Dystopia › Human = Garbage

Il y eut un avant et un après certains albums dans ma petite vie d'écoutant. Ce qui passe moyennement est déjà oublié, pas besoin de commenter, à part pour se la péter genre "ouais moi je suis bien plus turgescent par ma critique que ces pourceaux par leur médiocre travail de composition et d'interprétation". Là, sur ce premier (à peu près...) gluon de Dystopia on va commenter. On va dire : "Dystopia, je me souviens d'avant, je me souviens d'après", à l'instar d'autres œuvres dans le genre comme le premier Eyehategod, le premier Grief, cette première écoute de Noothgrush, cette première heure passée en compagnie de Sacrilege ou d'Amebix ou de Neurosis... ces artistes bien à cheval sur plusieurs univers mentaux bien dérangés, et qui par miracle arrivent à être suffisamment lucides pour nous le rendre par briquettes de vomi nucléaire, voilà ce que j'appelle à la maison des "jalons" dignes d'avoir des tonnes et des tonnes de lauriers tressés. Le contexte : début des années 1990, Dino monte cette chose avec deux autres personnes en situation la plus précaire possible ? La légende dit qu'un sortira de taule pour recel de fausse monnaie peu de temps avant l'enregistrement de cet album furieusement nihiliste, dégoûté comme jamais par le comportement humain, on peut même plus le placer sur un diagramme tellement il brûle tout seul, ça fait des trous... Le titre est explicite : nous sommes surnuméraires ; la légende parmi les nombreuses entourant ce disque dit qu'ils ont fait l'artwork avec des bouts de coupures de journaux trouvés dans les poubelles... membres ensevelis, animaux torturés pour la science ou la cosmétique, pollutions diverses, folie ordinaire... comment rendre ceci en musique ? Comme le dit Dino dans une interview récente : "le punk, c'est balancer tout ce qu'on a beugler et puis voilà, faut pas intellectualiser, t'as besoin tu fais ce que tu veux comme tu veux, t'as pas besoin t'es juste un suiveur qui s'ennuie" (je paraphrase...). Ce qu'ils ressentaient à mon avis ce sont des bouffées d'angoisse et de colère extrême tellement les morceaux sont hoquetants, passant sans perdre toute cohérence du rapide au massif au lent au dégoulinant au percussif, multigenré à mort, perdu entre le death, le doom, le crust, le thrash, le ce que vous voulez, le jazzarb, les pauses ne sont là que pour enchaîner des samples morbides et de la double avec des cris insensés, les petits arpèges qui font joli ne sont que des guirlandes à cauchemar, les breaks démontent votre nuque n'importe comment, la guitare la basse ne sont pas là pour chanter mais agonisent à chaque mesure... rien, ici, ne peut donner envie de se relever demain, ça pue les pensées les plus négatives possibles... cet album est toxique, et c'est donc un des chefs d'œuvre du genre. À manipuler avec précaution, pour ceux qui en auraient quelque chose à carrer bien sûr.