Deux titres, deux pochettes, un disque. ‘The Church’ est en réalité le tout premier album des Australiens, ‘Of skins and heart’; vu son succès en Australie, le producteur le proposera à des labels français (Carrère) et américains (Capitol Records) qui accepteront de le sortir (cela explique peut-être le fait qu’il n’y ait pas besoin de vendre un rein pour se le procurer) mais en modifiant légèrement la tracklist. À son écoute, je mesure la raison des tentatives d’une poignée de journalistes tels que Mick Mercer ayant souvent tenté de placer les Australiens dans des discussions sur le goth rock. Il va de soi que The Church ne sont pas un groupe du style et pourtant… Le chant plaintif, les guitares froides, une forme de groove dans la rythmique, le soin apporté aux mélodies, nous ne sommes pas si éloignés de ces formations des 80’s issues du terreau rock mais flirtant avec la cold wave, qui ne se contentaient pas de balancer de l’électricité mais cherchaient à créer des ambiances. Les Australiens n’ont pas encore clairement développé leur style, un croisement entre pop et complexité avec des éléments psychédéliques froids et un voile mystique, mais ils dégagent une fougue juvénile communicative qui laisse à penser qu’il reste quelques pellicules punky sur leurs épaules de costards sombres (l’intro de ‘Memories in future tense’). Une écoute du progressif transparait malgré tout déjà avec des morceaux comme ‘Is this where you live ?’ avec ses nombreux changements de rythmes et ses atmosphères mais elle ne fait qu’affleurer pour l’heure, inutile de trop tergiverser sur le sujet. Cet aspect plutôt direct sied bien à la formation et démontre un vrai talent pour le songwriting, beaucoup de chansons se présentant comme des tubes potentiels (‘For a moment we’re strangers’, ‘Chrome injury’, le single ‘She never said’ pas forcément musclé vocalement mais aux lignes de guitare irrésistibles et subtiles, ‘Memories in future tense’ ou le plus lent ‘Don’t open the door to strangers’ qui serait une version dépouillée du ‘L.A. rain des Rose of Avalanche’…). Beaucoup ont relevé un léger manque d’assurance par rapport au suivant (prouvant que nos Australiens en voulaient et ont progressé rapidement) mais personnellement, il me correspond parfaitement et fait aussi le charme du skeud. Tout le potentiel de The Church est en place mais avec une approche plus directe qui me parle complètement…