, et que son alias Foresteppe date de 2013, c’est vraiment dans la deuxième moitié des années 2010 qu’il trouve sa maturité. Et avant le passionnant “Karaul”, qui a fait -relativement- du bruit, il y avait ce “Mæta”, dernier album composé avant son service militaire d’un an et premier publié à son retour, avant donc ce qui a ressemblé à un traumatisme, jalon de sa vie d’artiste... Un disque en apparence moins riche et surprenant que ce qui allait suivre, mais qui ressemble en vérité à l’acmé de la puissance émotionnelle du projet. On y rentre comme dans un cocon douillet, avec la sublime s04e06, merveilleusement arrangée de cordes pincées aussi délicates qu’une larme qui coulerait sur la joue d’Egor. Jamais ses quelques bizarreries soniques ne font barrière à la transmission d’une nostalgie indéfinissable, qu’on devine issue d’un contexte spatial grandement étranger mais qui arrive à toucher à l’universel. Il y a bien une âme russe ici, une manière de rendre sublime le désespoir ; et ces boucles spectrales sont porteuses d’une étrange familiarité, à la manière d’un Boards of Canada même si les moyens employés diffèrent presque complètement.
“Maeta” est fragmenté en diverses plages qui se rejoignent sur leur démarche. Ca et là, une boucle va être plus granuleuse, les arrangements plus délicats (les fascinants bidouillages de s02e09), la mélodie plus frontalement menaçante (la lugubre s08e21, parsemée d’éclats sonores lointains comme un champ de bataille fantôme, tandis que l’instrument joué par Egor lâche des râles d’agonie), l’ensemble plus irradiant de lumière (la première et l’enchaînement s02e12-s05e14, ouch)... Une construction d’album que je n’ai pas tout de suite apprécié, mais qui m’évoque désormais d’arpenter une toundra brumeuse, allant se réchauffer auprès de feux de camp maintenus par des fantômes qui raconteraient la triste et poétique mésaventure qui les a conduits à errer entre ce monde et l’au-delà… Des épisodes, comme suggéré par le nom des morceaux, aussi puissants cinématographiquement qu’addictifs, aidés en cela par la subtilité de la production et la beauté brumeuse d’un son d’une grande profondeur. Comme tous les grands albums mélancoliques, “Maeta” est tout aussi capable de plomber le moral que de réconforter. Il est capable de se montrer un diamant éblouissant, tire-larmes qui arrive à échapper au mièvre et au pathos, écueil dans lequel Egor Klochikhin tombera parfois lui-même. Un compagnon de solitude solide comme un roc avec ce qu’il faut de bizarrerie pour exciter l’oreille avertie.
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- Tallis › Envoyez un message privé àTallis
Trop tôt pour noter mais les premières écoutes ont un fort goût de reviens-y.
- nicola › Envoyez un message privé ànicola
Avec des titres comme ça, soit c’est de l’ambient, soit c’est expérimental. Sinon, en Sibérie, il y a aussi Kirill Platonkin qui fait de l’ambient.