‘A priori, on peut se demander ce qui différencie Kirlian Camera et Stalingrad puisqu'on retrouve dans ce side-project Angelo Bergamini et Elena Fossi.’, écrivais-je lors de la chronique de ‘Court-Martial’, sauf qu’aujourd’hui tout distingue les deux projets vu le lamentable gâchis qu’est devenu Kirlian Camera… De fait, Stalingrad devenu Stalingrad Walkyrie incarne aujourd’hui bien d’avantage l’âme véritable du projet de Angelo Bergamini et même si une fois encore la sangsue Elena Fossi se taille la part du lion, il faut admettre que c'est du solide. ‘Roma MMXXXIII’ démarre avec des ambiances instrumentales martiales et graves, la parfaite intro cliché mais efficace sur laquelle enchaîne ‘No absolution’ mêlant dark wave exigeante avec sonorités de cordes tendues, vocaux éthérés tristes, tempi lents et secs, refrains lyriques, une parfaite b.o. d’exil hivernal sur une route d’U.R.S.S. d’avant-guerre. EBM et tranchant, ‘Heiliger Regen’ se profile comme une tuerie dancelfoor avec vocaux froids, choeurs masculins tranchants comme des fouets, on retrouve sensiblement le savoir-faire qui caractérisait Kirlian Camera jusqu’au début des années 2000 mais avec des sonorités nettement plus modernes et moins nostalgiques. Cet aspect agressif se retrouve sur ‘War Aurora’ tout aussi remuant, grinçant, puissant. L’excellent (trop court) instrumental ‘Nordanx’ avec son jeu de percussions roulant et tribal démontre le talent pour tisser des climats tout en conservant une vraie audace. Malgré tout l’importance reste aux ambiances tragiques et cinématographiques, sur des pièces instrumentales (‘Umbra tertia’ avec ses lancées de cuivre endeuillées, ‘Das gold der Dunkelheit’), d’autres écrites à base de nappes grandiloquentes en soutien de la voix de Elena Fossi un brin trop lisse pour moi mais qui reste efficace et pertinente (sa performance cabaret martiale de ‘I dimenticati’ est remarquable), avec parfois un accent accru sur l’électronique (‘Prayer detector’). Donc, oui, au final, même si je n’ai jamais fait secret de mon antipathie vis à vis de la chanteuse qui a selon moi phagocyté et pourri un projet que j’adorais, ce disque side-project sonne comme un hoquet glorieux hautement réussi (plus cohérent même que le premier opus) de nature à rendre vraiment nostalgique de la belle époque. Si seulement les artistes pouvaient retrouver encore cette osmose créatrice !