J’ai d’abords cru que ‘Christophe-Philippe’ était une de ces boutades de hipster cold wave, du style à user volontairement de prénoms ringards d’une autre époque comme l’archétype du cool, mais en réalité c’est d’inculture de ma part dont il s’agit puisqu’on parle simplement du prénom d’Oberkampf… Personnage qui a carrément donné son nom à ce trio de DJs munichois, comme quoi… Le groupe fait effectivement partie de cette nouvelle vague cold/dark wave designant ses croix à l’envers comme on trace des figues géométriques, laissant cohabiter mulets à la Jeanne d’Arc et cheveux crêpés, fluo et noir, avec un pied enraciné dans les 80’s mais aussi dans la culture technoïde à l’époque où elle était créative. J’étais donc plutôt méfiant au départ mais à tort; d’une certaine manière j’y retrouve même quelques aspects du Kirlian Camera des 90’s en plus dancefloor. Naturellement on croit identifier le bousin rapidement: synthés, beat dansants secs, voix féminine désincarnée alternant plusieurs langues (français, allemand, anglais), les clichés de la dark wave actuelle. Probablement mais cela n’empêche pas la qualité, d’abord car le chant varie entre mélodie, spoken word philosophique, douceur et menace, aidant de fait à la variété de l’album. Le combo parvient aussi à dégager quelques morceaux réellement marquants tels que le glaçant ‘Kalt’ plus agressif, proche de l’EBM, sur lequel les choeurs masculins martiaux sont du plus bel effet ; une parfaite b.o. pour club fetish. Il y a aussi ce troublant ‘Tokyo’ mélancolique et apathique à la fois, ‘Deine Worte’ sonnant comme une version agressive de Vive la Fête avec des relents de Die Form. Certaines compos sont clairement orientées pour le dancefloor mais le groupe va plus loin, avec des moments plus aérés, moins directs. On remarque aussi que le trio connaît son sujet et a l’habitude de squatter derrière les platines, manie ses ambiances comme un club compte plusieurs salles. ‘Christophe-Philippe’ se révèle donc un hôte intéressant avec lequel on passe un bon moment.