‘A thorn in the side of the L.A. music scene’… Née en 1978 quand un Anglo-Irlandais et un Mexicain découvrent qu’ils ont été scolarisés dans une école catholique portant le même nom dans deux pays différents. Les deux hommes décident de collaborer ensemble et vont, en compagnie d’un certain Michael Ochoa et de la chanteuse androgyne Phranc (une future icône du mouvement queercore), créer le projet Nervous Gender, un véritable creuset destiné à s’attaquer à tous les tabous possibles (religion, sexe, musique…). Celle-ci s’en ira assez vite et Don Bolles des 45 Grave rejoindra les rangs en tant que batteur. Au même titre que les Screamers, le groupe est aujourd’hui reconnu comme pionnier de l’électro-punk, à ceci près que leur démarche frise l’industriel parfois. Le groupe se fait remarquer par sa manière de provoquer le public, d’user d’une image sado-religieuse ainsi que pour son son développé autour de synthés malmenés pour en tirer des sonorités agressives et bruyantes. A l’inverse des Screamers, Nervous Gender entreront en studio, une unique fois en 1981 pour sortir leur seul LP, ‘Music from Hell’. Inutile de dire que jusqu’à l’an dernier, il valait une petite fortune mais une fois encore les rééditions auront botté les maquignons en touche (alors, les gars, le karma ?). Le LP s’articule en deux faces, ‘Martyr complex’ pour la A et ‘Beelzebub youth’ pour la B, exhibant deux aspects du même projet. La première oeuvre dans un registre synth-punk avec batterie roulante, synthés stridents, effets crasseux, superpositions de chants possédés, textes provocateurs, humour noir poussé au maximum… Une merveille. Les tubes s’enchaînent, ‘Monsters’, ‘Alien point of View’, ‘Cardinal Newan’ (nom des deux école de Edward Stapleton et Gerardo Velazquez); c’est à la fois les démarches des Screamers et de Throbbing Gristle qu’on retrouve réunies ici. ‘Regress for you’ qui conclut annonce la seconde face par des ambiances bien plus torves et expérimentales. Moins de rythme et un travail accru sur les instruments, ce que confirme ‘Beelzebub youth’ qui sonne plus malsaine et improvisée. On sent des expérimentations accrues sur les synthés, un jeu de sonorités toujours plus folles et des ambiances complètement barrées, moites de sexe louche mais très dark ambient également. La proximité avec Throbbing Gristle est nettement plus évidente (le combo jouera d’ailleurs avec Psychic TV, Factrix, SPK…), ‘Pie on a ledge’ m’évoquant carrément les Legendary Pink Dots version DIY. L’excellente conclusion, ‘Alice’s bag’ voit la présence en guest aux vocaux de Alice Bag, ce qui me permet d’ajouter que les invités sont monnaie courante au sein de Nervous Gender: Dinah Cancer vient gémir sexuellement sur ‘Bathroom sluts’, David Hughes de Bachelor Anonymous crier des insultes sur ‘Fat cow’, sans compter celles et ceux ayant rejoint brièvement les rangs avant ou après le LP. Qui dit réédition dit bonus et il y en a ! Près de 17 titres principalement extraits de concerts, démos mais aussi quelques interludes dingo (‘Praise the lord’). La suite ? Don Bolles s’en ira avec 45 Grave et sera remplacé à la batterie par un jeune punk de 8 ans (!), avant que celui-ci et sa mère ne soit renvoyés en Allemagne deux ans après. Sur le point de splitter, Nervous Gender bénéficiera du soutien de membres de Wall of Voodoo, 45 Grave, s’orientera vers un son plus électrique, partagera la scène avec Christian Death, Kommunity FK, avant que Edward Stapleton s’en aille à la fin des 80’s. Velazquez tentera de ranimer le projet mais décédera du sida peu après. Survivant, Stapleton a aujourd’hui activé une nouvelle mouture intéressante baptisée Nervous Gender Reloaded mais ceci est une autre histoire. En résumé: groupe culte, disque culte, une épine de rose noire...