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Lise Barkas › Mars

k7 • 4 titres • 14:56 min

  • 1Mai4:36
  • 2Avril7:14
  • 3La Bergäre2:18
  • 4Mars0:58

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Enregistré par Erci Bentz, sauf Mars, enregistré par Lise Bakas. Masterisé par Cyril Messon.

Mélodies d'après : Voici le joli mois de mai (Gilberte Albisser) ; Del sieu tort farai es manda (Regrelh/Peirol d'Auvernha).

line up

Lise Barkas (vielle à roue acoustique)

chronique

Parfois l'humeur n'est pas au bal – à l'enjouement, à la contemplation heureuse, euphorique d'une Nature illuminée. Parfois, l'heure n'est pas à la douceur... Et je trouve que ce titre – Mars – colle parfaitement à cette cassette, à cet objet, ce petit quart d'heure.

Mars est un mois glacé – de gelées qui tiennent, s'attardent, pour peu qu'on soit sous les bonnes (ajoutez ou non des guillemets) latitudes. De fontes qui ne libèrent pas, n'amollissent pas encore la terre. L'obscurité s'y attarde, le soleil, jusque tard, ne parvient pas à percer, dissiper les nuées, disperser le givre.

La vielle grince, tout semble y frotter, sortir comme en griffant, en entamant la surface lisse et froide. On y entend tout ce que l'instrument a de mécanique – de construction complexe, d'agencement de pièces solides ou délicates. On y entend tout ce que l'instrument, avec ses timbres en variantes infinies, parfois cassants, brisés, parfois filants, a d'organique. Oui : la vielle est une machine, et cette machine un organisme.

Parfois l'habitat est dur, lui aussi froid, bloc qui limite, bouche l'horizon. Et je trouve cette pochette, là encore, bien idoine, bien trouvée, pour ce qui s'entend ici. Les gris y coupent, y barrent le ciel. On les croit d'abord un seul – masse unie, monotone. On scrute de plus près, on y discerne les reliefs – on remarque le grain, la profondeur de champs de l'image, on y cherche où est le flou, dans quelle zone se fait le point.

Lise Barkas attaque les cordes, fait gémir, siffler, tousser leur métal. Elle laisse surgir ça et là, c'est vrai, au fil de ces quatre improvisations, des bouts, des résurgences, l'itération de thèmes trad, de chansons plus tôt, ailleurs, collectées. Ici, toutefois, elles habitent et s'échappent autrement – ces ritournelles, ces phrases. Elles se heurtent, on dirait, à ces cieux enfermés, à ce béton qui dessine de dures perspectives. Elles se raidissent, à leur tour – se cabrent et claquent pour rester vives, vivantes. Et puis avant, après – le plus souvent – ce sont encore, d'abord ces espèces de clusters, de complexes de fréquences, l'archet infini de la roue qu'elle actionne, ces cordes qu'on dirait tirées, les entrailles de bois et d'alliages que ses doigts semblent manipuler directement, « à même », triturer et relâcher comme « on » n'apprend pas, comme dans l'apprentissage « on n'est pas censé faire ». Tout est joué en acoustique – mais on croirait entendre des charges qui se percutent, se mêlent, se contrent, se nouent et font nuages, nuées, une électricité qui troue les timbres, les déchiquette en même temps qu'elle les multiplie. C'est que la vielle – on le répète – est un corps, et que tout corps amplifie, absorbe, rend autrement ce qui passe par lui.

Ça pourrait être austère mais non. C'est intense, à la place – passage (ou étape, refuge, repli ?) bref mais physique, passe abrupte mais nette dans ce paysage désert ou bien trop dense qu'elle semble traverser, où elle semble s'arrêter le temps de cette longueur de bande où Mars s'est logé. L'hiver, quand on s'y tient, est une belle saison aussi. Il s'agit bien ici, de ne pas s'y assoupir.

note       Publiée le vendredi 17 novembre 2023

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