De l’aveu même de Chako, Jack or Jive Lights se voulait un side-project moins sombre que les productions habituelles du groupe, quelque chose de plus léger… Mouais, si effectivement, ‘A solo exhibition’ sonne moins tragique, il ne s’en révèle pas plus accessible et même plutôt assez perché dans son ensemble. L’écriture s’axe comme toujours sur le minimalisme et la répétition pour tisser des ambiances hypnotiques et prenantes, sauf que cette fois, elles partent sur quelque chose qui pourrait évoquer l’enfance mais version Alice au Pays des Merveilles (pas la version Disney, si vous voyez ce que je veux dire). ‘Venus’ débute par un drôle de jeu de percussions étouffées et s’engouffre dans une voie évoquant les Cocteau Twins époque ‘Blue bell knolls’ en plus flippant; les nappes sont diaphanes, incrustées de gouttes de piano froid mais les percussions piègent le morceau sur terre, le fond de l’air est mélancolique et le timbre spécial de Chako confère une aura légèrement décalée. Personnellement, c’est justement ces éléments qui dégagent un charme doux et vénéneux, évitant une perfection heavenly trop ennuyeuse. ‘A picture of a dancer’ est une magnifique petite musette pour enfant aimant les araignées; Chako essaie effectivement des techniques de chant moins tragiques, plus spontanées mais ne s’en révèle que plus étrange, presque maladroite et irrésistible justement… ‘Peace and money’ sonne encore plus bizarre, presque une version nippone de Björk, tandis que ‘Leave the nest’ évoque une jeu d’arcade mais dans un ciel nocturne et étoilé. Chassez le naturel, il revient au galop; à partir du magnifique ‘A boy’, on se rapproche quand même diablement de l’essence de Jack or Jive, en plus expérimental sans doute, le morceau étant rythmé par une drôle de batterie étouffée en arrière plan et dessinant des contours âpres à base de notes de guitare pas vraiment dissonantes mais pas loin. Les chansons suivantes confirment, c’est presque à une forme industrielle pop que s’attaquent les Japonais et on se demande bien en quoi cette musique est ‘light’. Ce que j’apprécie chez ‘Tapestry’, ce sont les influences asiatiques en filigranes, quant aux deux dernière pièces, on les confondrait assez volontiers avec des titres de Jack or Jive de par leurs climats ambient. J’ai lu quelques chroniques parlant de ce disque comme le plus doux du duo… A se demander si les gens l’ont écouté. Il démontre clairement une manière différente de travailler mais ne s’en révèle que plus fou, inaccessible, mystérieux; plus direct en apparence mais d’autant plus déstabilisant. Indispensable pour compléter votre collection de Jack or Jive. 4,5/6