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Děti Deště › Poslední Fext

cdr • 5 titres • 41:30 min

  • Poslední Fext
  • 1Air1:46
  • 2Instinkt Jazz13:51
  • 3Time Machine8:52
  • 4Railroad Tycoon6:24
  • Live Bonus
  • 5Enrico10:35

informations

line up

Bugrr, Filda, George, Romi

chronique

En guise de premier album, Děti Deště balancent ce qui ressemble bien à une pure session d'impro – enregistrée d'une traite ou pas, on ne saura pas, la sensation d'absolue spontanéité, en tout cas, y est. Le disque, semble-t-il, est en fait la B.O. d'un film documentaire du même titre, signé par un certain Lukáš Houdek, à propos d'un dénommé Karel Šebek, « dernier des poètes surréalistes », d'après le réalisateur, qui précise aussitôt que des mots « poète » et « surréaliste », il faut cependant faire un usage très précautionneux, en l'espèce. Le mot « Fext », quant à lui, n'a pas, apparemment, de traduction officielle, depuis le tchèque ou dans une autre langue – tout juste nous dit-on qu'il s'agirait d'une espèce de spectre. Bon.

La musique du groupe, ici, peut surprendre, en tout cas, quand on connaît la suite des événements. Pour son caractère encore entièrement instrumental, déjà (hormis le bonus live, Enrico), mais ce n'est au fond pas le principal. Non, ce qui diffère, là, c'est surtout cette forme, encore peu ramassée, très peu noise, finalement – même si le son, par moment, se bruite déjà, sature. Ce sont, passée l'intro – qui comme son titre l'indique, drone brièvement histoire de dégager l'air ambiant – des plages plutôt longues, qui se déploient ici. Dérivantes, aussi, se permettant des moments de suspension, comme pour que chacun écoute tous les autres avant de lancer une nouvelle idée. La trame, pour autant, déjà répétitive, d'accord, mais les consistances variant, l'intensité du maillage. Ça sonne jam, tout simplement. Rock, peut-être bien, plus que sur les albums d'après, plus « classiquement ». Avec certes, déjà, cette tendance à sonner « industriel » – moins pour le bref épisode/solo de disqueuse (ou ponceuse, ou autre lutherie alternative... un outil quoi, on m'aura compris) qui traverse à un moment le paysage, que pour cet acharnement à faire tinter tous les éléments rythmiques comme autant de bidons martelés, de barils cabossés dans un quelconque terrain vague d'une zone désertée, au sol pas forcément, comme il faudrait, décontaminé. Par-dessus, s'intriquant, se logeant dans cet espace, des guitares cherchent, phrasent jazz, rock-de-hippie – c'est ça, à vrai dire, qui fait étrange. C'est ce qui, pour l'oreille habituée à leurs autres travaux, sonne exogène, inattendu. De fait, on a plus d'une fois l'impression de se trouver lâché là dans un drôle de moment – quelque part entre les première performances de Test Dept (le groupe/collectif anglais), du Neubauten des tout-débuts voire des vieux rituels sans dieux de Crash Worship, d'une part ; et d'autre part, de se retrouver spectateur d'un concert du Grateful Dead, de Quicksilver Messenger Service ou de Country Joe, quelque part en Californie circa 1966, jazz sans queue ni tête inclus. En gros, bien sûr, toutes ces références lâchées à l'arrache, pour donner une idée ! À l'arrache ou à la cool – comme eux semblent arriver, pour cette fois, la mâchoire desserrée mais le corps toutefois tendu, l'écoute active, réactive.

C'est plaisant, frais, ça n'a pas eu le temps, à travers les années, de sécher pour nous parvenir mort et momifié. Des gris froids ou bouillants des disques en studio qu'ils sortiront bientôt, on ne perçoit même pas vraiment, encore, l'amorce, les ombres. C'est encore ailleurs, oui – selon les sources, on n'est pas sûr, en passant, que d'autres que Bugrr y soient déjà, qu'on retrouvera plus tard. Ça fait de la place – en eux peut-être, dans nos oreilles sûrement – pour cet « ensuite » prêt à nous déferler dessus. Ça tapera vite plus fort, plus lourd, plus prompt à ruminer les rues qu'à folâtrer bucolique dans quelques floraisons, fussent-elles imaginaires. Ça n'empêche pas – qu'on y prenne plaisir. Ça n'implique pas qu'on déclare la chose irrecevable ou dépassée. C'est une autre « machine à temps » – comme dit le titre de la troisième plage, oui. Moins pour y voyager – dans l'une ou l'autre direction – que pour le traiter, le malaxer, l'étendre et le concentrer. Ma piste préférée, d'ailleurs, sans doute, cette Time Machine – avec ses timbres de percussions métalliques qui me font rêver à mon lave-linge se muant en manège, en une sorte de grand huit où on se bringuebalerait à l'aise, en se demandant sans impatience ni appréhension, ou juste ce qu'il faut des deux, si le bidule passera, à un moment ou l'autre, en mode essorage. La plage suivante s'appelle Railroad Tycoon, tiens, comme la série de vieux jeux vidéos – il me semble bien, en parlant de ça, qu'un des volets basé sur le principe, s'appelait Rollercoaster Tycoon, qu'il s'agissait précisément d'y développer ce genre d'attractions. Ça roule aussi, question rythmique, l'affaire. Je vous laisse y entrer. La barrière est ouverte, en attendant qu'autre chose, sous le même nom, s'y engouffre et s'y mette à bouger autrement.

Bon
      
Publiée le samedi 2 mars 2024

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