Il y a quelque chose de si féminin, presque doux et sexy, dans ce mot, ‘morphine’… Couplé à ‘angel’, il est clair que nous tenons là le blase parfait pour un groupe. Morphine Angel sont originaires du Nebraska et comme je ne m’y suis jamais rendu, impossible de me souvenir comment je les ai découverts encore moins comment j’en suis arrivé à m’acheter ce cd. Bien m’en a pris malgré tout. Voyez-vous, cher(e)s petit(e)s ami(s), tel est l’intérêt de s’acheter du physique plutôt que de stocker des montagnes de fichiers qui se dilueront dans les méandres d’un disque dur; trois ans à sommeiller dans ma collection et pour x raison, en fouinant pour prendre un truc à écouter, un merveilleux hasard m’a fait saisir celui-ci. Ma première impression est qu’il siéra parfaitement aux fans de Black Atmosphère, il y a clairement un parfum de décadence batcave dans cette musique-là, notamment de par le timbre du chanteur. Musicalement, le combo puise plutôt dans une veine gothique old school qu’il teinte parfois d’un grain légèrement rêche pour la guitare, une tendance peu étonnante dans les 90’s aux USA. Le départ de l’album donne assez vite le ton: production froide, décadence sombre réelle… Cependant dès ‘Fine homeland’, Morphine Angel dévoile des ambitions plus profondes notamment en termes d’atmosphères. Les loops de vocaux féminins en intro, les bribes de discours menaçantes, un chant se dévoilant plus expressif dans son registre entre pose dandy blasée et une colère sourde. Ce sentiment se confirme sur la pièce suivante, ma favorite, nocturne, intime, d’un calme qui vous râpe l’intérieur par sa tristesse fluide et inéluctable. Oui, décidément, ces Américains semblent avoir plus d’une carte dans leur jeu. Ils n’hésitent pas à se frotter au punk rock (‘Razor dag’, ‘The pit’), certains riffs acérés au grain de papier de verre laisse poindre qu’ils ne sont pas insensibles au charme de Ministry (‘The pit’, ‘The gate’) mais la pièce maîtresse reste à mon sens le chant. Et soudain, que découvre-t-on ? Que le monsieur a été le vocaliste DU projet sombre made in Nebraska: For against ! Tout s’explique, ce d’autant que l’homme a été actif dans la scène punk de Lincoln dès le début des 80’s. Morphine Angel appartiennent à cette catégorie de groupes goths ricains des 90’s ayant hélas glané peu de renommée internationalement, à la carrière souvent brève et qui ont pourtant livré des disques percutants à défaut de chefs-d’oeuvre (je songe aussi à Usherhouse, Carmilla’s dress, Beryl Beloved). Les trois ultimes chansons capturées en concert à Athens témoignent des possibilités, c’est lourd, sombre, rien de froid et cristallin. Ayant découvert qu’ils avaient sorti un premier opus en 1995, je l’ai aussitôt commandé… 4,5/6