John Zorn › Music and its double

Voilà un disque de John Zorn particulièrement dur. Il fait partie de ses compositions de musique classique contemporaine et il propose ici trois pièces hétérogènes bien distinctes, mais toutes énergiques. Cela commence par un concerto pour violoncelle vraiment saccadé et un peu trop rapide dans ses enchaînements à mon goût. La pièce est complexe avec beaucoup d'ambiances et de parties différentes qui changent (trop) rapidement. En fait, j'ai parfois l'impression que le disque va trop vite, qu'il est en mode accéléré. Il ne laisse pas le temps aux ambiances de se poser. A peine on commence un thème que déjà cela part dans une autre direction, les contrastes sont mal exploités selon moi car chaque partie est trop courte, ne permettant pas de s'imprégner de son atmosphère. Il y a une véritable sensation de vitesse et d'urgence ici alors que j'aurais préféré une pièce plus longue qui laisse le temps à la musique d'être bien ingurgitée. Les onze minutes passent trop rapidement sans que j'ai eu le sentiment de réussir à rentrer dans la composition. Cela enchaîne avec la deuxième pièce, découpée en 4 parties, "Ceremonial magic". Je vous avais déjà parlé de cette pièce sur sa version violon en solo sur "Lemma", sorti 6 mois après ce "Music and its double". Là, sur ce premier enregistrement, il s'agit d'une version en duo violon-batterie. L'aspect énergique est bien retranscrit, il y a bien plus de rythme que sur la version de "Lemma" (particulièrement difficile d'accès !). Le rendu est bien meilleur et moins difficile à appréhender. Le mélange batterie/violon est bien géré. La composition reste tout de même très complexe avec de nombreux à coups. L'aspect saccadé peut même faire penser parfois à de la musique de cartoon, accentué par la dynamique de la batterie. Après, même si les deux instruments se complètent bien, là, à l'inverse d'"A rebours", c'est la longueur de près de 20 minutes qui est plus difficile à s'enquiller ! "Ceremonial magic" reste une composition dure, partant parfois dans tous les sens mais en gardant malgré tout une certaine homogénéité dans ses atmosphères. Cette version avec une batterie donne cependant plus de relief et son apport de percussions est en totale cohérence avec la composition. Le disque se termine par "La machine de l'être", une pièce en trois parties, un opéra court avec une soprano et un orchestre. Je suis moins friand des pièces à chant que je trouve souvent en trop grand décalage avec les instruments. J'ai un peu de mal à faire abstraction du chant et c'est le cas à nouveau ici. Pourtant la musique plus posée me plaît davantage. Le chant peut par moment ajouter des lignes inquiétantes en lien avec la musique et c'est là où le rendu est le plus intéressant, avec une atmosphère sur le qui-vive, sombre, aidée en cela par une harpe ou quelques timbales opportunes. Il s'agit du morceau que j'apprécie le plus dans ce disque. A nouveau, on a affaire à un album de compositions classiques difficile d'accès et même après plusieurs dizaines d'écoutes, il est compliqué de vraiment bien le cerner. il s'agit, avec le suivant "Lemma", d'un des disques de cette série les plus compliqués à bien comprendre. A vous de jouer !