J’ai appris dans une interview que Drama of the Spheres étaient influencés par King Crimson (entre autres). Je crois que je comprends pourquoi bien que je ne sois pas non plus un éminent spécialiste du Roi Cramoisi et que je ne puisse l'expliquer scientifiquement. Derrière le dépouillement apparent, chaque note qu’elle soit exprimée ou non compte. Le groupe le confirme, il n’aime pas les rythmiques fluides; la batterie privilégie les rythmes hachés, saccadés, jamais trop rapides, elle marque avec le chant l’ossature des compositions, autour ne subsistent que des interstices que l’on remplit avec parcimonie comme le ferait un orfèvre. ‘Undrawn subtitles’, c’est exactement ça, tout est là, il faut savoir le lire… Ecoutez le fabuleux ‘In a bad Way’, sa petite ligne de piano de bonne famille qui va serpenter pour guider tout au long d’un titre évoluant comme un anaconda géant ensommeillé, quelques riffs acérés, électriques mais impossible de les chasser, elle et sa douce tristesse. ‘Fake success’ et son début, de l’électro industriel bateau à en juger par l’intro ? Perdu, ça retombe aussitôt pour nous imposer une tension qui n'explose jamais ouvertement; même la libération, il faudra se l’inventer malgré les quelques attaques électriques, elle ne sont pas là pour flatter dans le sens du poil. Ni rebuter d’ailleurs. Tiens ? Une reprise de XTC ? Ils n’auraient pas écouté King Crimson eux aussi ? Coïncidence ? Je ne crois pas, le combo est réputé pour la subtilité de ses instrumentations. Partant du deathrock/batcave, les Drama of the Spheres ont su se créer un style mutant n’appartenant qu’à eux, une forme d’industriel mais qui se joue dans un asile en ruines se réduisant à un théâtre guignol à l’image de la vie, macabre, drôle parfois, iconoclaste toujours. Ces montées, ces cassures, ce jeu vicieux de tension/relâche doit être épuisant pour les nerfs ? Encore raté, pour qui a les bons codes, trouve la bonne porte, on se laisse capter par cet univers qui certes malmène mais n’agresse pas. Par contre, niveau émotionnel, c’est sans pitié, ça y va dans la tripaille des deux griffes et ça malaxe. Les Messin réussissent brillamment depuis plusieurs album ce que les pourtant incroyables Tétines Noires avaient raté avec leur side-project Lt-No. Si Ministry cherchaient à être subtils (même si ce n’est absolument pas ce qu’on leur demande), ils pourraient se servir de ce disque comme étalon.