Vous êtes ici › Les groupes / artistes › P › Portobello Bones › 女 (Nu)
Portobello Bones › 女 (Nu)
cd • 11 titres • 46:11 min
- 1Beauty Queen4:05
- 2Rite of Passage2:59
- 3I'm Fat, You're Thin5:52
- 4It Will Wash Out2:44
- 5Valium4:03
- 6Dear3:17
- 7Transgression3:33
- 8Dad, My Teacher4:14
- 9Zouleikha4:30
- 10Tough Life4:30
- 11Where Could I Go?6:21
informations
Enregistré par Jacka Garvanault et Peter Deimel au Studio Black Box.
line up
Lionel Fahy (guitare, voix), Jeremy Johnson (basse), Franck Lepêtre (batterie)
chronique
J'ai toujours trouvé quelque chose de très touchant, au Portobello Bones de cette époque, des débuts – encore très peu metal, encore dans la frappe sèche et la déclamation contrariée, le son pas si lourd que ça mais sale à en suffoquer. Un truc poignant, oui, sous le bruit – le noise-rock, le hardcore déjà post – parce qu'il tient de la vie dans les débris, dans les habitations par d'autres abandonnées ou barricadées, où l'on entre en faisant sauter quelques planches et où on se chauffe en se raccordant furtivement aux lignes haute-tension les plus proches. Un son très squat – ceux où, il me semble, ils tournaient alors, en France et ailleurs. Un son très « alternatif » de cette époque. Rien de ramenard. Des scènes, des groupes à l'énergie crépitante, explosive – mais jamais portés sur la frime, l’apparat, la flambe. On se cogne à la grisaille, les jours de ciel bas sur Tours – comme d'autres au même moment se cognent aux cieux bas d'Angers, de Lyon, Saint-Étienne, Auch, Montpellier. On résiste. On fait des groupes et des fanzines, on monte des salles dans des friches et des caves.
Ce Portobello ci, donc – encore bien punk sur la forme (et qui je crois le sera jusqu'au bout quant à l'éthique, avant d'en finir) – a toujours eu quelque chose d'émo, oui, à mon oreille, sentiments, idées en paquets compressés trop longtemps, en nœuds qu'on arrache. Groove rêche, riffs oxydés, chant-dépêche, bulletin d'info, état-des-lieux – je me rappelle une interview où ils disaient piocher leurs textes en découpant, combinant des extraits de presse et autres mannes de mauvaises nouvelles, de récits de ce qui ne va pas, ne tourne pas rond, a tout pour finir mal. (C'est sûr, ça laisse du choix...). J'ai toujours trouvé quelque chose d'indus, aussi – au sens où les barres de HLM, les tunnels désaffectés, les restes d'usines, sont des espèces de cavernes, d'habitats post-industriels où l'on fait sonner les carcasse et pièces recombinées des machines mortes, tant qu'on est, profitant comme ça, comme on peut, d'être encore en vie. Indus au sens baril-brasero. Il n'y a pas de substance (Valium) qui pourra nous faire mieux dormir. Il n'y pas de canon à quoi (I'm Fat, You're Thin) il serait décent, pensable de se conformer. Il y a ce très long sample de discours, à la fin d'un morceau (Zouleikha), dont je ne comprends toujours pas un mot mais qui me saisit toujours à la gorge, au ventre, qui se continue dans les sifflements de larsen. Une voix de femme toute vibrante de colère, d'émotion, une langue que je ne comprends pas – de l'arabe ? du farsi ? … Il y a les Reines de Beauté, en ouverture – et ce type qui dit qu'il ne sera jamais plus l'une d'elle. Il y a ce symbole sur la pochette, qui fait titre – dont j'ai toujours entendu dire qu'il se prononçait « nu », et dont le sens, en chinois (simplifié), semble être « femelle ».
C'est rauque et tendu, ce Portobello de 1995. C'est... Nu, aussi, oui, jeu de mot ou pas. Ça ne respire pas la joie mais rien n'y sent la défaite, l'abandon – quand on se déleste de l'idée qu'il peut y avoir victoire, que ça faudrait quoi que ce soit, c'est autre chose qui se met en branle. Tout exhale l'odeur de ces scènes là, ici, oui – contrées et années. Mais rien ne sonne tout-venant, ça ne s'est pas affaibli, ça garde la forme exacte que ça imprimait, quand on écoutait, qu'on entendait ça, à l'époque. Foutrement attrapant. Indéfinissablement voilé. Affreusement, magnifiquement concret. Les lignes dures et les portes ouvertes, accueillantes, une chaleur à l'intérieur. C'est dans celui-là, chez eux, que je me sens le mieux, toujours, depuis le temps.
Et puis « Where Could I Go? », de toute façon, ils concluent. Où pourrais-je bien aller... Bonne question, en fait. Pas conçue pour qu'on se pose, tranquille. Pas faite pour qu'on en tire des plans, des permis de construire dans de froids quartiers-modèles.
Dans le même esprit, Dioneo vous recommande...
dernières écoutes
Connectez-vous pour signaler que vous écoutez "女 (Nu)" en ce moment.
notes
Note moyenne 3 votes
Connectez-vous ajouter une note sur "女 (Nu)".
commentaires
Connectez-vous pour ajouter un commentaire sur "女 (Nu)".
- born to gulo › Envoyez un message privé àborn to gulo
Condense est totalement culte dans le milieu noise, hein, ça me fait parfois me demander si j'ai bien fait de revendre Genuflex y a bien longtemps... Mais je crois que j'ai jamais réussi à y entendre ce que je lis les autres, et que je voudrais entendre aussi parce que ça a l'air super vachement bien.
- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Bah je trouve qu'il raccroche assez mal à un truc dans l'air à l'époque, Eden On Earth, alors que le reste de la disco est quand-même bien perso ! Mais je développe bientôt, donc...
- Note donnée au disque :
- Thirdeye › Envoyez un message privé àThirdeye
Le portobello amigos a pas mal tourné dans mes oreilles même si c'est vrai, tout n'est pas bon (Horma je ne m'en souviens plus beaucoup..) Refuse to keep silent c'est peut-être le plus abouti ?! Je l'aime bien en tout cas.. Alors que Eden on Earth sans être mauvais loin de là c'est celui qui me parle le moins
- Note donnée au disque :
- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Condense de Lyon, où j'étais (enfin, en banlieue pour ma part) à ce moment là, donc on entendait parler pas mal aussi mais oui, sans doute encore plus oubliés, là où des groupes comme Deity Guns puis Bästard on marqué plus durablement les esprits (en partie sans doute parce que les mecs ont continué - Bästard un moment donc puis les mêmes fondant Zëro...). Portobello Bones, je vais continuer la disco je pense - j'ai curieusement un souvenir plutôt vague de Refuse to Keep Silent, leur disque qui avait été le plus acclamé par la critique, alors que j'ai pas mal écouté ce Nu au cours des années entre temps, un peu moins le précédent (celui aux poissons) et pas mal Horma, aussi. Et... Bon, j'ai vraiment toujours eu du mal avec Eden On Earth mais on en causera aussi pour faire un peu exhaustif question "longs formats" (ainsi que du Portobello Amigos, qui est toute de même bien cool même si pas mal disparate).
Message édité le 18-02-2024 à 18:14 par dioneo
- Note donnée au disque :
- Thirdeye › Envoyez un message privé àThirdeye
https://youtu.be/EkTNmgqCoe8?feature=shared pour finir je conseille ce documentaire sorti en VHS en 99 intéressant et enrichissant vis à vis aussi de leur indépendance et toujours resté dans le DIY..
- Note donnée au disque :