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La Race › Drancy Ostinato
- 2018 • Tendresse (pas de cote) • 1 LP 33 tours
- 2018 • Et Mon Cul C'est Du Tofu ? (pas de cote) • 1 LP 33 tours
- 2018 • Degelite (pas de cote) • 1 LP 33 tours
- 2018 • Urin Gargarism Records (pas de cote) • 1 LP 33 tours
- 2018 • Oniz (pas de cote) • 1 LP 33 tours
lp • 4 titres • ??:?? min
- A
- 1Merci pour rien??:??
- 2Coup de boule dans le coccyx?:??
- B
- 3Grande seringue de brune?:??
- 4Né pour servir?:??
informations
Enregistré, mixé et masterisé à Drancy en mars 2018 par Vincent Gregorio aux établissements Montasson & Fils, peinture et ravalement.
Photos : Joseph Charroy. Graphisme et impression : Pierre Faedi/Gargarismes. Coproduction Tendresse/Et Mon Cul C'Est du Tofu ?/Urin Gargarisme Records/Degelite/Oniz.
line up
Romain Bouge (Bâton) (batterie), Pavel (guitare, chœurs), Romain Putevie (Romain Scrap) ( chant)
chronique
La Race et sa violence sèche. Toujours la même chose ? Jamais la même vitesse. La consistance toujours dure, cassante, la couleur toujours absente – ces gris là sont pourtant détaillés, le grain jamais vraiment le même d'un disque à l'autre mais rien à faire, on aurait du mal à appeler ça vraiment comme ça : de la couleur. Des nuances, alors ? Je ne sais pas trop – j'ai presque l'impression que ça leur ferait injure, comme terme. En même temps, ce n'est pas comme s'ils se gênaient, eux, d'accord. TA GUEULE ! DÉGAGE ! TA GUEULE ! DÉGAGE ! (GRMMBLMBLL) JAMAIS MERCIII ! MERCI POUR RIEEEEN !
Drancy Ostinato fait partie de ces rares disques pour lesquels ce vieux gimmick critique – « l'écouter en entier relève de l'épreuve de force » – est autre chose qu'un cliché réflexe, qu'une exagération. Tout y est douloureux – quand ils prennent bien leur temps de nous rouler dessus au ralenti (ce Merci pour rien qui ouvre la face A, donc) comme quand ils accélèrent (Né pour servir, qui ferme la face B). Ici, en plus – sur Grande seringue de brune, quand ça les prend – ils se permettent des espèces de décrochages de tempo, des breaks qui en l'espèce n'ont pas volé leur nom, tant ils viennent encore plus nous casser, nous agresser. Tout est dégueulasse. Tout est aride, primaire. Tout est ferrailles et plastobéton. Romain gueule toujours façon Homme de Tautavel des insanités dont on ne comprends pas le tiers – et c'est déjà bien assez. Bâton, à la batterie, donne toujours l'impression de vouloir concasser son set pour pouvoir nous en jeter mieux les débris et poussières à la gueule. Pavel ramène encore la guitare à l'usine – la ravale au rang de machine de fabrique, de pièce industrielle comme une autre, dans le froid, sous le toit du hangar. C'est toujours méchamment accrocheur, aussi – « méchamment », j'insiste, n'étant là non plus dit pour rien, en ce qui concerne ce disque, en ce qui concerne plus généralement le vilain boucan toxique de La Race. Tenir jusqu'au bout est une torture, oui – un effort, quelque chose comme une confrontation... Mais ils savent toujours y faire, pour qu'on se fasse un point d'honneur à ne rien lâcher, à ne rien rater, pas une seconde. C'est peut-être complètement vil et con, d'ailleurs – ça fait peut-être appel à nos pires instincts de crevards, de gros cons toujours prompts à montrer qu'on est les plus forts, aux plus grotesques aspirations viriles (ce qui ne veut pas dire en passant qu'il n'y ait que des mecs, aux concerts de La Race, tiens... je pense au fond qu'ils s'en foutent, ils s'adressent/se non-adressent à tout le monde pareil, à mon avis). La Race va chercher en nous l'amour stupide, la gloriole veule de la baston en bande, en foule, tout le monde contre tout le monde (et variations). Ou pire, en fait : on dirait que La Race amène tout de suite ça, sans échauffement, qu'en en finisse – avec ladite violence, ledit goût des gnons, l'instinct maso, l'envie de destruction... Tout ça se vaut – et vaut tout le reste.
« Qu'on en finisse », oui – mais en étirant la chose, en l'enfonçant au maximum, donc. Chaque slogan est une plate description. Des « baselines » pour le Néant – façon panneau plastifié, arial et bordure bleus sur fond blanc, placardé sur un mur d'administration. Et qui n'énoncerait que ça : « par là ». Le sens commun, universel, du « c'est au bout que ça cesse ». Enfin ? Un jour, un matin, une nuit, bientôt, dans x temps – au bout des minutes non-indiquées sur la pochette. Coup de boule dans le coccyx... Ça aussi c'est absurde – et ridiculement parlant, évocateur – comme titre. On se demande qui, ce qui va s'abîmer, souffrir le plus dans l'histoire – le front qui va cogner ou l'angle de cul qui va encaisser. C'est quand-même un peu marrant, quand on pense, comme connerie. Oui, on sourit ? … Sauf que ça continue : le son qui tombe – assène, broie, crache, racle le fond des tripes, plus rien à dégueuler de substantiel, alors voilà que ça se met à éjecter directement ses dents et des esquilles osseux, des gravats de corps pétrifié.
Ostinato, ouais. Éternel Retour, sempiternelle remise – mais « ferme ta gueule Zarathoustra », comme disait un autre, dans une autre probable, impossible banlieue. « Drancy »... Ça sonne mal, ce nom – ça m'a toujours passé l'image de tours remisées dans une boucle, au bord d'une autoroute, coincées dans un nœud d'échangeur, sorties, bretelles, zones trop pleines et trop vides. Et puis bien sûr, ça m'évoque d'anciennes très sales histoires – la déportation, le terminal de milliers avant le terminus des camps de la mort. Je ne crois pas que le disque parle de ça, après. De toute façon, encore une fois, il ne parle pas : il aboie, il scande, il râle. Et puis ce nom moche, ça plante le décor – il y a « rance », dedans, et même s'il s'en passe sûrement d'autres, dans cette Zone 3 du RER, on ne retiendra ici que cette malsonnante assonance. Ç'aurait pu en être une autre. Ça ne pouvait être qu'eux, ce truc... Cette chronique est trop longue. J'abrège. Après La Race, il faut – parce qu'après ça tout sonne « de trop ».
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