Tor Lundvall & John B. McLemore › Tor Lundvall Presents: Witness Marks - The Works of John B. McLemore

Tic-toc-tic-toc…

Vous reprendrez bien un peu plus de moins ? Non, pas « less is more », cette phrase toute faite pour gatekeeper à gogo. Moins de musique, moins de mélodie, moins de son, moins de tout en fait. Juste ce qu’il faut pour imprimer le silence du rythme sinon invisible du temps qui passe.

Tic-toc-tic-toc…

Si vous avez fait partie des quarante millions (!) de personnes qui avaient téléchargé le podcast S-Town en 2017, vous connaissez l’histoire de John B. McLemore, horloger dépressif coincé dans une petite ville de merde en Alabama (d’où le titre du podcast, aussi célébré que controversé), intello sensible et intarissable, vivant seul avec sa vieille mère dans un domaine où il s’était construit son propre labyrinthe végétal. Mais ce n’était qu’une partie de l’histoire. Non content d’être un orfèvre de l’horlogerie, McLemore avait envoyé à l’artiste peintre et musicien Tor Lundvall une poignée de morceaux, certains remixés à partir de ceux de Lundvall, ou inspirés de ses peintures qu’ils trouvaient empreintes d’une grande solitude. Puis quelques années plus tard, alors que la production du podcast était en cours, il s’était suicidé en avalant du cyanide de potassium…

Tic-toc-tic-toc…

Insatisfait de ce que l’histoire racontée par S-Town laissait connaître de John B. McLemore, Tor Lundvall décide assez vite de partager les créations sonores de celui-ci. Et c’est au son de carillons d’horloges tintinnabulantes, forcément, que débute ce voyage comme au coeur de ces peintures désolées, ses peintures « les plus sombres ». Des carillons dans la brume, mixés avec l’ambient délicate et mélodique de Lundvall, bercée au son sédatif de l’enregistrement de la pluie. Sur « Dark Springs », John B. appose une patte beaucoup plus drone, à peine un ruissellement de fond qui vient rappeler la présence de l’immense jardin, tout à côté, mais les ondulations sonores se font dark ambient, temps ralenti, photographie du ciel en pause longue, vibrations comme étirées à l’infini, ne cessant de s’effondrer sur elles-mêmes, puis quelques blip, quelque chose d’organique peinant à s’extraire de la toile toujours balayée de pesanteur.

(plus de bruit sinon ceux du jardin, des cigales lointaines, un bruissement, à peine de vent)

Tiens, le sifflet d’un train, dans le lointain. John B. sur le champs, d’enregistrement. Passage tranquille. Passage du temps ? Quand plus rien n’advient ?

Retour dans la peinture, par le jardin. Graines séchées en guise de percussions, accompagner le chant des cigales, leurs ondulations forestières; et sonnettes de serpents en crécelles.

tchk-tchk-tchk-tchkt….

Bruit de meubles qui grincent, comme un navire pourtant échoué à terre depuis bien longtemps. Bois de forêt découpé, travaillé, bois qui travaille encore, capté, glissé et mixé dans la bande-son, qui s’évanouit, pour finir.

(silence)